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Agent Orange Vietnam : nouveau renvoi de la Cour d’appel de New York

Publie le mercredi 22 novembre 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

Le retournement est encore possible

Au petit matin, les avions arrivaient rangés en dents de peigne sur toute la surface du ciel , épandant un brouillard qui éteignait le soleil. (Extrait de Les neufs fils de madame Thu, nouvelle d’André Bouny)

de André Bouny

Le 30 janvier 2004, les victimes vietnamiennes de l’Agent Orange ont porté plainte contre les compagnies chimiques étasuniennes qui ont fabriqué les agents chimiques déversés durant la Guerre du Viêt Nam. Cette plainte déposée devant le Tribunal de première instance de New York a été rejetée le 10 mars 2005.

Les victimes vietnamiennes ont fait appel de cette décision rendue sous la pression du Département de la justice.

C’est au mois de mars 2006 que la Cour d’appel de New York devait se prononcer sur la recevabilité de la plainte des victimes vietnamiennes de l’Agent Orange rejetée en Première instance. Puis la Cour d’appel a repoussé sa décision au mois d’avril/mai, avant de l’ajourner au début juin 2006, sous prétexte que les compagnies chimiques n’étaient pas prêtent pour leurs arguments oraux.

Puis, un nouveau report des attendus de la Cour d’appel de New York fut annoncé : la décision serait rendue entre le 5 août et le 5 décembre 2006.

Aujourd’hui, on annonce un nouveau renvoi au début de l’année 2007.

On s’achemine bien vers le scénario le plus sombre que j’anticipais dans mes articles du début 2006, celui de reporter sans cesse la décision de façon à ce que le calendrier consume les derniers juges démocrates submergés par les juges républicains nommés durant les douze années des trois mandats du gouverneur républicain de l’Etat de New York, George Pataki.

Sauf qu’aujourd’hui l’Etat de New York vient de basculer dans le camp démocrate avec l’élection d’un gouverneur dit « incorruptible », Eliot Spitzer, qualifié de « terreur » de Wall Street.

La juge en chef de la Cour d’appel de New York, Judith S. Kaye, 68 ans, rescapée de l’ère Pataki et sortante en mars 2007 (date butoir de ses 14 années d’exercice), pourrait bien être reconduite pour 2 ans puisque la loi n’impose la retraite qu’à partir de la 70ème année échue (à l’exception de la Cour suprême où les juges sont nommés à vie).

Et si le calendrier se retournait à l’avantage des victimes de l’Agent Orange comme l’arroseur arrosé ?

Hier, Bush, Cheney et Rumsfeld faisaient la pression sur le Département de la justice pour que les victimes vietnamiennes de l’Agent Orange ne soient pas dédommagées. A son tour, le Département de la justice mettait la pression sur la Cour d’appel de New York via George Pataki gouverneur républicain de l’Etat de New York.

Mais aujourd’hui, après les élections de novembre 2006, Bush, Cheney et Rumsfeld refroidis et Eliot Spitzer à la tête de l’Etat de New York, la situation a changé. Désormais, il manque un relais entre le Département de la justice et la juge en chef de la Cour d’appel de New York qui est aussi chef de la justice de l’Etat de New York. Le temps passé à attendre l’élimination de certains juges sans que la Cour d’appel ne se prononce contre les victimes vietnamiennes, alors que tout la poussait à le faire, laisse une nouvelle espérance. Certes, les juges républicains dominent maintenant cette Cour d’appel, mais coupés de toute pression venant du sommet (ce qui reste à prouver compte tenu de l’importance de l’affaire) et en conscience, rien ne prouve qu’il existe une grande différence d’appréciation entre un juge démocrate et un juge républicain. Si la Juge en chef garde toute sa capacité à convaincre ses juges associés ou bien demande une délibération en assemblée restreinte, ce qu’elle a le droit de faire, tout est encore possible et l’espoir est permis.

André Bouny, père adoptif d’enfants vietnamiens, président du « Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et au procès de New York » (CIS)

Messages

  • Espérons que le gouvernement vietnamien, qui vient d’entrer à l’OMC, ne subisse pas trop de pressions afin d’enterrer le dossier.

    La seule visite de Bush sur le sol vietnamien est, à mes yeux, une insulte aux victimes.

  • J’ai passé le mois d’octobre à visiter tout le Viet-nam, de Ho Chi Minh Ville (ex Saïgon) à la frontière chinoise.

    Je suis notamment passé dans des zones qui avaient été recouvertes par ce défoliant : presque 50 ans après, la terre est toujours stérile ... Les vietnamiens arrivent à faire pousser un peu d’herbe, qu’ils font brûler, et aussi des rangées de tout petits arbustes de 20 cm. Je pense qu’il faudra plusieurs siècles pour que la nature, pourtant si généreuse là-bas, reprenne ses droits.

    Il est évident que l’eau des rivières ou des puits doit être contaminée en permanence, et pourtant toute une population agricole vit encore là-bas, dans les zones proches en apparence épargnées.

    Le souvenir que je garderai toute ma vie de ce peuple qui a tant souffert est son extrême gentillesse, son accueil et tous ces sourires que l’on vous adresse, de 7 à 77 ans. Les Vietnamiens sont tournés vers l’avenir, et ils ne cultivent pas la rancoeur, mais il faut les aider pour que justice soit faite.

    Raymond

    • Le défoliant qui a été répandu sur le nord Vietnam constitue non seulement un crime de guerre, mais aussi un crime écologique. Cet agent orange a été fabriqué par la firme Monsanto, la même qui veut aujourd’hui imposer les OGM. 

      William

    • Etant lié au Vietnam (ma femme est vietnamienne) depuis plusieurs années, plus que la flore sacrifiée c’est surtout la rencontre avec des familles touchées par l’agent orange qui m’a retourné.

      Bien sûr, les victimes ne sont pas visibles aux touristes : elles ne le sont pas des vietnamiens eux-mêmes.

      En effet, pour parfaire ce tableau d’une tristesse incommensurable, la plupart des parents d’enfants handicapés le vivent comme une honte et s’excluent d’eux mêmes de la société.

      Quelques autres, considèrent comme normal le don de soi (et de toute sa descendance) pour la communauté, du plus grand nombre. Ce qui donne un aperçu de leur conscience politique... Il s’agit de ne pas les oublier, et ce travail est de dimension internationale : ces héros anonymes ont su montrer l’exemple à l’ensemble de l’humanité en repoussant les impérialistes occidentaux pour tenter de créer un monde plus égalitaire, plus humaniste.

      J’encourage tout le monde à signer la pétition du collectif :

      http://www.petitiononline.com/AOVN/petition.html

      Pour ceux qui veulent faire plus, il est possible de soutenir le "village de l’amitié" de Van Canh :

      " Le Village de l’amitié " de Van Canh a été ouvert en 1994, à une dizaine de kilomètres de Hanoï, par l’Association Républicaine des Anciens Combattants ARAC (France) et d’autres associations d’Allemagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne et Japon.

      Son objectif est d’aider, soutenir et héberger des enfants et des adultes victimes de l’effet du défoliant appelé " l’agent orange " (Dioxine), déversé sur les campagnes et les forêts vietnamiennes pendant la guerre.

      L’ARAC a contribué à construire huit pavillons, un dispensaire et un centre d’éducation et de loisirs à Van Canh.

      Dans le cadre du " Village de l’amitié " qui héberge actuellement 140 enfants et adultes handicapés pour une durée de 3 mois à 2 ans, le projet porte sur trois actions nouvelles :

       améliorer le traitement des syndromes déficitaires sensoriels lourds, par la fourniture d’appareillage et de techniques éducatives, dans une clinique de rééducation orthopédique,

       aider les familles et les communautés concernées, favoriser la prise en charge psycho-sociale et la réinsertion des handicapés, en créant un centre de consultation,

       propager une " culture de la paix " et de solidarité en associant toutes les victimes de la guerre et les populations civiles aux anciens combattants.


      LE VILLAGE


      Objectifs

      Des anciens combattants français, allemands, britanniques, américains et japonais ont choisi la terre du Viêt-Nam ravagée par des décennies de souffrances, de violence et de guerre, pour réaliser concrètement leur idéal de paix et de fraternité dans un lieu qui doit devenir symbole de réconciliation et de solidarité.

      En accord avec leurs camarades, les vétérans vietnamiens, ce symbole a pris la forme du Village de l’Amitié, implanté à Van Canh, à quelques kilomètres d’Hanoï, qui accueille des enfants et des adultes victimes de la guerre ; à la demande des autorités vietnamiennes, le Village de l’Amitié a été orienté plus particulièrement vers l’accueil des victimes de l’ " agent orange " , ce défoliant répandu à profusion lors de la guerre menée par les américains et dont les effets se prolongent sur plusieurs générations.

      Le Village de l’Amitié doit devenir ainsi une institution de référence pour tous les établissements recevant des victimes de l’ " agent orange ", se préparant à recevoir les cas les plus lourds dans des conditions optimales et ceci en liaison permanente avec recherche et de soins spécialisés.


      Réalisation du projet

      Ce projet qui semblait utopique est devenu une réalité ; 8 pavillons sont actuellement construits ; ils accueillent 140 enfants et adultes ; un centre de santé animé par des médecins vietnamiens permet de faire un diagnostic de chaque cas en essayant de trouver la médication la mieux adaptée, en assurant les soins courants et en cas de besoin l’appareillage.

      Le Village de l’Amitié est un vrai village vietnamien, ouvert, étroitement associé au village voisin de Van Canh ; il est entouré de cultures maraîchères et de vergers ; il possède un jardin de plantes médicinales et des espaces de jeux et de promenade.

      Le coût total de la construction du Village de l’Amitié est estimé à 2,5 millions de dollars ; les différents comités nationaux qui œuvrent pour la réalisation du village ont déjà réuni près de 975.000 $ ; les gouvernements allemand et français se sont aussi associés à la réalisation du projet.

      Le Comité Français pour la Construction du Village de l’Amitié au Viêt-Nam est une association française de la Loi de 1901, déclarée le 24 juin 1992, et reconnue par l’UNICEF.


      Une contribution au développement de la recherche sur les effets de la Dioxine.

      L’exposition des vietnamiens, notamment du Sud, à l’agent orange, a été massive ; c’est un des problèmes majeurs du Vietnam d’aujourd’hui. Il s’agit de prendre en charge les victimes sous le triple aspect médical, psychologique et social, la tâche est énorme car il y a probablement entre 700.000 et 800.000 victimes.

      A son niveau et avec ses moyens, nécessairement modestes face à l’ampleur des besoins, le Village de l’Amitié peut s’associer aux efforts entrepris pour évaluer, analyser et soigner les effets de la dioxine, proposer des méthodes simples, adaptées aux possibilités des villages et des familles, reprenant, par exemple, les préceptes d’une médecine séculaire.

      Le Village de l’Amitié commence déjà à accueillir des chercheurs de toutes disciplines, des médecins, des biologistes, des enseignants, des spécialistes de la rééducation de la réadaptation, des psychiatres.
      Le Village a aussi accueilli des délégations internationales, des journalistes et des reporters de télévision qui doivent sensibiliser l’opinion publique et provoquer la prise de conscience de la gravité des maux dont souffre encore le Vietnam et qui doivent aussi nous aider à trouver les moyens humains et financiers pour s’attaquer résolument à ces problèmes.

      Les résultats déjà obtenus au Village de l’Amitié sont encourageants. Des progrès sont réalisés patiemment chaque jour ; la joie des enfants soignés au Village montre que ce qui paraissait au départ un projet chimérique est devenu une contribution tangible aux efforts contre la violence et la guerre. Cette progression est le résultat des efforts constants de tous les comités nationaux associés à la réalisation du Village.

      Pour vos dons :

      Adressez les au siège du Comité pour la Construction du Village de l’Amitié à Van Canh 2 place du Méridien - 94807 Villejuif Tél. : 01.42.11.11.14

      Compte bancaire n° 0813-1993 A CFCVAV à la BNP Louis Aragon - Villejuif.

      arac@arac-et-mutuelle.com
      Association loi 1901 - Publication au J.O. du 24.06.1992
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