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CGT, L’ÉCOLE DE LA RÉCUP !

Publie le mardi 18 novembre 2003 par Open-Publishing

CGT : suivisme et récupération. Le Réseau Stop Précarité, au FSE, en a fait les frais.

Lors de la manifestation de clôture du Forum Social Européen, le samedi 15 novembre 2003, à Paris, plusieurs personnes nous ont signalé la présence sur le camion du CCJ-CGT ("les Jeunes" de la Cgt) une banderole imprimée sur laquelle on pouvait lire nettement les deux seuls mots " STOP PRÉCARITÉ".

Si ces deux mots ne sont évidemment pas la propriété exclusive du Réseau Stop-Précarité, pour autant, de par la relative notoriété que nous avons acquise lors de luttes de précaires - tout au moins dans le monde militant - l’utilisation de leur association sur la banderole d’une organisation dont le champ de militance recoupe en partie le nôtre, ne peut avoir d’autre but que de créer volontairement de la confusion auprès de personnes amenées à la découvrir.

Il est évident que, de la part d’un syndicat dont nous n’avons eu de cesse de dénoncer librement et publiquement les carences - et nous continuerons à le faire si nous l’estimons justifié - et dont plusieurs d’entre nous sommes toujours adhérents, ce ne peut être le fruit du hasard.

Il s’agit donc ici, ni plus ni moins, d’une pure action de récupération, de la part d’une sous-organisation de la Cgt qui, connaissant parfaitement notre existence, cherche par là-même à s’approprier, de manière malhonnête et mensongère, le crédit de notre organisation et les actions dont nous pouvons nous prévaloir, notamment notre participation plus qu’active à la victoire de la première grève du Mcdonald’s Strasbourg-St-Denis, en 2002, alors qu’elle-même y a brillé par sa totale absence, comme dans pratiquement tous les conflits d’ailleurs.

L’on sait bien que, depuis, cette sous-organisation - petite bureaucratie dans la grande bureaucratie - à l’exemple d’autres structures internes de la Cgt jusqu’à ses plus hautes instances, exploite dès qu’elle en a l’occasion, en France, en Europe et dans le monde, cette inédite victoire, se targuant d’y avoir été pour quelque chose alors qu’en réalité, il n’en fut rien.

S’il y eut des militants Cgt actifs dans cette grève, et il y en a eu quelques uns, ils n’ont agi que par conviction personnelle et de manière très individuelle. La seule personne qui était clairement rattachée et missionnée par une structure Cgt y a plutôt eu, de l’avis général, une attitude détestable.

(Nous invitons celles et ceux qui s’intéressent à cette grève et à ce mouvement dit de "la révolte des précaires", à se procurer le dernier petit livre publié par ATTAC aux éditions Mille et une nuits intitulé "Travailleurs précaires, unissez-vous !" dans lequel nous signons sur ce sujet précis un chapitre presque épargné par la censure. Je précise que nous n’y avons aucun intérêt financier vu qu’ATTAC ne nous a même pas proposé le partage des droits)

Nous jugeons donc le procédé plutôt minable et pathétique, révélateur de certaines dérives constatées dans ce syndicat, ce qui n’étonnera cependant pas tous ceux qui ne se font plus aucune illusion sur une organisation qui s’est fait une spécialité, tout au long de son histoire, la grande et la petite, à exceller dans cet unique domaine, le suivisme. Combien en ont fait les frais, individuellement et collectivement ? C’est une histoire encore à écrire, bien cachée sous un monceau de propagande.

Pour s’en assurer, dernier exemple en date : il n’y a qu’à se rappeler, il y a à peine quelques années, la façon dont les hiérarques Cgt, dans leur grande majorité, parlaient, avec mépris et goguenardise, du mouvement altermondialiste, pour ne pas rire à les voir aujourd’hui s’y jeter à corps perdu.

Cet incident vient s’ajouter à d’autres, au cours de ce FSE, dont nous avons été, en tant qu’organisation, la cible involontaire.

Comme cette soirée "contre la précarité" organisée, dans le cadre du GLAD, par un individu, délégué syndical Cgt dans le commerce, revendiquant à qui veut l’entendre - peu de monde en vérité - une démarche unitaire et désintéressée alors qu’il est connu pour, au final, n’œuvrer que pour le profit de sa seule et unique organisation, se faisant une spécialité de rafler au passage les recettes éventuelles pour la préparation d’hypothétiques grèves qui ne naissent jamais.

Là, encore, la confusion a été si bien entretenue par ce personnage roublard, professionnel de l’ambiguïté, toujours prompte à s’ériger en victime du prétendu sectarisme des autres, que plusieurs militants, pourtant bien au fait, sont venus nous rapporter qu’ils avaient cru comprendre que le Réseau Stop Précarité était à l’initiative de l’événement. Alors qu’il n’en était rien.

Enfin, notre organisation était invitée à un séminaire ("Les travailleurs et travailleurs précaires et leurs luttes") dont la liste des invités officiels nous avait été communiqué à l’avance pour constater le jour même la présence non prévue à la tribune d’un représentant de la C.E.S*. Jeunes ( !) dont on apprendra de la bouche même des organisateurs qu’il avait été imposé, à la dernière minute, sous la pression, par des membres éminents du FSE.

Toujours les mêmes méthodes de la part d’organisations qui viennent ensuite nous donner de grandes leçons de démocratie.

Agaçant de pathétisme. Toute une histoire. Leur Histoire.

Bernard Hasquenoph Militant au Réseau Stop Précarité

* C.E.S. = Conféfération Européenne des Syndicats