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Manifeste progressiste pour la langue francaise

Publie le lundi 15 janvier 2007 par Open-Publishing
22 commentaires

Manifeste progressiste

pour la défense

de la langue française

Georges Hage, député du Nord, doyen de l’Assemblée nationale,

et Georges Gastaud, philosophe, auteur de la Lettre ouverte aux bons Français qui assassinent la France (Temps des cerises, 2005)

et 145 militants politiques et syndicaux, anciens résistants, écrivains, ouvriers et employés, artisans, étudiants, écrivains, enseignants, ingénieurs, chercheurs…

appellent les travailleurs manuels et intellectuels, les étudiants et les démocrates à la résistance sociale, politique et… linguistique !

Défendons

la langue française

contre la langue,

la pensée, la politique

et l’économie uniques !

Si incroyable que cela paraisse, la langue de Molière et de Racine, de Descartes et de Pascal, de Diderot et de Rousseau, de Victor Hugo et de Rimbaud, de Proust et d’Aragon, de Jeanne d’Arc et de Louise Michel, de Prévert et de Brassens, de Lavoisier et de Langevin, de Piaget et de Lacan, d’Aimé Césaire et de Mouloud Feraoun, la langue dans laquelle furent écrits le Discours de la méthode et la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, la langue native de la Marseillaise et de L’Internationale, la langue française est en danger.

Non seulement elle est de plus en plus privée des moyens nécessaires à son rayonnement international, mais elle est assiégée en France, en Europe et dans nombre de pays francophones par des groupes politiques, économiques et idéologiques liés au grand patronat ; c’est que ainsi le Baron Seillière, l’ex-patron du MEDEF devenu président de l’UNICE (le syndicat patronal européen) a fait officiellement part à Bruxelles de sa décision de promouvoir l’anglais comme unique « langue des affaires et de l’entreprise » ; relayant ce choix patronal, des forces puissantes, qui ont la haute main sur la direction de l’UE, s’acharnent à faire de l’anglais la langue officielle unique de l’Europe des 30. En France même, cer-tains états-majors du CAC 40 communiquent en anglais « à l’interne »… en attendant de pouvoir imposer la chose à l’ensemble de leur personnel !

Le français est menacé par l’industrie américaine de la chanson et du spectacle qui impose ses normes unilingues jusque dans les titres jamais traduits des films made in Hollywood avec l’objectif d’unifier linguistiquement le marché mondial de la culture et d’en éliminer les productions non anglophones.

Le français est menacé par une bonne partie de la « France d’en haut », qui répudie la nation républicaine, déchire son « modèle social » et vomit tout ce qui évoque les luttes passées et présentes pour une République sociale, laïque et démocratique. Fascinée par ce que le monde anglo-saxon a de pire, cette « élite » méprise son peuple, coupable de garder au cœur l’héritage des Lumières et de la Révolution, de la Commune et du Front populaire, de la Résistance et de Mai 68 ; en adoration devant l’Europe supranationale et la mondialisation néo-libérale, ladite « élite » veut anéantir tout ce qui, de la langue nationale à l’histoire commune, permet aux travailleurs et aux citoyens de s’unir pour résister au néolibéralisme prédateur.

Le français est menacé par un Conseil constitutionnel qui autorise les transnationales à submerger le marché français de produits dont l’emballage et le mode d’emploi sont exclusivement rédigés en anglais.

Le français est menacé par un Conseil Supérieur de l’Audiovisuel complaisant, qui laisse les chaînes publiques et privées ignorer la création française et internationale non anglophone tout en multipliant les publicités en anglais destinées à la jeunesse.

Le français est menacé par la direction de l’Education nationale qui réduit les horaires de français, marginalise les langues anciennes et régionales et qui impose de fait l’anglais utilitaire comme unique langue étrangère première.

Le français est menacé par le snobisme de ceux qui cherchent à se placer au-dessus de leur peuple en faisant parade de ce qu’ils croient être de l’anglais et qui n’est en fait que du globish ou pire, du franglais, ce sabir qui ridiculise ceux qui l’emploient auprès des vrais anglophones. Le français est menacé par l’aliénation de nombreux consommateurs qui n’écoutent que de la chanson anglo-saxonne et qui ignorent tout ce qui se crée dans les parties non anglophones du monde.

Le français est menacé par des mouvements séparatistes qui prennent prétexte de la défense des langues régionales (lesquelles peuvent jouer un rôle, à côté du français, pour résister à l’uniformisation culturelle) pour promouvoir « l’Europe des régions » au détriment de la République une et indivisible.

Cette menace n’est pas seulement linguistique : elle est idéologique et politique puisqu’elle sape ces valeurs progressistes que sont la souveraineté des peuples, la liberté de pensée, la pluralité des cultures, l’attachement au progrès social, la coopération pacifique entre peuples égaux : ainsi, laisser assassiner le français, et avec lui la littérature, le théâtre, la philosophie, la chanson, le cinéma et la science d’expression française, c’est capituler devant l’idéologie insidieusement totalitaire de la mondialisation néo-libérale qui règne encore plus « naturellement » quand elle est portée « spontanément » par la prétendue « langue de l’avenir ».

Quand demain tous les jeunes Français ne baragouineront plus que le basic english à l’entreprise, quand ils ne répondront plus dans nos rues qu’en globish aux étrangers européens (auxquels on n’enseignera plus dans leurs pays que cet idiome en guise de langue étrangère), le français sera réduit au rôle de langue domestique ; l’heure aura sonné de son extinction ou de sa momification sous la forme d’une langue morte, dite « de culture », réservée à cette même « élite »… qui l’aura assassinée ! Que restera-t-il alors de la France et de l’idéal républicain qui l’inspire depuis deux siècles ? Quelle déchéance, quelles humiliations subira alors, cette majorité de Français et d’immigrés qui continueront à parler français en France, soit par choix, soit parce que leur situation sociale les exclura de tout accès au nouveau code mondialisé de la domination ?

Mais ce n’est pas seulement pour défendre le peuple de France et la francophonie, gravement menacée en Wallonie, en Suisse romande, au Québec, etc., qu’il faut que se développe un mouvement populaire de défense du français. Si le français, l’une des langues les plus « reconnues » au monde, est attaqué en France même, quelle autre langue n’est-elle pas en péril de mort, notamment dans le tiers-monde ? A travers le français, c’est le droit à la différence culturelle, politique et idéologique que met en cause mondialement une entreprise totalitaire qui menace l’humanité d’un appauvrissement sans précédent. D’ailleurs, la langue anglaise et ses prolongements américains périraient à leur tour si le français finissait par sombrer ; car le globish est moins une langue, porteuse d’histoire, de poésie, de sentiments, de pensée, d’expérience humaine en un mot, qu’un code commercial idéologiquement chargé dont le rôle insidieux est de normaliser le marché des idées.

C’est pourquoi nous appelons notre peuple et sa jeunesse à la résistance linguistique.

Cet appel s’adresse d’abord au monde du travail, car l’éviction programmée du français de la sphère économique prépare et accompagne le démontage de l’industrie nationale, des entreprises nationalisées et des conquêtes sociales. Notre appel s’adresse donc aux travailleurs salariés, à leurs organisations politiques et syndicales, dont certaines mènent déjà l’action collective contre les tentatives d’évincer la langue française de la communication interne des entreprises.

Le présent appel interpelle les jeunes, « précaires », chômeurs, étudiants, lycéens, qui ont montré leur capacité de résistance sociale et idéologique, mais qui restent la cible privilégiée des ennemis de notre héritage linguistique.

Le manifeste s’adresse aux agriculteurs, artisans, petits commerçants et membres des professions libérales dont la responsabilité est d’obliger les marques à respecter la clientèle francophone et à travers elle, l’existence même d’un marché national et local dont dépend l’existence même de la petite et moyenne entreprise.

Le manifeste interpelle également les intellectuels, enseignants, chercheurs, ingénieurs, créateurs, écrivains, journalistes, producteurs d’émissions audiovisuelles, qui ont la charge de transmettre notre héritage en l’ouvrant sur l’avenir. En particulier, nous demandons aux chercheurs de publier et de communiquer en français, a fortiori s’ils exercent leur métier en France, quitte à exiger de l’Etat qu’il fournisse les moyens nécessaires pour traduire et de diffuser, si nécessaire, les articles scientifiques en anglais.

Nous interpellons aussi les travailleurs immigrés qui nous font l’honneur de vivre en France, de parler français ou d’apprendre cette langue. Pas plus que nous n’opposons la défense du français à la langue anglaise en tant que telle, nous n’opposons le français aux langues arabe, berbère, swahili, wolof, etc. : certes, le français est, ou a pu être utilisé comme une arme de ségrégation par les colonisateurs et certains Etats néo-coloniaux ; par principe, nous soutenons donc tout effort visant à permettre aux peuples anciennement colonisés d’étudier, d’écrire et de créer dans leurs langues maternelles respectives ; nous ne sommes pas non plus hostiles aux efforts pour diffuser une langue internationale indépendante telle que l’espéranto. Mais d’abord, ce n’est pas la langue française qui est coupable de l’usage qu’en ont fait les colonisateurs ; et aujourd’hui, ce n’est pas le français, lui-même assiégé par l’anglo-américain, qui menace la diversité linguistique dans le tiers-monde ! Au contraire, il nous est insupportable que le « l’usage domestique » du français serve de critère au ministre de l’Intérieur pour chasser de France des familles africaines pauvres… alors que le pouvoir en place laisse les conseils d’administration de grandes sociétés françaises (et même de certains états-majors militaires !) se tenir en anglais sur notre sol !

Nous appelons aussi les citoyens étrangers épris d’humanisme à soutenir notre action ; cela concerne ceux qui pratiquent le français, ceux qui, sans parler français, veulent défendre une langue qui appartient au patrimoine de l’humanité, ceux qui voient dans la défense du français un rempart contre la langue mondiale unique.

Enfin, nous invitons les amoureux de l’Europe des échanges culturels à défendre le français sans confondre la « construction européenne », triste résultat des traités néo-libéraux et supranationaux, avec le projet universaliste initialement porté par l’« Europe des Lumières ».

Pour défendre le français, les signataires du présent manifeste constitueront un Collectif populaire de résistance linguistique ; il recensera, analysera et dénoncera les agressions politiques, économiques, publicitaires, médiatiques, contre la langue française (il ne s’agit pas de pointer les « fautes de français », la création verbale, les parlers régionaux ou argotiques… nous ne sommes pas des puristes !).

Il proposera et promouvra des expressions françaises là où la domination commerciale des Etats-Unis impose des expressions américaines.

A partir de son objet propre, ce Collectif interviendra auprès des travailleurs en lutte contre les délocalisations et les dénationalisations... De même, dans l’esprit unitaire du 29 mai 2005 (date du référendum qui permit au peuple français de refuser la constitution européenne), ce Collectif interviendra de manière non politicienne dans les débats sociaux, politiques, culturels et sociétaux. Il soutiendra toute action visant à empêcher l’anglo-américain de s’ériger en langue unique « des affaires et de l’entreprise ». Il interpellera et au besoin, dénoncera, les décideurs politiques, économiques, médiatiques, qui « accompagnent » le déclin planifié du français.

De même, ce comité militera-t-il pour que la francophonie, d’outil néo-colonial qu’elle fut (et reste pour une part ?), devienne un outil international de résistance en alliance avec tous les peuples qui veulent défendre leur langue sans opprimer d’autres groupes linguistiques.

Le comité dénoncera les publicités en anglais, exigera que les titres des films américains soient, sauf cas particuliers, traduits en français ainsi que la dénomination et le mode d’emploi de tout produit importé ; il pourra appeler au boycott des marques et des magasins qui privilégient l’anglais dans leur intitulé ou leur communication en direction du public francophone.

Le comité exigera également que l’enseignement des langues étrangères, mais aussi, celui des langues régionales et des langues anciennes, soit élargi et diversifié à l’école, dans le Second degré et à l’Université.

Enfin, le comité militera pour que l’enseignement du français soit rétabli dans toute sa force, car la maîtrise par tous de la langue nationale est la clé de la citoyenneté.


Je soutiens ce MANIFESTE – à renvoyer à Georges Gastaud, 10 rue Grignard, 62300 Lens

NOM/PRENOM
QUALITE
ADRESSE POSTALE ET INFORMATIQUE
SIGNATURE SOUSCRIPTION

PS/ pour mesurer le siège que subit la langue française, il est conseillé de lire le livre de Cl. Hagège, Combat pour le français (O. Jacob 2005) ainsi que le compte-rendu de ce livre dans Initiative communiste sous la signature de Vincent Flament, juillet 2006 (199 rue Zola, 62800 Liévin).


Assemblée générale des signataires, samedi 3 février 2007 à 16 h précises

à l’Assemblée nationale, Paris 7ème

Entrée au 126 rue de l’Université. Se munir d’une carte d’identité et de cet Appel. Exactitude de rigueur !

contact Georges Gastaud, 10 rue Grignard, 62300 Lens, gg.ic@wanadoo.fr

Messages

  • Face à l’uniformisation culturelle, il faut jouer toutes les langues ensemble face à la menace anglosaxonne induite par la mondialisation ultra liberale.Et il ne faut surtout pas jouer le français seul contre tous comme c’est souvent le cas dans la gauche française.

    Il faut aussi developper les langues régionales sinon comment justifier l’exception culturelle française garante de la pluralité culturelle ?

    òme d’Oc

    A voir :
    http://gardaremlaterra.free.fr/

  • Si on ne savait pas comment nos langues régionales ont été tuées, maintenant tout le monde connaît le processus, que je crains irréversible. C’est toujours parti d’en haut, qui de langue maternelle, devient un patois, puis un parler vulgaire, grossier, qu’on finit par étouffer, grâce au chantage. Ex. pour passer un concours administratif, entrer dans telle école, etc...

    Et dans pas longtemps, on vous dira, comme notre bon roi d’antan (Louis XIV, je crois) pour la suprématie du français, que l’anglais est notre bonne langue maternelle. Je suis pratiquement sûre que Bruxelles nous pondra d’ici peu cette ineptie.

  • Je ne signerai pas ce manifeste si son titre s’arrête à la langue française parce qu’il ne prend pas suffisamment en compte le fait que la langue française subit aujourd’hui ce que l’Etat, monarchique puis républicain, en lien avec les classes dominantes et plus particulièrement les puissances financières, a fait subir aux langues historiques de l’hexagone ; elles restent sous le coup de leur interdiction officielle dès le XVIème siècle par l’édit de Villers-Cotterets qui fait toujours partie du droit auquel se réfère le Conseil Constitutionnel se réfère pour entraver le traitement des langues sur un pied d’égalité avec le français, tardivement proclamé langue officielle de la République, sans mention garantissant la sauvegarde et la promotion de la riche diversité linguistique qui imprègne un grand nombre de régions ; de l’occitan (lui-même bariolée dans ses parlers) au breton, en passant par le catalan, le basque, l’alsacien, le flamand, le franco-provençal, le corse, sans parler des créoles et autres langues parlées dans les collectivités publiques de la République outre mer et leurs ressortissants venus travailler dans l’hexagone , ce fonds véritablement multilingue (s’ajoutant à ce qui reste de diversité dialectale du français) donne à une majorité de citoyen-ne-s une capacité de parler et d’écrire bien plus importante que celle d’un monolinguisme français (ce plurilinguisme sous-jacent, même quand il est méconnu, voire nié, est une clé de la créativité littéraire en français)...

    Bien sûr qu’il est tout à fait scandaleux que l’anglais soit utilisé (pas seulement en fond sonore de clips télé) et dans la publicité et comme langue de communication à l’intérieur de sociétés françaises en France ; en tant qu’expert socio-économique travaillant dans un cabinet spécialisé dans l’assistance aux CE il arrive que je sois confronté des documents juridiques et économiques en anglais alors même que la tête de groupe est bien dans la République française, preuve de l’échec de l’art 2 et de la loi Toubon face à la généralisation de l’anglais qui était affiché comme leur finalité première. Mais il n’est pas moins scandaleux que l’initiation à la langue hisorique du "pays" où vivent les enfants ne soit pas systématique dès la maternelle (et même dans les crèches ), alors que la transmission familiale a été pratiquement éradiquée par des méthodes donnant la honte de la langue maternelle autre que le français, prétendant qu’elle est inutile ou d’usage strictement local ( François Mauriac citait ainsi un adverbe occitan en prétendant qu’il ne se parlait qu’à quelques lieues de son domaine girondin alors qu’il est utilisé de l’Aquitaine Atlantique aux Alpes fi <dif, de la Méditerranée et des Pyrénées à la Haute Auvergne) ; l’exacerbation des différences localistes a été une politique de l’instruction publique dès le début u XIXème siècle...

    Les propos de Jean Jaurès (lui-même assez érudit en littérature d’oc depuis les troubadours et occitanophone y compris dans les réunions politiques publiques en pays occcitan) sur l’importance de la place à donner aux langues "régionales" dans l’éducation sont très généralement occultées (voir quelques pages méconnues sur le site http://gardaremlaterra.free.fr) : pour bien apprendre le français à un enfant vivant en terre occitane et l’ouvrir à un véritable multilinguisme, il faut lui donner la chance d’un bilinguisme naturel occitan-français (naturel parce que l’occitan est toujours présent dans les noms de lieu, de famille, l’histoire locale etc) et il est tout à fait inadmissible que, mettant en oeuvre les orientations des chefs d’Etat et de gouvernement lors du conseil européen de Barcelone, la loi FILLON institue l’obligation d’une initiation à une langue vivante étrangère dans le cycle primaire alors qu’elle ne fait pas place, comme pilier d’un bilinguisme précoce, aux langues historiques de France autres que le français. Pour moi, c’est dans chaque bassin de vie de tout l’espace géographique imprégné d’une de ses langues que l’on devrait trouver, au-delà d’une initiation générale obligatoire, une filière complète, de la maternelle à la terminale, où cette langue soit langue d’enseignement et pas seulement langue enseignée comme option secondaire. Il faut que les possibilités d’étudier chacune de ces langues soient au moins aussi développées que celles d’apprendre l’anglais...

    Je pourrais encore développer sur la place à donner à ces langues dans l’usage public (en particulier signalétique des routes, rues et lieux publics des territoires concernés) ou dans les médias (notamment radio, télévision,internet...) : en matière de chansons, par exemple et notamment, des quotas maximaux pour anglais et minimaux pour les langues de la République (tenant compte de la langue historique du territoire de diffusion) mériteraient d’être instaurés, en particulier durant les heures de forte audience.

    Bref, comme le demanderont plusieurs milliers de manifestants le 17 mars à Béziers pour l’occitan (nous étions plus de 10 000 le 22 octobre 2005 à Carcassonne), on ne peut pas se battre pour le français face à l’anglais sans exiger que les langues de la République autres que le français aient pleinement droit de cité : si des tenants de la défense du français à l’image de certains académiciens continuent de considérer les autres langues historiques de l’hexagone comme dangereuses pour le français, ou à négliger que l’anglais n’est pas le seul porteur de la logique du libéralisme financier, il ne faudra pas s’étonner que de plus en plus de jeunes préfèrent arborer une "camiseta" arborant "made in Occitània" au lieu de "aux langues, citoyens !"... Enfin il serait temps d’imaginer que dans une économie mondialisée, la régulation démocratique par des politiques demande à la fois plus d’autonomie au niveau de véritables régions proches des citoyens (cf par exemple la Generalitat de Catalunya) et des institutions européennes et mondiales reposant sur le peuple européen ou sur le peuple de la terre plutôt que sur la seule représentation par des Etats qui sont, y compris le plus puissant milititairement et économiquement, largement sous la coupe de puissances financières exerçant déjà un pouvoir transnational...

    Donc d’accord pour les revendications tendant à éviter une hégémonie linguistique de l’anglais (ce qui ne signifie pas une négation de l’anglais comme langue fonctionnelle de communication internationale) à l’intérieur de la Républlque française à condition que celle-ci reconnaisse pleinement et réellement que son unité n’implique pas centralisme étatique et monolinguisme. Dans ce sens il faut en particulier modifier l’article 2 de la constitution pour préciser que le français est la langue officielle commune de la République, dans le respect de la sauvegarde et de la promotion de ses autres langues historiques pour garantir en son sein les richesses d’une diversité linguistique vivante s’inscrivant dans l’exercice des droits fondamentaux universels.

    • En réponse à 87.240 du 15/01 à 23h27,
      je voudrais dire ceci :

       sur la loi Toubon d’abord :

      une loi n’agit pas par elle-même, par une opération du Saint-Esprit.
      Pour qu’elle agisse, il faut l’utiliser. Si vous constatez qu’elle est enfreinte, portez plainte en justice ou rapprochez vous de vos syndicats pour entamer une action. Se plaindre et attendre ne suffit généralement pas.

       vous dites aussi "ce qui ne signifie pas une négation de l’anglais comme langue fonctionnelle de communication internationale"
      Eh si, bien sûr. Car reconnaître l’importance et la place de l’anglais comme langue internationale unique revient à reconnaître l’infériorité et l’inadaptation de toutes les autres langues. Et revient à faire de tous ceux qui ne sont pas anglophones natifs des citoyens de seconde zone.

       d’accord pour renforcer l’enseignement et la situation des langues régionales, mais attention à ne pas jouer le jeu très dangereux et ambigu de nombreux défenseurs de ces langues, qui n’hésitent pas à promouvoir l’anglais contre le français, pour se venger de l’Etat français qui a presque éradiqué ces autres langues de France.

       ce n’est pas en poussant au tout-anglais en Europe et dans le monde, en appelant à la régionalisation de l’Europe et à la disparition des Etats, que les langues régionales seront forcément renforcées.
      Souvenez-vous des tribus d’Italie qui ont fait appel à Rome pour les aider contre les Grecs, et que Rome a également conquises et annexées.
      Compter sur l’anglais pour protéger les langues régionales est un mauvais calcul, quand l’anglais sera la langue officielle unique de l’Europe, les langues régionales ne se porteront pas mieux pour autant.

       il est important de chercher des solutions pour construire une véritable démocratie linguistique. L’utilisation d’une langue internationale alternative neutre politiquement, comme l’espéranto, non seulement n’est pas à exclure, mais est même à encourager explicitement.
      Pour le droit à chacun à une communication équitable, l’Europe démocratique passe par une démocratie des langues.

       je soutiens donc le Manifeste progressiste pour la langue française, et pour la démocratie linguistique.

  • première leçon (à compléter) de rééducation linguistique

     on ne dit pas charges sociales mais cotisations sociales

     on ne dit pas acquis sociaux mais conquêtes sociales

     quand on parle des habitants des etas-unis, on ne dit pas américains mais étatsuniens

     on ne dit pas tsahal mais, au choix, armée sioniste, troupes coloniales, ...

     on ne dit pas la gauche quand on parle du parti socialiste

     on ne dit pas flexibilité mais surexploitation

     ni flexisécurité mais surexploitation honteuse

     on ne dit pas bravitude mais on ferme sa gueule

     on appelle les gens par leurs noms : galouzeau de villepin, sarkozy de nagy bocsa, marine nazionale, françois mimolette...

     on ne dit pas les medias, mais le PPA (le parti de la Presse et de l’Argent)

     on ne dit pas fête du Travail mais fête des Travailleurs

     on ne dit pas CFDT, mais comme le veut notre tradition : les jaunes

     on appelle un chat un chat

     on ne dit pas banlieue mais quartier populaire

     on ne dit pas les... tu sais quoi... enfin... les beurs quoi... mais les arabes

     on ne dit pas ben laden mais retraité de la CIA

     on ne dit pas philosophe quand on parle de finkielkraut

     on ne dit pas finkielkraut sauf sous la torture

     on ne dit pas classe moyenne mais petite bourgeoisie

     ...

    • Très drole 83.***.234.** !!!

      Mais sinon pour revenir à l’article ;

      Je me rappelle très bien que juste après mon diplome , j’ai pas été retenu
      par une entreprise d’informatique de marne la vallée par je ne parlais pas couramment
      l’anglais. (bon en fait je parle anglais comme une truie hongroise)
      Dans cette entreprise, il y a 15 ans, tout le monde était obligé de parler en anglais,
      même entre collègues pour les relations professionnelles, car les cadres étaient majoritairement anglophones.

      Actuellement, pour la documentation en entreprise,
      c’est même plus la peine d’en parler (sans jeu de mot)

      Mais je ne soutiendrais pas ce manifeste car trop de gens voient dans la langue une
      forme de possession, d’identité qui les opposent aux autres.

      Le français disparaitra comme le latin, comme toutes les civilisations ont disparues.
      Mais l’usage de la langue anglaise telle qu’elle est pratiquée ne correspond pas à une
      influence culturelle.

      En fait, l’appauvrissement culturel ne vient pas de l’anglais lui même, mais de la restriction
      de l’usage de la langue au seul usage professionnel ou commercial.

      Le fait de savoir parler plein de langues vivantes, pour communiquer avec le monde et pas seulement avec les Gaulois de souche, c’est-t-y pas un brin de gauche, moussaillons ?

      Et puis ça ferait plein de profs en plus, juste pour faire enrager l’autre gommitude de Robien.

      jyd.

  • J’ai pas été au bout de cet article tant il est populiste et nationaliste ! Les Immigré-e-s s’ils parlent le Français c’est avant tout par la colonisation qu’il leur a été inculqué. Combien sont-ils/elles, dans nos usines, nos quartiers...a avoir accés a une véritable culture ! Le langage du RAP est tout aussi noble que les écrits des Voltaire et autres Brassens.....Que le Monde ne parle qu’une langue et bien des barrières tomberont.

    • Je signerai ce manifeste, car je ne vois pas comment je peux lutter pour la défense de la dignité et la liberté des autres peuples, si je ne suis même pas capable de le faire pour le mien.

      Dire que les immigrés parlent le français à cause de la colonisation, c’est dire n’importe quoi. Ma belle-fille d’origine sierra-léonaise ne parlait que le créole anglais et elle parle aujourd’hui français parce qu’elle est devenue volontairement française. Quand à l’influence du français en Afrique du Nord par exemple, on pourra se demander si elle n’a pas aussi à voir avec l’influence des idées des Lumières, de la révolution, etc. Et pour les incultes on rappellera que les Algériens, les Marocains, etc., ne parlent l’arabe qu’à cause de la colonisation arabe !

    • Oh oui vite vite !!!! Parlons tous anglais et les dernière barrière douanière tomberont ! Vive la fin néo libérale de l’Histoire !!!!

      Léo.

    • Je signe ce manifeste.

      Première langue internationale pendant environ trois siècles, langue des Lumières et de la Révolution, le français doit rester une grande langue plurinationale et internationale. C’est une langue plus claire que l’anglais, ce qui est essentiel pour le droit ou la diplomatie notamment.

      Cependant à l’ère de la révolution de la communication, l’anglo-américain bénéficie de son statut de première langue internationale et d’un effet boule de neige qui favorise la domination yankee et l’hégémonie néo-libérale. Les 94 pour cent de non anglophones de naissance doivent ils alors accepter cette soumission qui s’exprime dans le sabir globish ou le y’a bon inglish ? Cette discrimination linguistique s’exerce surtout contre les classes populaires et moyennes non parfaitement bilingues (99% de la population) qui devront accepter de plus en plus souvent de ce fait des emplois moins qualifiés et plus précaires.

      Que faire ? Les défenses du français et du plurilinguisme vont de pair. Claude Hagège a écrit sur ce point que l’esperanto peut être le meilleur alliè du plurilinguisme. Le grand linguiste André Martinet disait que le choix de la première langue internationale devrait se faire entre l’anglais et l’esperanto.

      Écrivain et secrétaire perpétuel de l’Académie Française, Maurice Genevoix avait dit, le 18 février 1954, sur la Radio-Télévision Française (RTF) : “L’espéranto est en mesure d’exprimer les nuances les plus subtiles de la pensée et du sentiment, il est propre à permettre, par conséquent, l’expression la plus juste, la plus littéraire, la plus esthétique et de nature à satisfaire les esprits les plus ombrageux et les plus particularistes, et il ne peut pas porter ombrage aux fidèles des langues nationales.“

      La contribution de Claude Piron "Vers un nouvel ordre linguistique mondial " est intéressante.

      http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/entretienabruzzo.htm

      George Kersaudy, auteur de Langues sans frontières, polyglotte parlant plus de 20 langues, préconise la diffusion de l’esperanto comme langue pont à côté des grandes langues reconnues pour l’Union Européenne et donc dans l’enseignement
      http://ps-esperanto.ouvaton.org/article.php3?id_article=25

  • UNE SALUTAIRE INITIATIVE !!!

    Je souscris totalement aux idées de ce texte et je le signerai. Le débat sur la langue française et in fine sur la diversité culturelle, menacée comme jamais aujourd’hui, est enjeu crucial dont il faut s’emparer à bras le corps. Continuons le combat, il ne faut rien lâcher.

    Khamsin

  • La langue française mérite tout le respect ,toute la considération dans le concert des nations.La plupart des grandes découvertes ,des grands hommes et des grandes idées sont passés par ELLE. Son soleil doit toujours briller plus haut.

    Mr Lassana Keita,professeur de lettres modernes au lycée Massa Makan Diabaté ,Bamako/Mali.
    E-mail:lassanak53@yahoo.fr

    • Oui le français doit être reconnu mais surtout en FRANCE ! Et vous utilisez vous - même un anglicisme :e- mail dites courriel adopté par l’académie française . Si vous écoutez France - inter , imitez M Alain BEDOUET , JOURNALISTE
      Mais attention au chauvinisme qui a conduit trop souvent à l’affrontement . pourquoi seul le français ?? alors que des peuples acculés à la misère par l’économie britoétusanienne qui impose le tout -anglais . Certains pays ( leurs politiques ) se défendent peu , il est vrai Voyez l’hégémonie actuelle de l’anglais ( plus de 95% ) dans les écoles primaires françaises alors que les textes affirment que plusieurs langues sont posibles : mais on a supprimé ls postes d’allemand en particulier au collège et l’Education nationale a fait paser sans décision au conseil supérie un décret obligeant les élèves à continuer au collège l’étude de la langue apprise en primaire et pour laquelle il y a plus de profeseurs des écoles qui la connaissent ; l’anglais .. Le TOUR est jOUE.
      Les valeursde démocratie , justice , solidarité dont nos éminents se gaussent n’appellerait elle pas l’utilisation d’une langue neutre , d’une langue vecteut à la portée de TOUS même ceux qui ne font pas de longues études et n’ont pas les myens de se perfectionner par des séjours ?
      cette langue fonctionne ; c’est L’ESPERANTO que je n’ai malheureusement découvert qu’à 56ans
      on se demande pourquoi cette solution est régulièrement rejetée ou plutôt si : Ce Ne seraitent plus seulement les ELITES qui pourraient communiquer Et dans les réunions officielles on utiliserait TOUTES les langues à partir des traductions en utilisant l’espéranto comme langue - pont d’où un gain de temps et d’argent et égalité de tous les pays
      les participants pourraient se parler dans les couloirs de façon informelle ...
      à bon entendeur , Salut !aux candidats aux élections futures
      Jocelyne Monneret
      institutrice retraitée Syndicaliste Saône et Loire
      jocelyne.monneret@club-internet.fr

    • Je ne soutiendrai pas ce manifeste, j’y sens plus de la jalousie vis à vis de l’anglais qu’autre chose !

      C’est ca le problème avec les défenseurs de la francophonie ! Plutot que de s’émouvoir de la disparition de tout un ensemble de langues européennes, régionales, nationales, non-européennes, devant l’anglais ou plutot le globish, ils s’émeuvent toujours en priorité pour le français. Parfois, s’ils sont charitables, il en reste un peu pour les langues régionales et les autres langues...
      Je ne peux pas m’empêcher d’avoir ce doute, ce doute qui m’empêche d’être solidaire d’un tel combat : qu’auraient dit ces braves gens si les USA avaient été francophones et que la langue internationale avait été le français ?
      N’y aurait-il pas dans ce pays un écrasant consensus, une majorité presque totale de gens qui trouveraient cela normal ? Ce gens trouveraient tout un tas d’explications, la soi-disant clarté du français, comme cela a été dit plus haut (cette personne connait-elle bien l’anglais ? La richesse du vocabulaire anglais est infiniment supérieure à celle du français), la fascination des autres peuples pour cette culture d’exception, enfin bref, les mêmes salades que celles qui ont déjà été servies il y a quelques siècles.

      OK pour faire en sorte que l’Espéranto, ou une autre langue internationale, mais tant qu’à faire l’Espéranto puisqu’il est déjà très abouti, soit mis en avant. Il ne privilégie aucune culture, contrairement à l’anglais, mais aussi au francais, donc n’est une menace pour aucune langue.

      Je suis Alsacien, je parle français mieux que l’alsacien et l’allemand puisque l’Etat français en a voulu ainsi. Je n’arrive pas à être attaché à une langue qui s’est voulue supérieure aux langues vernaculaires et qui les a traitées avec tant de mépris.
      Tel le bourgeois du Titanic sur son canot de sauvetage, qui, se sentant en sécurité et bientot hors de cause, a refusé de sauver d’autres passagers criant au secours, et qui à son tour pousse des cris d’orfraie quand il s’apercoit que son canot a un trou !
      On pourra me dire que je suis habité d’un certain sentiment de "vengeance" face à la disparition plus ou moins programmée de l’alsacien et autres langues réagionales (enfin je crois encore aux miracles, qui sait un renouveau se profil peut-être !). Ce ne serait pas totalement faux, mais je suis conscient, justement puisque cela s’est produit à des échelles régionales, que la disparition du français serait une catastrophe pour l’humanité.
      Ce serait une catastrophe, mais au MEME TITRE que la disparition de toute autre langue.

      Alors arrêtez de nous servir les vielles soupes du français comme moteur de la résistance face à l’anglicisation de nos cultures ! Ce n’est vraiment pas crédible... Franchement, si le futur c’est d’être monolingue, que je sois monolingue francophone comme le veut la République une et indivisible, ou monolingue anglophone, cela m’est égal. Les deux sont aussi tristes !

      Ps :
      a propos de la soi-disant disparitation des productions en français, ce matin encore un article du Monde indique que plus de 60% des ventes de disques en 2006 ont été des productions d’ "artistes" francais, les gens ont certes mauvais gout (un autre débat) vu le niveau de la plupart desdites productions, mais au moins ils ont mauvais gout en français ! Tant mieux pour les défenseurs de la franchouillarderie, pardon la francophonie !

  • Votre manifeste a été publié le 17 janvier sur le site de l’Observatoire européen du plurilinguisme assorti du commentaire suivant :

    C’est très volontiers que nous publions cet appel dont nous ne partageons pas cependant tous les aspects.

    D’abord, c’est peu connaître la francophonie que l’assimiler à un outil néo-colonial. C’est oublier que la francophonie a été fondée dans les années soixante par Leopold Sedar Senghor, Habib Bourdguiba et le Prince Norodom Sihanouk. Dire le contraire, c’est réécrire l’histoire sans souci d’objectivité.

    Ensuite, déduire du fait qu’aujourd’hui une grande partie du patronat français et des "élites" soit acquise au tout-anglais, que toutes les entreprises, toutes les élites, etc le sont, et trouver dans cet amalgame des accents révolutionnaires, c’est un point de vue intéressant, mais peu pertinent.
    On peut au contraire démontrer que les entreprises qui généralisent l’usage de l’anglais dans leur fonctionnement interne, croient être modernes mais font en réalité fausse route, comme les familles qui massivement choisissent l’anglais comme première langue pour leurs enfants font aussi fausse route et les envoient dans le mur. S’il y a corruption, il s’agit d’une corruption intellectuelle qui est elle même favorisée par la mise en oeuvre d’une stratégie impériale extrêmement puissante dont R. Phillipson a bien montré les mécanismes dans Linguistic imperialism (Oxford University Press, 1992). Impossible de ne pas voir dans tant de comportements pro tout-anglais, non la manifestation d’une rationalité économique, mais un comportement de classe et de soumission.

    Saluons donc cette reconnaissance et affirmation que le français est notamment la langue du peuple français, qu’elle est une langue de liberté, d’émancipation et de dignité
    et que pour cela, elle mérite que l’on combatte pour elle.

    Christian Tremblay
    Observatoire européen du plurilinguisme
    http://www.observatoireplurilinguisme.eu/

  • Vive l’espéranto et toutes les langues du monde, à bas l’impérialisme linguistique
    Vivu esperanto kaj ĉiuj mondoj lingvoj, fek’ al lingva imperiismo !