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La formation professionnelle, un enjeu fondamental pour la CGT-Spectacle

Publie le mardi 25 novembre 2003 par Open-Publishing

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-343158,0.html

La formation professionnelle, un enjeu fondamental pour la CGT-Spectacle

La crise des intermittents du spectacle a mis en lumière la forte présence
de la fédération CGT du spectacle dans le secteur de la culture (Le Monde du
5 août 2003). Le syndicat, qui a refusé de signer la réforme du régime
d’allocation chômage du 27 juin, cogère bon nombre d’organismes importants,
comme le Fonds de soutien au théâtre privé, le Centre national de la
chanson, des variétés et du jazz ou encore le Centre national des arts du
cirque de Châlons.

La CGT-Spectacle est d’autant plus attentive à toute réforme du régime des
intermittents qu’elle gère leur formation professionnelle. L’Assurance
formation des activités du spectacle (Afdas) a été créée en 1972 : elle est
présidée en alternance par le président du collège employeurs - Jacques
Peskine, également président de la Fédération des entreprises du spectacle
vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (Fesac) - et par le
président du collège salariés - Jean Voirin, également secrétaire général de
la fédération des syndicats CGT du spectacle.

Cet organisme collecte et gère des budgets très importants : l’Afdas a
réparti en 2002 plus de 106 millions d’euros de fonds, validé plus de 64 000
stages, dont 9 300 concernent directement la formation des intermittents du
spectacle, et a conventionné 5 200 organismes de formation.

Même si les autres syndicats sont représentés au sein de l’Afdas, la CGT y
occupe une place très importante : on comptait en 2002 40 représentants de
la CGT (contre 23 de FO, 22 de la CFDT, 16 de la CGC, 13 de la CFTC, 6 du
CNTPCT et 3 du SIA-UNSA) parmi les titulaires et suppléants des différentes
instances. Le petit syndicat SIA-UNSA n’a pu siéger dans la commission des
artistes interprètes qu’à la suite d’une décision de justice en 1987. Les
autres syndicats se plaignent que la CGT "verrouille" l’Afdas et ne leur
laisse qu’un strapontin. L’enjeu est celui du pouvoir de la CGT-Spectacle -
qui semble fragilisée au sein de la confédération -, mais il est aussi
économique : le financement du paritarisme à l’Afdas représentait, pour
l’exercice 2002, plus de 90 000 euros pour la CGT.

Initialement centrée sur la formation dans les professions du cinéma et du
spectacle vivant, l’Afdas a élargi son périmètre aux métiers de
l’audiovisuel, de la publicité et des loisirs au sens large (parcs de
loisirs, discothèques, jeux de hasard, manèges forains...). Parmi les
principaux "clients" de l’Afdas, on compte l’Institut national de
l’audiovisuel (INA), le Centre de formation multimédia Cifap ainsi que le
Centre de formation professionnelle aux techniques du spectacle (CFPTS), une
association créée en 1974 par les directeurs des théâtres privés et la CGT.

AUX DEUX BOUTS DE LA CHAÎNE

Dans ce dernier cas, la CGT gère donc le budget de la formation à travers
l’Afdas à un bout de la chaîne et, à l’autre, contrôle le centre qui
dispense la formation. Le syndicat est présent dans toutes les instances du
CFPTS, et la très grande majorité des formateurs sont des militants. "Les
stagiaires choisissent ce qui les intéresse", tempère Georges Terrey,
président du CFPS et du syndicat des directeurs de théâtres privés. "Je
n’interviens en rien dans le choix des formateurs", dit-il, en précisant que
"le degré de satisfaction des stagiaires est mesuré de façon régulière, et
il est bon, aussi bien à l’Afdas qu’au CFPTS".

"Les mécanismes de financement n’ont rien d’occulte, mais ils ont été créés
au moment où la CGT avait un quasi-monopole dans le cinéma et les théâtres
privés", souligne Jacques Peskine, qui ajoute que "la position dominante de
la CGT existe dans d’autres branches ou d’autres instances paritaires".
Jean Voirin affirme que "les comptes de l’Afdas sont certifiés par un
commissaire aux comptes et ont récemment fait l’objet d’un contrôle de la
Cour des comptes, qui n’a fait aucune observation. Tout le monde peut voir
qu’il n’y a pas de malversations ; la CGT ne tire pas de subsides de l’Afdas
et, quant à moi, je ne dispense aucune formation dans les centres agréés par
l’Afdas".

Dans tout fonds d’assurance-formation, il existe, selon lui, une dizaine de
centres de formation qui représentent l’essentiel du marché. "La
concentration est pire dans la métallurgie", dit-il. "Nous veillons à ce
qu’il n’y ait pas de marchands de soupe, nous avons d’ailleurs arrêté de
travailler avec certains centres de formation, dont un qui avait été cité
dans un rapport parlementaire sur les sectes", ajoute-t-il.
L’Afdas doit mandater des experts pour évaluer l’équipe dirigeante des
différents centres de formation et assurer un meilleur suivi des stages
conventionnés. Le SIA-UNSA, de son côté, réclame un appel d’offres auprès
d’auditeurs indépendants pour assumer cette tâche.

Nicole Vulser