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LE PCF ENTRE ASSAUT ET MEA CULPA : JUIN 1940 ET LA RÉSISTANCE COMMUNISTE

Publie le vendredi 16 février 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

de Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, université Paris 7

Sur la pleine "Page trois" du Monde des 10-11 décembre 2006, intitulée "Quand le PCF négociait avec les nazis", le journaliste Michel Lefebvre s’appuie sur "les travaux des historiens" pour stigmatiser les errements relatifs à la demande de reparution de L’Humanité de juin 1940 et réviser à la baisse "le rôle du PCF dans la Résistance".

L’une et l’autre questions méritent une analyse plus approfondie que la citation d’un texte à la "syntaxe approximative" ou la référence à une sélection arbitraire de "fusillés". Elles nécessiteraient un recours large aux "travaux des historiens".

Sont ici seuls retenus ici les auteurs de deux ouvrages récents - Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier (Juin 40, la négociation secrète. Les communistes français et les autorités allemandes) et Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty (Les fusillés, répression et exécutions pendant l’Occupation 1940-1944) -, et Roger Bourderon, pour un livre plus ancien (La négociation, été 1940, 2001) : naguère absent des colonnes du Monde consacrées aux "travaux des historiens", ainsi quand il écrivait aux côtés de l’historien canadien Yvan Avakoumovitch Détruire le PCF. 40-44 Archives de l’État français et de l’occupant hitlérien1 – ouvrage auquel les découvertes présentées ajoutent le texte de Maurice Tréand -, cet historien français y a désormais (modeste) droit de cité. La méthode et les choix historiographiques retenus par Michel Lefebvre posent de façon plus générale la question du "rôle du [Monde] dans la" diffusion de la connaissance de l’histoire contemporaine. JUIN 1940

La faute politique du rédacteur du texte attribué à Maurice Tréand et destiné à Otto
Abetz, dont on ignore « la date de rédaction » et « les circonstances de la prise de notes », est avérée par l’expression réitérée de « juif Mandel » et autres flagorneries à l’égard de
l’occupant allemand (propositions d’aide aux masses « avec [sa] collaboration », prétention à avoir « bien travaillé […] pour vous », etc.). Mais le fond du texte, résultant de la « ligne PC » (élaborée par l’Internationale communiste et la direction du PCF) qui suivit la signature du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 et qui fut modifiée dès la défaite officielle de la France, au plus tard au jour même de la signature de l’armistice franco-allemand, le 22 juin 1940, requiert examen.

Pacte germano-soviétique et concept de guerre impérialiste : un sacrilège ?

Qualifier en juin 1940 dans un texte destiné à flatter l’occupant allemand la politique
franco-anglaise d’« impérialiste » était certes condamnable. « Les thèses de la guerre
impérialiste » 2 marquaient le triomphe d’un retournement public d’autant plus net que
l’URSS et les partis communistes avaient, au nom de la « sécurité collective » menacée à
l’Ouest et à l’Est de l’Europe par les plans expansionnistes allemands, souligné depuis 1933-
1935 les intérêts communs des anciens alliés de la Grande Guerre (l’Entente entre Russie,
France et Angleterre). Cette priorité les avait conduits à délaisser l’analyse léniniste des
guerres impérialistes – à la négliger, pas à l’abandonner, comme en témoigne maint honnête avertissement de Litvinov, surtout depuis la guerre d’Espagne.

Suite de l’article au format PDF

http://www.historiographie.info/menu.html

Messages

  • Merci pour cet article intéressant et objectif.

    Merci pour un regard qui n’est pas nouveau mais seulement juste... Un peu d’air.

    Pour ceux qui ne connaisse pas encore le travail de cette historienne un ouvrage : "le choix de la défaite, les élites françaises pendant les années trante" armand colin.

    Un livre passionant sur le climat qui a été entretenu qui a mené à la défaite de 40, au rejet par les démocraties européennes d’une alliance avec l’URSS, refus fait sous lobbing du patronat ; Tout cela par une analyse des documents d’époque (ne riez pas : déja les fiches des RG !). On comprend mieux le slogan " plutôt Hitler que Blum".

    Perso, je trouve que ce qui se passait à l’époque ressemble beaucoup à ce qui se fait aujourd’hui.

    Bye bye

    Mathieu.

  • Merci pour ces mises aux points, puisse M. Onfray (ce philosophe) lire cette contribution, cela lui serrait salutaire. Quant au Monde cela fait longtemps que je ne l’achète plus, pourquoi : cherchez qui me finance vous saurez pour qui je roule. Albert

  • A faire circuler dans les écoles ,et à publier dans Le Monde, je rêve !

    Roger bretagne

    • Qui peut encore nier que le "Pacte Germano-Soviétique" fut un moyen pour retarder l’offensive de Hitler contre un régime politique et un Peuple haï et méprisé par toutes les Droite européennes qui avait besoin de temps ?
      Qui condamne l’invasion et le partage de la Pologne doit condamner l’abandon de la Tchécoslovaquie lors des accords de Munich qui étaient un moyen de permettre à Hitler d’aller écraser l’ennemi commun : le Bolchévisme.
      L’anticommunisme d’aujourd’hui est le même que celui d’hier, il est porté par les mêmes ou par leurs héritiers, il est destiné à écraser chez les exploités tout esprit de résistance au Capitalisme qui reprend peu à peu sa forme totalitaire. On va me dire encore que je pratique la langue de bois pour me faire taire : j’ai à la maison des publications pétainistes qui parlent de l’Europe avec les mêmes mots que les Eurocrates du Oui, contre le même ennemi qui pourtant n’est plus Soviétique... JdesP

  • il serait intéressant de voir ce que sont devenues les fiches RG après l’invasion nazie grandement facilitée par l’ouverture des portes par notre bourgeoisie (à ce qu’il paraît, elle existe puisque Alain Minc en parle dans le Monde) Et autrement dit, en imaginant, un parti communiste non stalinien, aurait-il eu le droit de résister ?
    Ce qui interroge l’attitude de l’ensemble des forces de gauche et d’extême gauche de l’époque.
    Et les fiches RG après la Libération ?

    • Euh...JB remonte de 1% MGB descend de 1%...Onsait qu’elle finira bien plus haut que ne la "donnent" les sondages, ce qui ne change rien au fait qu’on merdoie tous ensemble dans le piège constitutionnel...

      Euh...22% pour Jacques Duclos, (les sondages le "donnaient à 12%...hi-hi !) tout de même, quel beau Parti vous voulez tuer !

      Certains seront "heureux " si le PC "fait" 2%, pour eux cela "prouvera " tout ce qu’ils désirent croire : que Marx est mort ?

      Mon Oeil !

      Olga

    • J’étais en train d’achever une (brève) réponse au texte d’Onfray quand j’ai eu l’heureuse surprise de lire la contribution d’Annie Lacroix-Riz sur Bellaciao.

      Remarquable, comme d’habitude pourrait-on dire !

      Cet article est d’autant plus salutaire que nombre de ceux qui publient (et qui ont accès aux médias) aujourd’hui sur l’histoire du communisme et du mouvement ouvrier, écrivent bien souvent n’importe quoi... comme l’ignoble pamphlet de Michel Onfray.
      Il est temps de remettre l’histoire à l’endroit et Annie Lacroix-Riz y contribue amplement.

      Je me permets de conseiller aux internautes de Bellaciao ses livres, notamment l’histoire contemporaine sous influence, industriels et banquiers sous l’occupation et le choix de la défaite. Ces deux derniers étant parus chez Armand Colin.

      Pierre Robes.

  • Un excellent ouvrage, un monument que je conseille de lire à certains, y compris ici, qui sont prêts à tout reprendre des ragots répandus par des plumitifs bornés au service de misérables opérations politiciennes.
    J’en profite pour saluer Annie Lacroix-Riz avec qui j’ai eu l’occasion de discuter l’an dernier à Paris.

  • Merci de réhabiliter les communistes dans leurs actions décisives pour mettre dehors l’envahisseur. Si on avait dû attendre après certains bourgeois, patrons qui ont opté pour la collaboration avec les allemands, on ne serait plus français aujourd’hui.

    Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans la même situation, face à une invasion libérale étasunienne, qui a atteint les rivages de l’Europe, et le peuple français qui n’en veut pas.

    Un choix s’offre à nous :

     soit se partager équitablement le gateau fait par notre sueur, (les fruits du travail),

     soit les libéraux se partageront entre eux notre gateau, nous laissant quelques miettes pour subsister :

    La Cigale, ayant chanté/
    Tout l’été/
    Se trouva fort dépourvue/
    Quand la bise fut venue :/
    Pas un seul petit morceau/
    De mouche ou de vermisseau./
    Elle alla crier famine/
    Chez la Fourmi sa voisine,/
    La priant de lui prêter/
    Quelque grain pour subsister/
    Jusqu’à la saison nouvelle./
    Je vous paierai, lui dit-elle,/
    Avant l’août, foi d’animal,/
    Intérêt et principal./
    La Fourmi n’est pas prêteuse :/
    C’est là son moindre défaut./
    Que faisiez-vous au temps chaud ?
    Dit-elle à cette emprunteuse./
    Nuit et jour à tout venant/
    Je chantais, ne vous déplaise./
    Vous chantiez ? j’en suis fort aise :/
    Eh bien ! dansez maintenant. /

  • Dans le telefilm "Les camarades" on appercoit subreptiscement une vielle publicité.

    "DUBO DUBON DUBONNET"

    Pour ceux qui connaissent la blague dérivée : Com Comme...

    Cete publicité resume 80 ans d’ histoire

    Ouvrez les Yeux !!!