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CONFERENCE DE PRESSE DU 31 MARS 2003

Publie le lundi 31 mars 2003 par Open-Publishing
2 commentaires

COMMUNIQUE DE PRESSE DE CAPJPO

CONFERENCE DE PRESSE DU 31 MARS 2003

Intervention de Olivia Zémor, présidente de la CAPJPO

Nous avons décidé d’organiser une conférence de presse, car nous avons jugé qu’après une semaine d’une campagne de diffamation contre notre association, orchestrée par des associations se réclamant du judaïsme et relayée par un bon nombre de médias, il est temps que nous nous donnions la parole, puisque vous nous la refusez et qu’un certain nombre d’entre vous se permettent de proférer, au conditionnel ou au présent, des accusations très graves contre nous, sans même se donner la peine de recueillir notre version des faits.

Une bien curieuse conception du journalisme.

La diffamation est un procédé très courant chez les supporters de la politique israélienne ; vous êtes bien placés pour le savoir. D’autres avant nous, qui avaient osé critiquer le gouvernement israélien en ont été les victimes et ont été accusés d’antisémitisme. La MRAP a été accusé d’héberger des antisémites dans ses rangs lors des manifestations, Daniel Mermet, journaliste de France Inter, également pour avoir donné la parole à des auditeurs « pro-palestiniens », la LCR pour avoir collé des affiches avec l’inscription « Sharon, Assassin », nous mêmes, ainsi que le maire de Seclin pour avoir appelé au boycott des produits israéliens. Sans parler des amalgames du président du CRIF sur les « rouges-verts-bruns »

La justice a, à chaque , débouté tous ces censeurs qui avaient essayer de nous intimider et de nous faire taire en nous diffamant.

Rien que cela devrait vous inciter à une certaine prudence quand les accusations d’antisémitisme reviennent sur le tapis.

Et vous concèderez que la campagne actuelle consistant à accuser notre association, ou des membres de notre association, ou encore des membres du cortège de notre association, de s’être précipités pour agresser des gens à la vue d’une kippa qui dépassait dans la foule sur le trottoir, au passage d’une manifestation, est particulièrement aberrante.

Il faut en effet une bonne dose de mauvaise foi ou bien d’ignorance (et quand on est ignorant on se tait ou bien on se renseigne) pour porter de telles accusations contre une association pour une paix juste au proche-orient, dont la spécificité est de regrouper un grand nombre de juifs parmi ses membres. Il suffit de regarder la liste des signatures au bas de nos appels, que nous avons publiés dans vos journaux pour s’en rendre compte (lecture du document 1).

Et cette spécificité n’est pas un hasard. Si nous avons créé la CAPJPO il y a un peu plus d’un an, alors qu’il existait déjà de nombreuses associations luttant pour une paix juste au Proche-Orient, c’est justement pour montrer qu’il y avait une autre voix juive et qu’en s’organisant côte à côte entre Français de souche, mas aussi d’origine juive et arabe, nous serions plus efficaces pour démontrer que le conflit israélo-palestinien n’est ni un conflit religieux, ni un conflit ethnique, mais un conflit politique.
Et nous avons d’emblée insisté sur le fait que nous nous attacherions à lutter contre les replis communautaires, et toutes les formes de racisme, anti-juif ou anti arabe notamment (documents 1, 2, 3 4).

(lecture appel et prises de positions publiées dans les médias)

Le problème, c’est que cela n’arrange pas du tout le lobby pro-Sharon que nous ayons autant de Juifs dans nos rangs et que nous leur disions : « Nous sommes là et vous ne pouvez prétendre représenter tous les Juifs de France. Cela les rend tellement furieux, que certains en disjonctent au point de publier sur certains sites (certes extrémistes, mais pas du tout condamnés par des institutions juives soi-disant respectables, qui vont jusqu’à recommander ces sites) des appels à « casser la figure à coups de batte de base-ball à tous nos signataires juifs »

Jetez un coup d’oeil pour ceux qui l’auraient oublié à notre document 2 où un site se réclamant du judaïsme, affiche des étoiles de David en face des noms des signataires de nos appels.

Cela ne vous rappelle rien ? Le journal Le Monde en a pourtant fait une pleine page + un éditorial à la fin de l’été.
Et si les noms ne vous suffisent pas, les étoiles peuvent vous aider à constater qu’il y a effectivement pas mal de Juifs dans notre association.
Parmi ces juifs, il y en a qui ont été déportés, qui ont encore leur numéro de matricule sur le bras et d’autres dont les parents ou grands parents ne sont pas revenus des camps de concentration.
Moi-même, présidente de CAPJPO, suis juive de père et de mère, ainsi qu ’un certain nombre de membres de notre conseil d’administration ici présents.

Et c’est nous que vous accusez de nos livrer à des actes ou des propos abjects contre lesquels nous nous sommes organisés pour lutter ?

Honte à tous ceux d’entre vous qui n’ont ne serait-ce que laissé penser que nous puissions avoir trempé d’une manière ou d’une autre dans ces actes criminels, des actes qui nous font vomir.

Certains ont dit : « Vous avez parlé de provocations à l’origine des affrontements qui ont eu lieu le 22 mars ; c’est donc que vous justifiez les agressions commises ».
Quelle est cette équation imbécile ?

Oui, nous sommes persuadés qu’il y a eu des provocations à l’origine de ces affrontements. La police et la justice le prouveront. Mais en quoi cela justifierait-il des agressions ou même des propos intolérables ?

D’autres ont écrit : « Ah, vous n’avez pas fait de communiqué pour condamner ces agressions : c’est donc que vous les approuvez ». Quel est ce procès à la mode maccarthiste ?

Nous ne faisons pas de communiqué pour condamner chacun des actes antisémites ou anti-arabe qui se produisent en france.
Nous n’avons fait aucun communiqué pour condamner que l’on ait brûlé la mosquée de Nancy récemment, ni lorsque des tombes musulmanes ont été profanées. Nous avons fait, sans doute à tort, un communiqué pour condamner l’agression du Rabbin Farhi.

Notre condamnation de tous les actes racistes, quels qu’ils soient, est dans notre charte, dans nos statuts, et surtout dans notre combat quotidien. Car nous ne nous contentons pas de condamner, nous luttons sur le terrain, avec nos modestes moyens, dans les quartiers, les banlieues, pour expliquer et montrer par notre diversité « ethnique » au sein de CAPJPO, que ceux qui s’en prennent à telle ou telle communauté non seulement font fausse route, mais nuisent à la cause que nous défendons.

Vous n’avez jamais regardé défiler un cortège de la CAPJPO ? Vous n’avez jamais regardé notre banderole : « JUIFS, ARABES, NOTRE SORT EST LIE : PAIX JUSTE AU PROCHE-ORIENT » ? Certains journaux l’ont pourtant signalé (ci-joint un article du Monde : document 5).

Et nos meetings à la Sorbonne, à Jussieu, à Suresnes ou à St Denis ? Si vous n’y avez pas assisté, vous avez au moins reçu nos invitations et nos communiqués de presse. Vous n’avez rien remarqué ?

Vous n’avez pas noté que nous prenions la peine de faire systématiquement asseoir à une même tribune des intervenants israéliens et palestiniens, juifs et arabes ?

Vous n’avez pas noté notre soutien actif aux pacifistes israéliens, aux refuzniks et aux anti-colonialistes qui partagent les mêmes analyses que nous, c’est à dire que la politique de Sharon est criminelle, non seulement vis à vis des Palestiniens, mais également à l’égard des Israéliens qu’elle condamne à vivre sans paix et donc sans sécurité ?

Et tous ceux d’entre vous qui ont l’air d’être experts en manifestations pour la Justice en Palestine, vous avez sans doute remarqué que notre association est parmi les seules à être dotée d’un vrai service d’ordre, qui non seulement protège les personnes défilant dans le cortège CAPJPO, mais qui interdit le moindre slogan, en français ou en arabe, ayant des relents racistes. Même les cris de Allah Akbar ! qui ne sont pas racistes, n’ont pas leur place dans notre cortège qui veut justement mettre l’accent sur l’aspect non religieux, mais colonialiste du conflit qui nous préoccupe.

Tous ces éléments auraient dû vous faire redoubler de prudence, en plus du fait que vous n’êtes en possession d’aucun, et je dis bien d’aucun élément vous permettant de nous accuser de quoi que ce soit.
Au contraire, tout est là pour prouver que nous n’avons rien à nous reprocher, bien au contraire, comme nous allons vous le montrer.

La diffamation est un procédé condamnable et nous la ferons condamner une fois de plus. Nos avocats ici présents, Maitres Antoine Comte et Albert Goldberg, sont chargés de saisir la justice.

Exposé de Nicolas Shahshahani, vice-président de CAPJPO, sur le déroulement des faits lors de la manifestation du 22 mars et visionnage de la fameuse K7 vidéo de Digipresse, supposée nous incriminer alors qu’elle nous disculpe, au contraire

1) Notre cortège CAPJPO n’était pas à la hauteur de la rue St Claude lorsque les affrontements se sont produits, contrairement à ce qui a été affirmé 2) Notre cortège ne s’est pas arrêté pendant les incidents dont nos manifestants ne se sont même pas aperçus et Olivia Zémor, en tête du cortège a continué à avancer, sans quitter une seule seconde son mégaphone, le seul de CAPJPO, qui ne peut donc pas avoir atterri entre d’autres mains que les siennes 3) Trois responsables de notre service d’ordre, dont deux ici présents, alertés par des personnes d’un autre cortège plus en arrière, venues les prévenir de « provocations du Betar, sont retournés vers la rue St Claude pour voir ce qui se passait. Arrivés sur place alors que des manifestants se ruaient dans la rue St Claude, ces trois responsables se sont efforcés de joindre leurs efforts à ceux de la police pour calmer les manifestants et leur faire reprendre leur place dans le défilé. C’est ce qu’on voit dans la K7 de Digi presse et c’est ce dont peuvent attester plusieurs témoins, à commencer par un journaliste de FR3 qui se trouvait sur les lieux à ce moment là (lecture du témoignage de Gilles Payen, journaliste reporter à FR3 Ile de France).

Visionnage de la K7 digipresse

Intervention de Robert Kissous, membre du CA de CAPJPO

Pourquoi la CAPJPO est-elle une cible de choix pour ce genre de campagne de diffamation ? Pourquoi déclenche-t-elle une telle hargne de la part des associations qui se disent représentatives des Juifs de France ?

Et quelle est en réalité la stratégie de ces associations. ?

Nous sommes bien conscients que notre action n’est pas faite pour plaire à ces associations. Outre la présence de nombreux juifs dans nos rangs qui contribuent à « libérer » la critique de la politique israélienne, nous avons mené toutes une série d’actions qui gênent énormément nos adversaires : - demande de sanctions économiques contre Israël, à commencer par l’application du vote du Parlement européen le 10 avril dernier (suspension de l’accord d’association économique euro-israel) ; appel au boycott des produits israéliens tant que durera l’occupation des territoires occupés par Israël en juin 1967 et sa politique d’apartheid, soutien des motions universitaires préconisant le non renouvellement d’accord de coopération avec les institutions israéliennes tant que le droit à l’éducation ne sera pas reconnu aux Palestiniens - demande d’une force internationale d’interposition et incitation à se rendre en Palestine dans le cadre de la protection de la population palestinienne. Actions de solidarité avec les pacifistes israéliens et refuzniks - protestation contre la tenue en France de galas au profit de l’armée israélienne (à Levallois, notamment) - campagne en faveur de Rachel Corrie, jeune pacifiste israélienne, écrasée le 16 mars dernier par un bulldozer de l’armée israélienne, alors qu’elle essayait de s’opposer à la destruction d’une maison palestinienne dans la bande de Gaza

Toutefois, il nous semble clair, qu’à travers nous, cette campagne vise l’ensemble du mouvement qui se mobilise pour la justice en Palestine, pour les droits des Palestiniens. On voit d’ailleurs comment dans la foulée de cette campagne, on commence à contester la présence de ces revendications au sein de la guerre contre l’Irak et comment on essaie de faire croire que tous les manifestants qui se soucient des Palestiniens sont de dangereux intégristes.

Mais la liberté d’_expression existe encore en France et nous tenons à faire savoir que nous ne sommes pas près d’y renoncer

A Paris, le 31 mars 2003

Messages

  • Chere capjpo

    Voila un changement de ton bien agreable, le percevez vous vous aussi ?

    Ces incidents semblent etre pain béni pour rappeler toutes vos bonnes actions.
    Dont acte !
    Enlevez juste encore vos fantaisies sur des provocateurs du Betar ce jour la
    Et aussi de vous voir comme au centre d’un grand complot pour vous baillonner...
    Et enore, si vous nous permettez, quelques (legeres) doses d’unilateralisme dans votre vision du conflit la bas... (au fait pourquoi avez vous choisi de vous polariser tant sur ce lieu de difficultés, de grandes violences et de pas mal d’injustices, alors qu’il y en a tant et meme de pires de par notre horrible monde ??)
    Et nous serions heureux d’adherer ainsi a vos justes combats.

    • Je concorde pleinement, pas sur le ton mais sur le sens del la lutte de capjpo, que je partage pleinnement. Je suis par ailleurs heureux de constater la disparition du Betar, de la "vingtaine de leurs amis, qui criaient « Israël , Israël », et, surtout, étaient ouvertement équipés de barres de fer et de battes de base-ball" et d’autres petites mais regrettables imprécisions que quelque un, lisant le premier communiqué, dans la hate, aurait pu regrettablement assimiler à de la diffamation...
      Je pense qu’une bonne idée pour limiter d’éventuelles et nuisibles futures tesions serait celle de se focaliser sur la guerre en cours et sur notre désir de PAIX, comme l’a si bien dit Mysa dans sa lettre "Manifs contre la guerre. Suicide de la gauche française."
      fedepasta