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Le Pentagone avertit Bush : le changement climatique nous détruira

Publie le jeudi 26 février 2004 par Open-Publishing

Traduction des Humains Associés

- Un rapport secret annonce des insurrections et la guerre nucléaire
- La Grande-Bretagne deviendra « sibérienne » en moins de vingt ans
- La menace sur la planète est bien supérieure à celle du terrorisme

Dans les vingt prochaines années, le changement climatique pourrait
provoquer une grande catastrophe entraînant la perte de millions de
vies au cours de désastres naturels et de guerres ?

Un rapport secret, mis sous silence par les chefs de la Défense
américaine, que l’Observer a réussi à se procurer, avertit que de
grandes villes européennes seront englouties par la montée du niveau
des mers et que la Grande-Bretagne sera plongée dans un froid
sibérien d’ici 2020. Conflit nucléaire, sécheresses monstres, famine
et vastes émeutes éclateront de par le monde.

Le document prédit qu’un brusque changement climatique pourrait mener
la planète au bord de l’anarchie générale, dès le moment où des pays
déploieront leurs arsenaux nucléaires pour défendre ou se procurer
les ressources en nourriture, en eau et en énergie en voie de
diminution. La mise en péril de la stabilité mondiale éclipsera
largement la menace terroriste, disent les quelques experts dans le
secret.

« La vie se caractérisera par des conflits et des perturbations
continuels, conclut l’analyse du Pentagone, encore une fois, la
guerre dominera la vie des hommes. »

Ces conclusions s’avèrent plutôt humiliantes pour l’administration
Bush qui a constamment nié jusqu’à l’existence du changement
climatique. Certains experts ont dit qu’elles seront d’une lecture
alarmante pour un Président qui a toujours fait de la défense
nationale une priorité.

Ce rapport a été commandé par un important conseiller de défense
auprès du Pentagone, Andrew Marshall, qui a exercé une emprise
considérable sur le mode de pensée des militaires américains depuis
trois décennies. Il était derrière la grande réforme récemment lancée
sous le secrétaire de la défense Donald Rumsfeld, en vue de
transformer l’armée états-unienne.

Le changement climatique « devrait sortir du débat scientifique pour
devenir un sujet de sécurité nationale des Etats-Unis » déclarent les
auteurs, Peter Schwartz, consultant à la CIA et ancien responsable du
planning à la Royal Dutch/Shell, et Doug Randall de Global Business
Network en Californie.

Un scénario imminent de changement de climat catastrophique est « 
plausible et mettrait en cause la sécurité des Etats-Unis à un degré
tel qu’il faudrait immédiatement le prendre en considération »,
concluent-ils. Dès l’année prochaine, des inondations dues à la
montée du niveau des mers provoqueraient un grand bouleversement pour
des millions de personnes.

La semaine dennière, l’administration Bush a été prise à partie par
un aréopage de scientifiques respectés qui lui reprochaient de tirer
de la science ce qui peut servir son programme politique et de
supprimer les recherches qui ne lui conviennent pas. Jeremy Symons,
un ancien tireur de signal d’alarme de l’Agence pour la protection de
l’environnement (EPA), dit que la suppression du rapport depuis
quatre mois montre encore une fois que la Maison Blanche essaye
d’enterrer la menace du changement climatique.

Cependant, des climatologues de haut rang croient que leurs
conclusions pourraient bien être l’élément déclencheur qui forcera
Bush à considérer le changement climatique comme un phénomène réel et
effectif. Ils espèrent également convaincre les Etats-Unis de
rejoindre les accords mondiaux pour réduire l’allure du changement
climatique.

Un groupe d’éminents savants britanniques se sont récemment rendus à
la Maison Blanche afin de donner à entendre leurs craintes sur le
réchauffement planétaire, ceci faisant partie d’une action qui va en
s’intensifiant pour mener les Etats-Unis à prendre la question au
sérieux. Certains informateurs ont indiqué à l’Observer que des
officiels américains ont paru particulièrement sensibles au problème
quand ils ont entendu des critiques touchant à la position publique
de l’Amérique qui paraît de plus en plus déphasée.

L’un d’eux a même cité un cas où la Maison Blanche avait écrit un
courrier se plaignant de certains commentaires attribués au
professeur Sir David King, premier conseiller scientifique de Tony
Blair, parce qu’il avait qualifié la position du Président sur cette
question d’indéfendable.

Parmi les scientifiques présents aux entretiens de la Maison Blanche,
se trouvait le professeur John Schellnhuber, ancien conseiller en
chef pour l’environnement du gouvernement allemand et responsable du
plus remarquable groupe de spécialistes du climat du Royaume Uni, au
Centre Tyndall pour la recherche sur le changement climatique. Il a
déclaré que les craintes ressenties au sein même du Pentagone
pourraient bien faire pencher la balance et persuader Bush d’admettre
le changement climatique.

Sir John Houghton, ancien directeur général de l’Office
météorologique - et premier haut responsable à avoir comparé la
menace du changement climatique à celle du terrorisme - a dit : « si
le Pentagone envoie ce genre de message, alors c’est un document
véritablement important. »

Bob Watson, directeur scientifique de la Banque Mondiale et ancien
président du Comité intergouvernemental sur le changement climatique,
a ajouté que les sinistres avertissements du Pentagone ne pourraient
pas être ignorés plus longtemps.

« Bush peut-il ignorer le Pentagone ? Il est très difficile
d’anéantir ce genre de document. C’est extrêmement embarrassant.
Après tout, l’unique et la plus grande priorité de Bush, c’est la
défense nationale. Loin d’être un groupe de libéraux farfelus, Le
Pentagone d’une manière générale est conservateur. Si le changement
de climat représente une menace pour la sécurité et l’économie
nationales, alors il se doit d’agir. Il y a deux groupes que
l’administration Bush a tendance à écouter, le lobby pétrolier et le
Pentagone » a ajouté Watson.

« Vous avez un Président qui dit que le réchauffement global est un
canular, et sur l’autre rive du Potomac, vous avez un Pentagone qui
se prépare à des guerres climatiques. Il est assez effrayant de voir
Bush se mettre à ignorer son propre gouvernement sur la question. » a
dit Rob Gueterbock de Greenpeace.

Selon Randall et Schwartz, la planète porte déjà un plus grand nombre
d’habitants qu’elle ne peut en nourrir. D’ici 2020 les manques
"catastrophiques" d’approvisionnement en eau et en énergie
deviendront de plus en plus difficiles à surmonter, plongeant la
planète dans la guerre. Ils nous avertissent qu’il y a 8.200 ans les
conditions climatiques ont entraîné de vastes pertes de récolte, la
famine, la maladie et le déplacement massif de populations, ce qui
pourrait bientôt se reproduire.

Randall a indiqué à l’Observateur que les conséquences possibles d’un
brusque changement climatique créeraient un chaos généralisé. « C’est
quelque chose de déprimant, a-t-il dit, c’est une menace pour la
sécurité nationale qui est exceptionnelle, car il n’y a aucun ennemi
sur lequel braquer nos armes et nous n’avons aucun contrôle sur cette
menace. »

Randall a ajouté qu’il était déjà probablement trop tard pour
empêcher un désastre de se produire. « Nous ne savons pas exactement
où nous en sommes dans le processus. Cela pourrait commencer demain,
et nous n’en saurionspas plus pour les cinq années à venir » a-t-il
dit.

"Les conséquences du changement climatique pour certains pays sont
incroyables. Il paraît évident que la réduction de l’utilisation des
combustibles fossiles vaudrait la peine."

Selon Watson, les scénarii du rapport sont si dramatiques qu’ils
peuvent s’avérer déterminants lors des élections américaines. Le
candidat démocrate favori, John Kerry, est connu pour admettre que le
changement climatique est un réel problème.Les scientifiques
désillusionnés par la position de Bush sont passés à l’offensive pour
s’assurer que J. Kerry se servira du rapport du Pentagone dans sa
campagne.

Le fait que Marshall soit derrière ces amères conclusions facilitera
la cause de Kerry. Marshall, 82 ans, est une légende du Pentagone,
qui dirige dans l’ombre un groupe de réflexion consacré aux risques
pesant sur la sécurité nationale, appelé le Bureau d’évaluation
nette. Surnommé "Yoda" par les initiés du Pentagone qui respectent sa
vaste expérience, il passe pour être à l’initiative du développement
des missiles de défense balistique au Ministère de la défense.

Symons, qui a quitté l’EPA (Environmental Protection Agency/ Agence
pour la protection de l’environnement) en signe de protestation
contre les ingérences du politique, a indiqué que la suppression du
rapport est un exemple de plus de la manière dont la Maison Blanche
tente d’enterrer tout signe du changement climatique. « Encore un
autre exemple de la raison pour laquelle ce gouvernement devrait
cesser de s’enfouir la tête dans le sable à propos de cette question.
 »

Symons a indiqué que les liens étroits entre l’administration Bush,
le secteur de l’énergie à haute puissance et les compagnies
pétrolières, étaient essentiels pour comprendre pourquoi le
changement climatique a été accueilli avec tant de scepticisme au
Bureau ovale. « Cette administration refuse l’évidence afin de
ménager une poignée de sociétés dans le secteur de la haute énergie
et du pétrole » a-t-il ajouté.

Mark Townsend et Paul Harris, à New York,
22 Février 2004 The Observer (l’Observer)

"Now the Pentagon tells Bush : climate change will destroy us" by
Mark Townsend and Paul Harris in New York The Observer (Sunday
February 22, 2004)
Source : www.guardian.co.uk/climatechange

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