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Les chercheurs en colère sortent des labos

Publie le jeudi 29 janvier 2004 par Open-Publishing

Après les pétitions et les lettres ouvertes, les manifs. Les syndicats de la recherche et de l’enseignement supérieur appellent à une journée de grève et de manifestations jeudi à Paris et dans la plupart des grandes villes de France pour protester contre les gels de crédits dans leur secteur et réclamer des moyens supplémentaires.

A Paris, les manifestants se rassembleront devant la Faculté de Jussieu à partir de 14h, puis défileront jusqu’à l’hôtel Matignon. Des rassemblements sont également attendus à Bordeaux, Marseille, Nancy, Grenoble ou encore Toulouse à l’appel d’une intersyndicale composée d’une vingtaine d’organisations dont la liste témoigne de la généralisation du conflit.

Syndicats du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ou encore de l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), tous appellent à "sauver l’emploi scientifique et le service public".
Ils exigent la mise en place d’un "plan d’urgence" pour "débloquer immédiatement les crédits annulés depuis 2002, cesser tout pilotage autoritaire de la recherche" ou encore "lui restituer une réelle attractivité, y compris internationale et vis-à-vis des jeunes".

Les syndicats, qui en appellent au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, demandent notamment la revalorisation des carrières et la création des "emplois de titulaires nécessaires pour toutes les catégories de la Recherche et de l’Enseignement supérieur".

Le collectif "Sauvons la recherche", regroupement de scientifiques à l’origine de la pétition des chercheurs lancée le 7 janvier pour interpeller le gouvernement, soutient cette journée.

Mercredi, leur pétition avait recueilli plus de 30.000 signatures. Une pétition de citoyens soutenant la démarche des scientifiques a été lancée en parallèle et a recueilli, de son côté, près de 14.000 signatures.
Le collectif demande le rétablissement de 550 postes de recherche supprimés au budget 2004 et la création d’"un nombre significatif de postes d’enseignants-chercheurs" en université. Les responsables scientifiques et chefs de labos signataires menacent de démissionner s’ils n’obtiennent pas satisfaction.
Pour tenter de calmer cette fronde, la ministre déléguée à la Recherche Claudie Haigneré a reçu une délégation le 16 janvier, mais a indiqué qu’elle n’avait pas de "réponse immédiate". Elle avait également annoncé jeudi dernier qu’un "conseil interministériel de la recherche" se réunira sous la présidence du Premier ministre "dans les prochaines semaines".

Claudie Haigneré a écrit aux protestataires en ce sens, rappelant aussi l’engagement de Jacques Chirac de mobiliser 3% du PIB pour la recherche d’ici 2010.

Elle a affirmé que "le budget de la recherche ne subira ni gel, ni annulation de crédits en 2004", soulignant "la progression de 3,9% des moyens de la recherche en 2004 malgré un contexte économique et budgétaire très difficile". Elle explique également que les "efforts en faveur de la recherche seront poursuivis en 2005 et 2006". Les syndicats, qui attendent avant tout "des actes", réclament un "geste fort" du gouvernement.

Et mercredi dans le journal "L’Humanité", 31 responsables de recherche de l’INSERM ont publié une lettre ouverte adressée à Jean-Pierre Raffarin, à Claudie Haigneré et au ministre de la Santé Jean-François Mattei.

"Nous constatons malheureusement que malgré les promesses, les crédits de fonctionnement (...) alloués par l’Etat (...) à de très nombreux laboratoires français ont subi, entre 2001 et 2003, des diminutions de l’ordre de 30% à 40%", écrivent-ils. "Comment ne serions-nous pas inquiets pour le budget 2004, et pour l’avenir de la recherche française ?". PARIS (AP)

Le site :

http://recherche-en-danger.apinc.org/