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Facs en grève

Publie le mercredi 25 février 2004 par Open-Publishing

Depuis quinze jours dure une grève votée par les étudiants de Poitiers
dans les filières du Sport, des Lettres et Langues et de Biologie pour
réagir à la réforme prévue par le Ministre de l’Education Nationale, Luc
Ferry. Celle-ci annonce une restriction des postes accordés au diplôme
du CAPES qui vont de 15% en lettres à 43% en sport ou espagnol. Cette
réforme est justifiée par une baisse démographique et les postes
manquants seront occupés par des vacataires, et ce dès la prochaine
rentrée.

Les étudiants tentent donc de sensibiliser la population du danger que
représente cette réforme et revendiquent le maintien des quotas actuels
pour ainsi profiter de cette baisse et alléger des classes déjà trop
lourdes. En effet l’application de cette décision constituerait un péril
pour l’éducation, car elle revient à la pénaliser pour des raisons
économiques, ce qui est inadmissible car l’école est la base de notre
société démocratique. De plus la baisse démographique prétextée pour
justifier de telles économies est évaluée à hauteur d’à peine deux
élèves par classes, ce qui ne suffit pas pour légitimer de telles
restrictions.

Les postes passeront donc de 18000 en 2002 et 2003 à 12500
et les trous seront comblés par des vacataires payés au lance-pierre et
ne bénéficiant ni de formation pédagogique, ni de la possibilité de
faire valoir leurs droits. Il est évident que cette mesure s’inscrit
dans une politique de saignement des domaines de l’éducation et de la
recherche menée par le gouvernement au profit de l’intérieur de la
défense faisant de notre pays un pays de répression, mesure adroitement
mise en place la veille des examens du CAPES et des vacances, ce qui a
pour effet d’affaiblir le mouvement de contestation.

C’est il y a deux semaines que les étudiants en Sport ont voté la grève
suivis le mardi 10 février par l’UFR Lettres et Langues et le jeudi 12
par celui de Biologie. Jour après jour les étudiants se sont mobilisés
et quotidiennement se tient une manifestation ou une campagne
d’information dans les amphithéâtres menant le mouvement à près de mille
personnes. Cette grève a été marquée par quelques actions symboliques
telles que l’enchaînement en silence de deuil aux grilles du rectorat,
de la Préfecture et de l’IUFM, le barrage filtrant du campus,
l’occupation durant une dizaine d’heures des locaux de l’IUFM lundi
dernier ou bien la manifestation devant le domicile de Jean-Pierre
Raffarin hier rassemblant plus de 300 personnes.

Le mouvement est
soutenu par la grande majorité des professeurs des UFR en grève et par
le Doyen de Lettres et Langues et les grévistes ont été reçus par Mme le
Recteur d’Académie et Mme Elisabeth Morin, Présidente du Conseil
Général, sourdes à l’appel des étudiants. En revanche Mme Ségolène Royal
a annoncé son soutien aux manifestants. Aujourd’hui même est reçue au
Ministère une délégation des porte-parole des grévistes de Poitiers et
une manifestation est prévue cet après-midi avec les professeurs.

Cette
contestation souffre de n’être pas assez médiatisée, les journaux
régionaux ne passant qu’un flash de trente secondes d’informations
vagues et subit une volonté d’étouffement de la part du pouvoir comme le
montre les convocations de M le Doyen et d’un professeur de Lettres
Modernes s’étant confiée aux journalistes chez Mme le recteur dans un
but de remontrances.

L’action se poursuit cette semaine les gréviste espèrent passer le
relais aux autres universités durant les vacances, car un mouvement
s’essouffle vite dans de telles conditions.
O.L.