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L’Europe libérale face au défi du changement climatique

Publie le samedi 3 février 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

de Francis Wurtz (1)

Le Parlement européen vient d’avoir un grand débat sur la question de la lutte contre le réchauffement climatique.

Cet énorme enjeu de civilisation place, plus que jamais, l’Union européenne face à ses responsabilités, tant vis-à-vis de son demi-milliard d’habitants qu’à l’égard du reste du monde et de la planète elle-même.

Or le poids des pressions du "marché" ne fait pas bon ménage avec de telles exigences écologiques. Je vais y venir dans un instant. Auparavant, résumons ce que nous rappellent étude sur étude, en particulier celles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) :

 Les concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère évoluent de nos jours à une vitesse inconnue depuis 20000 ans. La température a augmenté de quelques degrés en l’espace de 10000 ans : elle risque, de nouveau, de s’élever de plusieurs degrés d’ici à la fin de ce siècle ! Une évolution de 1 à 100 !

 Une partie de ces gaz est absorbée par la nature, mais, passé un certain seuil, ils s’accumulent dans l’atmosphère, ce qui produit le réchauffement et le dérèglement climatiques. Il s’agit d’un phénomène cumulatif, donc il ne se résorbe pas : plus on tarde à agir, plus vite apparaissent des évolutions de fond, de plus en plus rapides et durables, dans les écosystèmes.

 Certaines conséquences lourdes de ce phénomène sont déjà inévitables d’ici quelques dizaines d’années, par exemple en matière de récoltes, d’accès à l’eau et aux ressources. L’ONU chiffre les futurs « réfugiés climatiques » par dizaines de millions. Il serait irresponsable de ne pas anticiper ces crises en prenant dès maintenant les mesures qui s’imposent.

 Mais, surtout, il est vital pour l’humanité tout entière de renverser la tendance. Et c’est possible ! À condition de « prendre le taureau par les cornes ». Le protocole de Kyoto a 10 ans. Il assigne à l’Europe une diminution de 8 % des émissions de gaz à effet de serre en 2012 par rapport à 1990. Les pays de l’Union ont ratifié ce protocole, contrairement aux Etats-Unis qu’il faudrait mettre beaucoup plus en accusation. Mais nous-mêmes, où en sommes nous ? Loin du compte !

Car non seulement Kyoto était un compromis minimaliste, très en deçà des besoins, mais, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement, en 2006, les émissions européennes de gaz continuaient de progresser ! Certes, la Commission européenne affiche une belle ambition : « transformer l’Europe en une économie peu émettrice de C02 (gaz carbonique) et très efficace au plan énergétique », mais nous nous heurtons là aux contradictions de l’Europe libérale. Le titre même du plan de la Commission les illustre à merveille : « Un plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ( ... ) et stimuler la concurrence » ! Chassez le naturel...

Relever le défi climatique suppose des décisions politiques fortes et non la liberté du « marché ». Cela exige une vision à long terme quand l’horizon de la Bourse est à très court terme. Cela passe par une coopération planétaire, à l’opposé de l’actuelle guerre économique. Rien d’étonnant, dès lors, que ces contradictions se manifestent jusqu’au sein de la Commission européenne, dès qu’on passe aux mesures concrètes.

Ainsi, fin janvier, la question s’y est posée de savoir si l’Union devait imposer de nouvelles normes antipollution à l’industrie automobile. « Oui », ont répondu les plus raisonnables, puisque les « engagements volontaires » de ces firmes n’ont pas été tenus. « Non, pas question », a tonné le commissaire à l’Industrie, le social-démocrate allemand Günter Verheugen, car cela nuirait à la « compétitivité ». La décision a été reportée... Mais le réchauffement climatique, lui, continue.

Voilà encore un sujet qui mérite un débat citoyen sérieux, où l’on passerait tout au crible : quelle politique énergétique propre ? Quelle politique des transports moins polluante ? Quelle conception des échanges mondiaux qui ne pousse pas au productivisme, aux délocalisations orientées vers le moins disant écologique autant que social, ainsi qu’à l’explosion des transports polluants entre pays à bas salaires et zones à forte consommation ? Saisissons nous hardiment de ce défi majeur ! *

(1) Président du groupe Gauche unitaire européenne Gauche Verte nordique (GUE GVN) au Parlement européen.

Messages

  • Que faire ?

    Ca c’est une bonne question à laquelle un grand nombre d’entre nous s’abstiendra de formuler tout commentaire. Là, c’est plus difficile, on peut pas réclamer plus, ce serait une contradiction au vu de l’article. Car gagner plus, ça fait consommer plus, et du coup, ça emmet plus de gaz à effet de serre ....

    Et oui, va falloir se serrer la ceinture, et ça, y a pas grand monde qui y est pret ....

    Mais on peut aussi commencer par éviter certains bien de consommation, comme par exemple ( au hasard), le yaourt à la fraise que j’aime tant et qui à fait 5000 km pour etre mangé en 45 secondes et dont l’emballage va aller rejoindre les montagnes de poubelle que nous générons chaque année ....

    Inventons un nouveau concept, l’effet yaourt ... après tout, il y a bien l’effet papillon ....

    Amicalement

    Pitchounet