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Une femme de quarante-sept ans, Nathalie Ménigon, est en grève de la faim...

Publie le jeudi 4 mars 2004 par Open-Publishing

Une justice pas très claire
une chronique de Miguel Benasayag
rance-culture, vendredi 27 février 2004,
 http://www.radiofrance.fr/listen.ph...

Bonjour tout le monde,

Aujourd’hui, voyez, en France, à la prison de Bapaume, dans le
Pas-de-Calais, une femme de quarante-sept ans, Nathalie Ménigon, est
en grève de la faim, pour demander simplement son transfert dans une
prison où elle pourrait être soignée.

Vous direz : « Ah, Nathalie Ménigon ! Ah oui, la militante d’Action
Directe ! » Aujourd’hui, Nathalie Ménigon, dix-sept ans après son
arrestation, est surtout une femme qui a souffert de plusieurs
accidents cérébro-vasculaires. Elle est aujourd’hui hémiplégique.
Elle est dans un état physique et, en partie aussi psychologique,
catastrophique. Elle mesure 1,71 m et elle pèse au jour d’aujourd’hui
47 kg.

Et bien, on se rappellera par exemple qu’après son premier accident
cérébro-vasculaire, elle a fait une grève de la faim pour pouvoir
avoir le droit d’avoir un petit chat dans sa cellule. Alors vous
direz : « Dérisoire ! » Dérisoire, non. Ce n’est pas dérisoire, c’est
aussi une chronique de la cruauté ordinaire - cela lui a été refusé !
Condamnée à dix-huit ans de prison, elle a donc déjà purgé dix-sept
ans, mais elle demande aujourd’hui simplement le transfert dans une
prison où elle puisse être soignée, je crois que c’est celle de
Fresnes.

Et aussi, vous savez, elle demande à bénéficier de ce à quoi elle
aurait droit, de la loi Kouchner qui permet à certains prisonniers
dans un très mauvais état physique de connaître ce qu’on appelle la
suspen-sion de peine.

Mais alors, bien entendu, comment ne pas penser à Papon, qui aurait
un seul, mais un seul point com-mun avec Nathalie : celui,
soi-disant, d’avoir une santé très mauvaise. Mais lui, il a bénéficié
de la loi Kouchner. C’est le seul point commun, car, figurez-vous,
Nathalie Ménigon, elle, elle n’a pas déporté des enfants juifs, elle
n’est pas responsable non plus du massacre des Algériens du 17
octobre 1961. Elle, contrairement à Papon, a eu le courage de
revendiquer ses actes et ce qu’elle pensait. Et, en plus, bien sûr,
elle n’a pas été ministre de Giscard d’Estaing !

Comment ne pas voir là une sorte de cruauté, de revanche contre les
groupes militants ?

Et bien, nous avons parlé il y a quelques jours des « années de plomb
 », par rapport à Cesare Battisti, et du besoin urgent qu’une justice
non revancharde s’exerce en Europe par rapport à ces années-là.
Mais, surtout, il ne faut pas oublier que si Ménigon, à un moment de
sa vie, a exercé des actes violents, des actes illégaux, c’était
parce qu’elle percevait notre société comme trop cruelle, trop
injuste, trop brutale. Effectivement, elle a vu tellement dur l’ordre
social actuel qu’elle s’est révoltée avec violence.

Et bien, aujourd’hui, aujourd’hui, certaines personnes dans le
pouvoir sont en train, peut-être, de lui donner raison.

Collectif Nlpf
Nlpf@no-log.org
Courrier : NLPF c/o LPJ
58 rue Gay-Lussac
75005 Paris