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Lieberman et le déclin de la démocratie en Israël

Publie le mardi 14 novembre 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

L’arrivée cette semaine de Liberman au cœur du système politique marque le début d’un nouveau chapitre dans les annales d’Israël. Le moment où cela arrive n’est pas neutre car, au cours des 56 années de son existence, la démocratie israélienne ne s’est jamais trouvée à un niveau aussi bas.

de Uri Avnery écrivain israélien, et un fervent activiste pour la paix

Près de 40% d’Israéliens n’ont pas voté lors des dernières élections d’il y a six mois, plus du double de ce qui se passe d’habitude. Depuis, les affaires de corruption se sont succédé. Le Président va bientôt faire l’objet de poursuites judiciaires et être accusé de viol et de méfaits de nature sexuelle. Le Premier Ministre fait l’objet d’enquêtes multiples pour corruption, avec des milliardaires locaux et étrangers. Deux ministres sont déjà en train d’être jugés. Un nuage sombre de corruption flotte aussi sur Ariel Sharon et sa famille. Les Israéliens ont le sentiment général que le groupe au pouvoir est cynique et corrompu, ce qui transparaît dans leur comportement en public.

Même si les politiciens en Israël n’ont jamais été reconnus pour tenir leurs promesses électorales, c’est encore bien pire maintenant et c’est fait au vu et au su du public. Ehud Olmert a fait campagne sur un plan spécifique et détaillé, présenté comme « la convergence ». Maintenant il annonce sans complexes qu’il l’a abandonné. En fait, on se rend compte que son seul objectif est de rester au pouvoir, coûte que coûte. Amir Peretz a bénéficié de nombreux votes car il avait promis une révolution sociale, en prétendant mettre fin à l’oppression contre les faibles et les laissés pour compte, les vieux, les malades, et les sans emploi. Le fossé entre riches et pauvres en Israël est l’un des plus béants qui existent dans le monde industrialisé. Peretz avait aussi promis de travailler pour la paix avec les Palestiniens. Le lendemain même des élections, Peretz a trahi ses promesses de façon ouverte, sans aucune honte et avec une malhonnêteté flagrante. Il obtint le ministère de la défense, persuadé que ce serait le meilleur tremplin pour sa carrière. Il a œuvré sans cesse pour l’augmentation des budgets militaires et, au lieu de la paix, il a été un des principaux artisans de la guerre. Il a aussi violé cette semaine sa promesse de ne jamais faire partie d’un gouvernement dont ferait partie Avigdor Liberman. Quasiment tout le parti travailliste à fait de même, à l’exception honorable de Ofir Pines-Paz, qui a présenté sa démission et dont le poste vacant est brigué par quatre des collègues de Peretz au parti, dont Ehud Barak.

La première action d’envergure de l’équipe Olmert-Peretz a été de faire la guerre contre le Liban et, rajoutant l’injure à la blessure, de bloquer la mise en place d’une commission d’enquête judiciaire pressentie pour faire toute la lumière sur cette débâcle. La guerre a laissé les Israéliens avec un sens profond de détresse, en plus du dégoût provoqué par les trahisons politiques et les affaires de corruption. La démocratie en Israël paraît complètement pourrie, corrompue et incompétente. Cette situation est un terreau pour l’entrée de forces fascistes dans la vie politique d’Israël.

Sur ce, Liberman entre au gouvernement. Il prône le transfert et l’expulsion de tous les citoyens Arabes d’Israël. Il menace l’Égypte de détruire ses infrastructures en faisant sauter le barrage d’Assouan. Il exige l’exécution des Israéliens Arabes de la Knesset pour collusion avec les Syriens et les chefs du Hamas, tout comme Rehavam Ze’evi, dont la mémoire a encore été honorée à la Knesset, proposait le nettoyage ethnique. Le chef du parti d’union nationale, le Général Effi Eytam, tient les mêmes propos inquiétants.

Alors que Liberman, lors de son ralliement au gouvernement Sharon il y a 5 ans représentait un groupe marginal des nouveaux immigrants, c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Liberman, qui rejoint le gouvernement d’Olmert est le chef d’un parti puissant et qui le devient encore plus de jour en jour. Le parti de Liberman est tout à fait différent du parti Kadima et du parti travailliste en décomposition. Il est organisé sur des bases militaires, avec un chef unique et tout-puissant. Sa base majoritaire est formée par les émigrants de l’ex union soviétique, et le parti recrute également dans d’autres partis. Ce parti attire les pauvres et les peu nantis, tout comme le parti bolchevique que Liberman fréquentait en URSS. Rappelons la formule que le bolchevisme moins le marxisme égal le fascisme. Dans un contexte où le système pseudo démocratique déplait aux électeurs, où le sentiment que « tous les politiciens sont des truands » et que « le système est pourri à la base » domine, quelqu’un comme Liberman est un danger réel pour la démocratie.

Un vieil adage prétend qu’Israël ne peut réaliser que deux de ses trois souhaits : Être un état juif, être un état démocratique et tenir tous les territoires entre la Méditerranée et le Jourdain. Israël peut tenir tous ces territoires et être démocratique, au prix de ne pas être un état juif. Israël peut tenir tous ces territoires et être un état juif, mais alors il n’est plus une démocratie. Israël peut être un état juif et démocratique, mais alors il est impossible de tenir tous ces territoires.

Cet adage a été la base de la politique annoncée d’Israël depuis le début. Les arguments principaux de Sharon pour sa « séparation » et d’Olmert pour sa « convergence » étaient exactement cela : Que pour qu’Israël reste un état juif et démocratique il fallait abandonner les territoires Palestiniens occupés à majorité dense de population arabe. L’extrême droite propose une solution qui prétend que les trois souhaits peuvent être exaucés. La solution est le nettoyage ethnique, l’expulsion de toute la population arabe. Comme cette solution est impensable en régime démocratique, il faut qu’il y ait un chef puissant, sous-entendu qu’une dictature flagrante ou déguisée s’établisse en Israël. Bien entendu tout cela n’est pas dit de façon explicite dans les discours actuels, mais pour qui sait entendre, il peut tirer ses conclusions soi-même.

Le phénomène le plus significatif à l’heure actuelle est le manque de réaction du public israélien. Même les Arabes d’Israël restent passifs et sans réaction, ce qui n’était guère le cas lors du « jour de la terre » en 1976 quand les citoyens arabes protestèrent contre l’expropriation de leurs terres, ou lors de l’incident de la Mosquée Al Aqsa en Octobre 2000. Ce manque de réaction rappelle les derniers jours de la République de Weimar.

Peut-être que Liberman ne pourra mettre à exécution son plan. Pour cela il faudrait que les forces démocratiques en Israël se réveillent.

Traduit par Ashoka.

P.S.

Tous ceux qui s’intéressent à la paix feront bien de surveiller l’évolution des activités de Liberman.

http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2661

Messages

  • j’en bave de rire ! la démocratie israelienne serait en déclin ?

    Mais a t’elle jamais existé ?! israel n’a jamais été une démocratie, tout au plus une théocratie, ou une judéo-cratie ne mélangez pas tout .

    Laisser dire qu’israel est une démocratie c’est décrédibiliser le sens et les valeurs démocratique.

    israel n’a jamais rien été d’autre qu’une entreprise coloniale cruelle et barbare, dont les fondamentaux sont éthnique, et l’idéologie, pire encore que l’Afrique du Sud !

    Méditez ce que pense de la démocratie, celui qui n’en finit pas de mourir...ariel sharon !

    Courrier International publie un article qu’il avait écrit en 1983. Ce texte exposait sa vision politique, et jette un éclairage révélateur sur l’action qu’il a menée jusqu’au dernier moment.

    Extraits :

    « Nos grands-parents et nos parents ne sont pas venus ici [en Israël] pour bâtir une démocratie. Tant mieux si elle est préservée, mais ils sont venus ici pour créer un État juif. L’existence d’Israël n’est vraiment menacée que par ceux qui, parmi les Israéliens, ne jurent que par la démocratie et la paix, au risque de saper les fondements de notre État juif démocratique et d’ouvrir la voie à la dictature criminelle d’un État palestinien dirigé par l’OLP. À plusieurs reprises, la déclaration d’indépendance définit clairement la nature de l’État créé en 1948. “Nous proclamons la création d’un État juif en Palestine […], un État juif qui aura pour nom Israël.” Il n’est jamais question d’État “démocratique” ou d’État “sioniste”, mais seulement d’État “juif”, c’est-à-dire de religion juive. Le sionisme n’a jamais prôné la démocratie, mais la création en Palestine d’un État juif appartenant à tout le peuple juif et à lui seul. C’est pourquoi tout Juif de la Diaspora a le droit d’immigrer en Israël et d’en devenir citoyen.

    « Cette contradiction entre le retour à Sion et les fondements de la démocratie est connue depuis longtemps. Aux yeux des Arabes et de leurs alliés, il n’est évidemment pas démocratique d’offrir un pays à des millions d’étrangers contre la volonté de ses autochtones. Imposé par la force par des étrangers qui y ont émigré illégalement, cet État est entré en guerre contre les autochtones, a conquis leurs villes et les a encouragés à partir, quand il ne les a tout simplement pas exilés.

    « […] Dès l’origine, le sionisme n’a pu agir qu’en opposition aux principes démocratiques.

    « […] Permettre aux députés arabes israéliens de décider du sort d’Israël est une illusion dangereuse. Des questions aussi cruciales qu’un retrait du Golan ou l’instauration d’une autonomie palestinienne en Judée-Samarie (c’est-à-dire un second État arabe palestinien après la Jordanie) sont du seul ressort des Juifs, pas des Arabes israéliens. Une application aveugle des principes démocratiques revient à donner raison au nationalisme palestinien. C’est le contraire de la démocratie, c’est un suicide national, un couteau entre les mains de ceux qui, s’ils respectent les intérêts de leur peuple, ne peuvent que devenir nos futurs bourreaux. Nos leaders – Zeev Jabotinsky, Ben Gourion, Golda Meïr et Yigal Allon – ne nous ont pas donné ce droit. »

    Source : Ariel Sharon, “Il n’a jamais été question d’État démocratique”, Courrier international, N° 793, 12 janvier 2006, p. 33

    • Il n’y a que les Européens qui voient encore de la démocratie en Israel et défendent contre toute évidence qu’Israel qui n’a jamais respecté le moindre des droits à l’égard des non juifs,ajoutant au colonialisme le plus dur une colonisation à outrance,basée sur le nettoyage ethnique ,basé sur l’identité religieuse et rien d’autre le fondement d’un état purement juif .Israel n’est qu’une théocratie ?Bien sûr mais allez expliquer cela à l’europe et à l’Amérique que ce n’est pas en se taisant de toute action critique vis à vis d’Israel qu’ils se feront pardonner la shoah.Ce n’est pas aux palestiniens de continuer à payer pour les crimes nazis que l’Europe a enfanté par ses contradictions : d’abord l’antijudaisme chrétien puis l’antisémitisme.Ouvrons les yeux de nos responsables ,agissons pour ne pas avoir sur la conscience d’autres crimes contre l’Humanité,contre l’homme.Une Europe pereuse oubliant les droits élémentaires de l’Homme et des peuples dès qu’on dépasse ses frontières.L’Extrème droite la plus dure au pouvoir en Israel ne gène pas grand monde et surtout ceux qui se disent Philosophes mais Néoconservateurs.
      C’est qu’il n’y pas beaucoup de démocratie dans les pays arabes ,mais il n’y apas de nettoyage ethnique non plus. A quand un vrai etat Démocratique Binational en Palestine ,seul garant de la démocratie.????

      Farouk Sukkarieh

  • Allez faire un tour sur ce fil d’info ! pour ma part je n’ai rien d’autres à ajouter !

    accrochez vous à vos boyaux !

    http://questionscritiques.free.fr/m...

    Pour que cette république bananière, pire que l’Afrique du Sud, cesse de mettre en péril ce que l’humanité à mis tant de temps, de sueur et de larmes, a inscrire dans le calendrier des consciences...!
    A savoir, l’universalité des droits de l’homme, et le droit des peuples a disposer d’eux mêmes !

  • J’observe que finalement ces arabes dont ont parlent telllement n’ont aucun pouvoir en France ! il m’arrive même d’éprouver de la pitié pour eux !!!
    qu’en est t’il de ceux dont on ne parle pas !

    Ce qui m’amuse grace a certain connnards intellectuels communautaires c’est qu’a ne rien branler ont aura ce qu’ont veut !!!

    Et moi en premier lieu je veut qu’ont me débarrasse de cette engeance ........ !

    Vive la France !