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Chercheurs et personnels de l’éducation tentent un front commun

Publie le vendredi 12 mars 2004 par Open-Publishing

Chercheurs, enseignants, étudiants, même combat ? Les syndicats de l’Education appellent à une journée de grève et de manifestations, vendredi en France, pour dénoncer les restrictions budgétaires et les suppressions de postes dans leur secteur. Les chercheurs s’associent au mouvement et souhaitent un large front commun pour "la défense du service public d’éducation et de recherche".
Cette convergence, si elle prend, pourrait bien donner du fil à retordre au gouvernement qui peine déjà à se sortir de la fronde des chercheurs, d’autant plus que l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), l’Union nationale lycéenne (UNL), et la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) seront également de la partie.

Rassemblements et défilés sont notamment prévus à Marseille, Amiens, Besançon, Bordeaux, Caen, Moulin, Vichy, Montluçon, Bastia, Dijon, Valence, Lille, Limoges, Roanne, Saint-Etienne, Montpellier, Perpignan, Nantes, Bourges, La Rochelle, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, ou encore Paris.
Dans la capitale, les chercheurs, emmenés par leurs syndicats et le collectifs "Sauvons la recherche" à l’origine de leur mouvement, prendront la tête du défilé qui partira vers 14h des abords du métro Sèvres-Babylone pour se rendre jusqu’à l’université de Jussieu.

Côté grève, le Syndicat national unitaire des instituteurs (SNUIpp-FSU)) prévoit dans le premier degré au moins 40% de participation. Le mouvement concerne également le second degré et l’enseignement supérieur, mais les syndicats n’ont pas communiqué de chiffres pour ces deux derniers secteurs.

A l’origine, cette journée a été décidée par quatre des principales fédérations de l’Education (FSU, FERC-CGT, SGEN-CFDT, et UNSA-Education) réunies le 30 janvier, alors que le mouvement dans la recherche publique commençait à prendre de l’ampleur et avait été marqué, la veille, par une première journée de manifestations avec, notamment, entre 6.000 et 10.000 chercheurs dans les rues de Paris.

Les syndicats de l’éducation dénoncent la suppression programmée de plusieurs milliers de postes pour la rentrée 2004 -plus de 4.000 dans les collèges et lycées selon le Syndicat national des enseignements du second degré (SNES-FSU)- qui s’ajoute à la disparition progressive des aides-éducateurs, à la remise en cause du statut de surveillant, ou encore au transfert aux régions, dans le cadre de la décentralisation, des personnels ATOSS (Administratifs, techniques, ouvriers, personnels de service, et de santé).

Les chercheurs, de leur côté, ont décidé de se joindre à cette journée d’action dès le début du mois de mars sous l’impulsion des enseignants-chercheurs présents dans l’enseignement supérieur.

Ils ont confirmé leur appel mercredi, au lendemain de la démission -de leurs fonctions administratrives- de 2.086 directeurs et chefs d’équipes de laboratoires qui protestent contre le refus du gouvernement de transformer 550 postes contractuels de jeunes chercheurs en emplois statutaires, et contre des gels de crédits.

"Il est possible que notre jonction occulte un peu les problèmes spécifiques des personnels de l’éducation, mais je compte sur eux pour se faire entendre", a expliqué jeudi à l’Associated Press le secrétaire général du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS) Jacques Fossey.

"Il faut tout de même bien voir que nous avons des problèmes communs concernant l’emploi, et plus largement la question de la fonction publique", a-t-il ajouté.

"Il y a des convergences très fortes", a confirmé le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, principale fédération de l’éducation), Gérard Aschieri. "Ce sont des secteurs essentiels pour l’avenir, et dans les deux cas, le gouvernement les dépouille de leurs moyens pour assurer cet avenir".

Gérard Aschieri cite comme exemple le plus frappant, selon lui, "les concours de recrutements, où on supprime des postes statutaires au profit de postes vacataires, offrant ainsi comme seule perspective, pour les jeunes chercheurs ou les jeunes enseignants, des emplois précaires".

Sans attendre de voir l’ampleur de la mobilisation de vendredi, certains syndicats tablent sur cette convergence pour relancer un mouvement social plus large, qui pourrait prendre comme point d’appui les journées européennes de manifestations pour les droits sociaux et pour l’emploi prévues les 2 et 3 avril prochains, à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Les chercheurs, pour leur part, se sont déjà donné rendez-vous pour une nouvelle journée de mobilisation le 19 mars. PARIS (AP)