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Idriss Déby, un criminel contre l’humanité soutenu par la France : Repères

Publie le dimanche 10 février 2008 par Open-Publishing
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Le Tchad est un pays d’Afrique du Nord créé de toutes pièces par la France à l’issu d’une véritable conquête militaire. Le régime d’Idriss Déby a été installé fin 1990 par la France, son armée et ses services secrets, sur fond d’enjeu pétrolier avec le soutien du régime soudanais. Il s’est depuis signalé par la systématisation de la terreur, la banalisation de la torture et du viol, la répétition des nettoyages et massacres ethniques - des crimes contre l’humanité avec la mansuétude
des autorités politiques françaises.

 Né en 1952 à Fada (nord-est du Tchad) d’un père berger, Idriss Déby est un musulman de l’ ethnie Zaghawa, une branche du groupe Gorane que l’on trouve des deux côtés de la frontière tchadosoudanaise. Après avoir passé son baccalauréat, il a fait l’école d’officiers de N’Djaména, puis a obtenu en 1976 une licence de pilote professionnel en France.

 De retour au Tchad, il collabore avec le rebelle Hissène Habre qui chasse du pouvoir en 1982 Goukouni Weddeye , appuyé alors par la Libye. Hissène Habre le nomme commandant en chef de l’armée tchadienne.

 En 1985, il suit les cours de l’Ecole de Guerre à Paris et obtient, à son retour, le poste de conseiller militaire du président Habre.

 En 1989, rien ne va plus entre les deux hommes. En avril, accusés de complot, et craignant d’être arrêtés, Idriss Deby, son cousin Hassan Djamous qui l’a remplacé au poste de commandant en chef, et son demi-frère Ibrahim Itno, ministre de l’Intérieur, s’enfuient de la capitale. Djamous est tué mais Deby réussit à gagner la Libye, puis le Soudan, où il créée une armée, le Mouvement patriotique de Salut (MPS).

 1er décembre 1990. Le tyran et criminel contre l’humanité Hissène Habré est chassé du pouvoir par la France officiellement en raison de son refus de mettre en place un multipartisme préconisé par François Mitterrand au sommet de la Baule. Officieusement parce qu’il a voulu renégocier les accords dits de coopération signés avec la France depuis la fausse indépendance et fermer toutes les bases de l’armée coloniale française sur le sol national. Pour la France cela est inacceptable et son ex-protégé doit quitter le pouvoir.( Alwihda )

Idriss Déby prend donc le pouvoir, soutenu par le régime de Khartoum, avec l’aide de la France qui maintient son dispositif militaire . Accompagné de l’officier de la DGSE Paul Fontbonne, il conquiert N’Djaména sans guère rencontrer de résistance. Hissène Habré s’enfuit avec les liquidités publiques.La Commisson d’enquête sur ses crimes et exactions, présidée par le magistrat Mahamat Hassan Abakar, dénombrera 40 000 personnes tuées ou disparues de 1982 à 1990. Une grande partie des troupes d’Hissène Habré ayant participé au massacre furent dirigées personnellement par l’actuel Président Idriss Déby alors chef d’Etat major des armées.(Dossier Noir de la politique africaine de la France N°13 éd. l’Harmattan, Paris, 1999). Idriss Déby après avoir été, jusqu’en 1989, l’un des piliers du régime de Hissène Habré est porté donc au pouvoir par la France avec l’aide de la DGSE.

 Février 1991 Idriss Déby est reçu officiellement à Paris.

 28 février 1991 Promulgation de la Charte Nationale qui accorde tous les pouvoirs au Président Idriss Déby et remet à 30 mois l’instauration du multipartisme

 Mars 1991 Investi Président Idriss Déby promet la tenue d’une Conférence nationale ayant pour tâche principale l’élaboration d’une nouvelle Constitution

 1992 Les leaders d’opposition politique et syndicaliste expriment le souhait de voir l’armée française assurer la sécurité de la CNS. La France accorde un don de 220 millions de FF en plus de sa coopération militaire. Elle obtient qu’Elf-Aquitaine puisse participer au consortium pétrolier, à direction américaine, appelé à exploiter le pétrole du Sud tchadien.

 Février 1992 Assassinat du Vice-Président de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme, Me Joseph Behidi.

 Juin 1992 Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du Président Mitterrand, met 6 conditions au maintien de la présence militaire française (le plan Epervier) : forte réduction des effectifs de l’armée, tenue de la Conférence nationale, puis formation d’un gouvernement de transition, libération des prisonniers politiques, respect des droits de l’homme, reprise en main de l’administration financière de l’Etat. Seul le second point sera convenablement appliqué.

 Le 18 février 1992, le Nigeria arrête et extrade vers le Tchad 278 opposants tchadiens. Beaucoup d’entre eux étaient du MDD (Mouvement pour la Démocratie et le Développement) que dirigeait Moussa Madela. Au nombre des extradés figuraient également plusieurs dirigeants du MDD : Goukouni Guet, Ahmat Sakhaïr Bidon, Ahmat Hadad Abakar, Oumar Taher et Issa Mahamat Goran. Certains auraient été tués selon l’Amnesty International (Tchad/le cauchemar continue ... Amnesty International).

 Mi-décembre 1992 Le président Déby signe avec la France une convention instaurant un " dispositif d’appui renforcé aux finances tchadiennes " (impôts, finances, trésor, douanes), incluant le déploiement de coopérants français dotés des mêmes pouvoirs que les hauts fonctionnaires tchadiens.Faute de pouvoir empêcher les malversations, ces coopérants devront être retirés.

 Janvier 1993. Le gouvernement annule ou allège une grande partie des mesures du plan d’assainissement. Dans la région du Lac et dans le Sud, exactions des forces armées : 246 personnes tuées, 22 villages brûlés et pillés dans le Logone oriental.

 En avril 1993, 203 personnes égorgées par la garde républicaine à Kouhou Goré.

 En juin 1993, assassinat de M’bailao Mianbé, Directeur du Secrétariat Permanent à la Réinsertion des militaires déflatés.

 3 avril 1994. Prolongation d’un an de la période de transition engagée à l’issue de la CNS.

 Le 6 août 1993, une manifestation fut réprimée à la roquette et à l’arme automatique à N’Djaména, des blessés achevés par les soldats dans les ambulances. Au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 150 autres ont été blessées. Les soldats français stationnés au Tchad se sont limités à porter secours aux blessés.

 Fin 1993, Amnesty International dressait le bilan amer des trois premières années du régime Déby : " La terreur règne toujours. On continue de repêcher des cadavres dans les eaux du Chari, le fleuve qui arrose N’Djaména. Plus de 800 personnes ont été exécutées de façon extra-judiciaire. [...] Quels que soient ses mots d’ordre, le gouvernement de Idriss Déby utilise aujourd’hui les méthodes de répression dont il disait vouloir débarrasser son pays à l’époque où il luttait contre le régime de Hissène Habré. Les assassins, les tortionnaires, les ravisseurs qui sévissent au Tchad appartiennent aux forces de sécurité de Idriss Déby ".

 Juin 1994 : Paul Fontbonne s’en va après être resté le " conseiller-Présidence " DGSE de Déby, de décembre 1990 à juin 1994 ;des officiers français " encadrant " la " Garde républicaine " et l’armée.

 Eté 1994 . La DST rassemble à Paris, pour une " réunion de travail ", un certain nombre d’opposants au régime.

 Septembre 1994 " Expédition punitive " de la Garde républicaine dans le Logone, au Sud : tueries, pillages, tortures. La Garde républicaine continue d’être impliquée dans des assassinats politiques et des massacres. La Ligue tchadienne des droits de l’homme a ainsi dénoncé, en septembre 1994, " 72 heures d’expédition punitive et de politique de terre brûlée " dans le Logone, au Sud. " Le bilan des atrocités, des tueries, des pillages en règle et des tortures " serait " indicible ".

 En février 1995, massacres des populations de Goré (Logone oriental) et une commission d’enquête évalue le nombre des victimes à 247 morts et à des dizaines de blessés.

 Le 1er juin 1995, le journal N’djamena Hebdo est mis à sac, le Directeur de publication et ses journalistes sont battus.

 En Août 1995, plusieurs morts en détention dans les villages de Kou douhou, Beissa. Le 16 novembre 1995, cinq mouvements d’opposition (l’ANTD - le FNT - les FARF - le CDR - le FAIDT) créent un rassemblement appelé l’ANR (Alliance nationale de la résistance) dirigée par le Colonel Mht Garfa.

 En juin 1996 : élections présidentielles au Tchad. « Début 1996, le lobby français pro-Déby entreprend une magistrale opération de chirurgie esthétique : transformer un assassin invétéré (depuis le lycée) en chef d’état légitime. L’Elysée ne lésine pas sur la logistique électorale. Il dépêche à N’Djamena le meilleur spécialiste du parti gaulliste, celui qui fut l’année précédente une « pièce maîtresse de la campagne présidentielle de Chirac » : Jérôme Grand d’Esnon, suspecté par le juge Desmures d’avoir occupé un emploi fictif à la mairie de Paris. Un haut lieu du dopage électoral. »( Noir Silence , p.166)

 3 juillet 1996 : Idriss Déby l’emporte au second tour face à Kamougué Wadal Abdelkader. Il a été élu le 3 juillet 1996 avec 69,09% des voix, devançant Abdelkader Wadal Kamougue (30,91%). Il sera investi le 8 août 1996. Selon les organisations Survie et Agir ici, la France aurait largement aidé au truquage des élections de 1996, afin d’éviter un renversement légal du régime.

 Août 1996, asassinat à N’djamena, de Bichara Digui à N’djamena, le Président tchadien est mis en cause.

 10 Septembre 1996. Rapport d’Amnesty International sur le Tchad : « Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer que les véhicules tout-terrain, le carburant, les moyens de transmission et les menottes livrés au titre de l’AMT [Assistance Militaire Technique] ont été détournés de leur fonction initiale pour exécuter et tortuter.Manifestement, dans le cadre de l’AMT, la question des droits de l’homme n’a pas sa place. Cela a été confirmé à la délégation d’Amnesty International à N’Djamena en avril 1996 par les autorités françaises qui ont affirmé que ce sujet n’était pas traité par les instructeurs ».

 10 Octobre 1996. dans un rapport sur le Tchad, Amnesty International constate la banalisation de la torture et notamment le recours à l’arbatachar.

 Juillet 1997, Déby reçu officiellement par Lionel Jospin à Matigon et Jacques Chirac à l’Elysée.

 30 Octobre 1997, Déby envoie ses troupes massacrer les FARF ralliées dans leur coordination de Moundou. Laokein Bardé est seul, ou presque, à pouvoir s’échapper. On assassine des personnalités locales, on moleste l’évèque, on enlève des enfants, on tue les parents. Interdits d’inhumation, des corps sont livrés aux cochons. (Agence Reuters, 01.11.1997).

 Octobre 1998, Youssouf Togoïmi ex-ministre de la défense s’oppose au Président Idriss Déby, se retire au Tibesti et crée le MDJT (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad).

 Juin 2000 : La Banque Mondiale approuve le projet de construction d’un oléoduc long de 1 070 kilomètres pour acheminemer le pétrole de la région de Doba vers le port camerounais de Kibri. Le projet, géré par un consortium comprenant les compagnies américaines Exxon-Mobil et Chevron et la compagnie malaisienne Pétronas, a été piloté par la Banque mondiale (BM) qui en a fait son modèle d’investissement et de développement. De grandes entreprises françaises sont censées obtenir des chantiers lors de la construction de l’oléoduc (Bolloré, Bouygues, Alcatel-Alstom, Spie-Trindel). Pour limiter les coûts d’installation, Déby n’a pas hésité à spolier les paysans expropriés et n’a pas respecté ses engagements en matière de protection de l’environnement.

 Le 20 mai 2001, Idriss Déby est réélu. Selon plusieurs sources, émanant de certains observateurs nationaux et internationaux, les fraudes ont été systématisées par le pouvoir. La démission de 8 Membres de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) dont son vice-président, pour cause de fraudes et ainsi que leurs déclarations sur Radio France Internationale (RFI) sont assez éloquentes. La Fédération internationale des droits de l’homme a qualifié d’" État d’urgence de fait ", avec l’arrestation de certains opposants ayant dénoncé la fraude ainsi que de leurs directeurs de campagne.

Le régime d’Idris Déby a favorisé le vote d’enfants dans certaines régions (cf. photo)


(cliquez sur le lien)

- Les 28 février, 6 et 7 mars 2002 se déroulent les audiences du procès intenté par MM. Bongo, Déby et Sassou Nguesso (respectivement présidents du Gabon, du Tchad et du Congo-Brazzaville) à François-Xavier Verschave, président de Survie, et Laurent Beccaria, directeur des Éditions les Arènes, pour "offense à chef d’État étranger" sur la base de passages du livre Noir Silence, qui arrêtera la Françafrique ? Déby reprochant à François-Xavier Verschave de l’avoir qualifié « d’assassin invétéré ».

Extraits Noir Silence , p.166 : « Le lobby français pro-Déby entreprend une magistrale opération de chirurgie esthétique : de transformer un assassin invétéré (depuis le Lycée) en Chef d’Etat légitime »

 3 juillet 2002, La Cour d’appel de Paris a débouté le président tchadien Deby, le président congolais Sassou Nguesso et le président gabonais Omar Bongo de leur procès pour "offense envers un chef d’État étranger", intenté aux auteurs et éditeur du livre Noir Silence .François-Xavier Verschave y traitait entre autres Idriss Déby ’’d’assassin invétéré’’.

 2002. détournement de 7,4 millions de dollars sur les 21 millions de " bonus " versés à titre d’avance au gouvernement tchadien, constaté récemment par le FMI. Détournement de 4,5 millions de dollars, qui selon certaines sources tchadiennes, auraient servi à l’achat d’hélicoptères par le fils du président.

 Juillet 2003 : extraction du pétrole dans la région de Doba. À l’issue de cinq ans de travaux, la région est dévastée : destruction de l’environnement, cultures impossibles, fermeture des écoles et des administrations, migration des populations du sud.

 Juillet-Aout 2003 : hospitalisation de Déby à l’hôpital Américain de Neuilly sur seine.

 20 Septembre 2003 : Déby revient en visite officielle à Paris et est reçu par Dominique de Villepin et Jacques Chirac. Il rencontre les patrons du MEDEF-International.

 Octobre 2003 : acheminement du pétrole au Cameroun par l’oléoduc long de 1075 km.

 Mai 2004, Déby fait modifier la constitution pour se présenter à nouveau en 2006 à l’élection présidentielle. Le projet de révision, qui porte sur huit articles de la Constitution, a été intégralement adopté , à main levée , par 123 voix pour, 0 contre et une abstention. Les députés de l’opposition ont refusé de voter en quittant l’hémicycle.


REFERENCES :

Noir Silence , François-Xavier Verschave, Edition Les Arènes.

Tchad La visite à Paris d’Idriss Déby Paris bénit Déby , l’Humanité par Camille Bauer, 20.09.2003

Tchad La malédiction du pétrole, l’Humanité, ibid.

Le Tchad est déjà vendu , Réseau Voltaire, 19.09.03

Elections présidentielles au Tchad en 2001 (photos).Afrique-Express.

N’Djaména : Déby, entre Mobutu et tchador . Survie.

Tchad : quelques repères chronologiques . Survie.

La véritable nature du pouvoir d’Idriss Déby de 1990 à 2004. Récit d’un pouvoir corrompu, clanique, autoritaire, responsable de la mort de 25.000 personnes en treize ans de règne.Alwihda .

Dérives au Tchad , Réseau Voltaire.


France, Tchad, Soudan, au gré des clans, dossier du Réseau Voltaire


Arche de Zoé : que faisaient Nicolas, Cécilia et François dans cette galère ?

par Thierry Meyssan*

Des citoyens français intoxiqués par la propagande atlantiste ont été convaincus qu’un génocide se déroulait au Darfour et qu’ils pouvaient sauver des enfants d’une mort certaine. Ils ont financé l’équipée de « l’Arche de Zoé » qui a tenté d’enlever des enfants au Tchad. Étrangement, lorsque la presse s’est emparée de cette affaire, le président Sarközy n’est pas venu au secours des enfants victimes, ni des familles d’accueil abusées, mais des voleurs d’enfants. Pour protéger qui ?

La presse française ne manque pas un éditorial pour brocarder le président tchadien Idriss Déby qui a accusé sans retenue l’association humanitaire l’Arche de Zoé d’avoir tenté d’enlever des enfants pour satisfaire des pédophiles et se livrer à un trafic d’organes. Simultanément, elle loue le président français Nicolas Sarközy, qui s’est immédiatement déplacé au Tchad pour faire baisser la tension et rapatrier plusieurs prévenus.

L’ombre de Cécilia

Le Figaro s’est fait l’écho de la colère de la nièce d’un des bénévoles de l’Arche de Zoé incarcéré au Tchad : ce sapeur-pompier aurait été abusé par les dirigeants de l’association qui lui aurait fait croire que l’opération de sauvetage des enfants était patronnée par Cécilia Sarközy [1].

Mais le quotidien n’indique pas de quelle manière les dirigeants de l’Arche de Zoé avaient pu convaincre les bénévoles d’un tel patronage s’il n’existait pas.

Et si ce patronage était imaginaire, pourquoi le président Sarközy s’est-il cru obligé de monter immédiatement en première ligne ? [2]

Un Sarközy peut en cacher un autre

L’objet social de l’association l’Arche de Zoé est d’« intervenir en faveur des enfants victimes du tsunami du 26 décembre 2004, à Banda Aceh (Sumatra, Indonésie) pour leur permettre de retrouver des conditions de vie décentes par des programmes sanitaires, sociaux et éducatifs ; développer, mettre en œuvre et coordonner des programmes de réhabilitation de l’environnement familial et social de ces enfants ; développer tout programme en adéquation avec les besoins des enfants et de leur environnement de manière à favoriser le retour à l’autonomie, de façon plus générale ; mettre en œuvre toute action permettant de venir en aide aux enfants en difficulté, en détresse ou victimes de catastrophes naturelles ». Comme ne le laisse pas deviner cet énoncé humanitaire, l’association est une initiative d’un organisme semi-public français, Paris Biotech Santé. Celui-ci a été fondé conjointement par l’Université Paris-V Descartes, l’INSERM, l’École centrale de Paris, et l’ESSEC, et dispose de tous les agréments officiels nécessaires. Son objet est de soutenir des projets de création d’entreprises dans le domaine du médicament, des dispositifs médicaux et des services aux malades [3]. Paris Biotech Santé gère un immeuble de 3 200 m², dont 2 500 m² de laboratoires, à l’hôpital Cochin. Ces installations ont été inaugurées en grande pompe, il y a trois semaines par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, le président de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon, et le président de l’université Paris-V Descartes, Jean-François Dhainaut [4].

Il résulte de ce montage que la finalité ultime de l’Arche de Zoé est de tester des programmes sanitaires sur des enfants en difficulté dans le tiers-monde en vue de leur développement commercial.

Les liens organiques de l’Arche de Zoé et de Paris Biotech Santé sont attestés par l’avis de création de l’association publiée au Journal officiel de la République française du 2 juillet 2005. Il précise : « Siège social : 23, rue Hallé, 75014 Paris. Courriel : lefebvre.s tzL parisbiotech.org ».
Au demeurant, Stéphanie Dhainaut-Lefèbvre, contact légal de l’Arche de Zoé est aussi la directrice adjointe de Paris Biotech Santé et l’épouse du président de l’université.
En outre, l’Arche de Zoé est la déclinaison française de la Zoe’s Ark Foundation Inc. (154 A’Becket Street, Melbourne 3000, Victoria, Australie). Malgré le communiqué de la Fondation assurant n’avoir aucun lien avec l’association homonyme française, tous les responsables français sont membres de l’organisation-mère australienne, y compris Paris Biotech Santé qui figure parmi la liste fiscale en notre possession.

Contacté par téléphone, Paris Biotech Santé indique que seul son directeur, le professeur Olivier Amedée-Manesme, est habilité à répondre à la presse et que celui-ci n’est pas joignable. C’est dommage car il aurait été en mesure d’indiquer quel avis le Comité d’évaluation de Paris Biotech Santé a émis sur le programme Arche de Zoé ; un Comité d’évaluation où siège le docteur François Sarközy, médecin pédiatre. Contacté à son tour par téléphone, le secrétariat de François Sarközy nous assure qu’il transmet notre question et nous rappelera.

François Sarközy est politiquement proche de son frère aîné, le président Nicolas Sarközy, au point que celui-ci, lorsqu’il était maire de Neuilly et ministre de l’Intérieur, l’avait fait nommer médiateur dans le conflit social de l’hôpital américain de Neuilly [5].

Le Figaro le présentait au lendemain de l’élection présidentielle comme l’une des 100 personnalités qui compteraient désormais « au coeur de la future équipe de France » [6]. Le média sarközyste (excusez le pléonasme) précisait : « Ce pédiatre de 48 ans, vice-président du Conseil de surveillance d’une société de biopharmaceutique, s’est beaucoup rapproché de son grand frère Nicolas lors de la campagne, notamment à l’occasion de séjours brefs mais studieux dans la maison de François, en Provence. » De son côté, Le Nouvel Observateur indique : « Autant Nicolas Sarkozy entretient des relations orageuses avec son frère aîné Guillaume, un temps vice-président du Medef, autant il se sent proche de François, un pédiatre devenu manager. C’est chez lui que Sarkozy a reçu ses amis, le soir de son discours “fondateur” du 14 janvier, et c’est dans sa maison du Midi qu’il s’est parfois réfugié pendant la campagne » [7]. Le Monde note : « Le frère cadet de M. Sarkozy a été beaucoup vu au cours de la campagne. C’est chez lui, dans sa maison des Alpilles, que l’ex-ministre a passé de nombreux week-ends ces derniers mois. En l’absence de Mme Sarkozy - qui n’a été officiellement présente au côté de son mari que le 14 janvier et le 22 avril, et enfin dimanche 6 mai sur le podium dressé place de la Concorde, à Paris, au soir de la victoire -, il a symbolisé une présence familiale autour du candidat. Interrogé un jour sur le sens de sa présence, François Sarkozy, soucieux de lever toute ambiguïté, avait précisé : “Je ne le soutiens pas, je l’accompagne”. » [8]

François Sarközy est aussi une personnalité influente des médias. Ainsi Libération lui a attribué un rôle dans l’éviction de Robert Namias de la direction de TF1 au lendemain de l’élection présidentielle [9].

À la rubrique « François SARKÖZY de NAGY-BOCSA », le Who’s Who in France indique : « Interne des Hôpitaux de Paris en pédiatrie (1983-85 et 1987-89), Assistant au laboratoire de physiologie respiratoire de l’hôpital Trousseau à Paris (1989-90) ; aux laboratoires Roussel-Uclaf : Chef de projet international pour les antibiotiques (1990-93), Directeur du développement clinique international (1994-95), Responsable du développement international (1995) ; au groupe Hoechst Marion Roussel : Vice-président, Directeur de la gestion du portefeuille et des projets en développement international à Bridgewater (États-Unis) (1996-98), Directeur médical et pharmaceutique pour la France (1998-99) ; Président-directeur général du Centre international de toxicologie (1998-99) ; Directeur médical pour la France à Aventis (1999-2000), Associé du Cabinet de conseil en stratégie et en organisation devenu AEC Partners (depuis 2001), Président d’AEC Partners Inc. (depuis 2006) ; Vice-président, Membre du conseil de surveillance de BioAlliance Pharma (depuis 2005) »

Bio Alliance Pharma termine ses expérimentations humaines pour le lancement de médicaments luttant contre des maladies opportunistes du cancer et du HIV, Loramyc, Lauriad et Transdrug [10].

Le monde étant petit, en 2006, le principal client de François Sarközy à AEC Partners est le syndicat français de l’industrie pharmaceutique (LEEM), lequel emploie aussi Stéphanie Lefebvre de Paris Biotech Santé et de l’Arche de Zoé, via LEEM-Recherche.

Le président Idriss Déby ne s’est certainement pas exprimé à la légère. Le rapatriement des journalistes et des hôtesses de l’air impliqués dans cette opération a dû être chèrement négocié. Au demeurant, le Tchad, en traduisant en justice les responsables de l’Arche de Zoé, conserve un moyen de pression non-négligeable sur le président français.

Thierry Meyssan
Journaliste et écrivain, président du Réseau Voltaire.

DROIT DE RÉPONSE

 Pour lire le communiqué de Paris Biotech Santé, cliquez ici
 Et pour lire le démenti du démenti, cliquez ici

[1] « La nièce d’un des Français détenus dénonce les mensonges de l’association », par Angélique Négroni, Le Figaro, 3 novembre 2007.

[2] « Nicolas Sarkozy en première ligne dans l’affaire de l’Arche de Zoé », AFP, 4 novembre 2007.

[3] « Paris Biotech : un cocon protecteur pour jeunes entreprises de la santé », AFP, 3 octobre 2006.

[4] « Inauguration de la pépinière d’entreprises Paris Santé Cochin », AFP, 17 octobre 2007.

[5] « Fin de la grève du personnel de nuit à l’Hôpital américain de Neuilly » et « Accord direction/personnel de nuit à l’Hôpital américain de Neuilly », AFP, 17 et 28 février 2006.

[6] « Les 100 noms qui vont compter » par Yves Derai, Le Figaro, 12 mai 2007.

[7] « Aujourd’hui, ce sont eux qui incarnent la fameuse "rupture" - Les 100 de Sarkozy », par Hervé Algalarrondo, Le Nouvel Observateur, 10 mai 2007.

[8] « Eux aussi ont fait gagner Sarkozy », Le Monde, 8 mai 2007.

[9] « ...Des rides, et c’est pas fini » par Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, Libération du 22 mai 2007.

[10] « BioAlliance Pharma Names Francois Sarkozy as Vice-Chairman of its Supervisory Board ; Healthcare Industry Professional Brings Further Operational and International Experience to Specialty Pharma Company », Business Wire, 5 janvier 2006.

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  • articles d’origine
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    lire aussi Avez-vous des nouvelles du Tchad, mr les journalistes ?

    La France a permis à Idriss Déby de sauver son régime

    introduction :

    Des troupes spéciales françaises ont pris part aux affrontements de la semaine dernière, tandis que la France soutenait en munitions et en renseignement le régime tchadien

    Sans le soutien de la France, le président tchadien Idriss Déby n’aurait pas pu contrer l’offensive de trois forces rebelles coalisées en fin de semaine dernière. C’est ce qui ressort d’informations livrées par des diplomates et des militaires français. En dépit des assurances données par les responsables français et tchadiens, des troupes françaises ont été engagées dans des combats visant à contrer l’offensive rebelle.

    tchad1.jpg

    PARIS (AFP) - Arche de Zoé : les demandes de grâce des six Français transmises vendredi au président tchadien

    Pourquoi Déby est-il prêt à gracier les membres de l’Arche de Zoé ?, la Croix du 7/2/2008

    Le président tchadien n’a pas exclu jeudi 7 février de gracier les six membres de l’Arche de Zoé condamnés en décembre pour « tentatives d’enlèvement d’enfants ». Au moins quatre demandes de grâce ont déjà été transmises à l’Élysée.
    Entretien avec Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques à Paris

    « La grâce des six membres de l’Arche de Zoé a certainement été négociée avant l’intervention de la France aux côtés de l’armée tchadienne. Mais Idriss Déby utilise les derniers événements pour donner plus d’effet à une annonce qu’il aurait faite tôt ou tard. Cette affaire de l’Arche de Zoé lui avait permis de retrouver un peu de légitimité populaire alors qu’il était parvenu au pouvoir par les armes en 1990, avec le soutien de la France, et que sa réélection en 2006 avait été contestée.

    L’attaque de la rébellion a en outre renforcé cette légitimité puisque la communauté internationale, de l’Union africaine à l’Union européenne, a condamné cette agression, tandis que les Nations unies ont donné le feu vert à la France pour aider Idriss Déby à se maintenir au pouvoir.

    Pour ce qui est du rôle de la France, il peut être perçu de nouveau comme post ou néocolonial. L’offre de Déby de gracier les Français de l’Arche de Zoé vient renforcer cette impression.

    Ceci ne veut pas dire que Déby n’est pas un dictateur

    La France se trouve imbriquée, de par son histoire sur le continent africain, dans une problématique géopolitique régionale. L’enjeu de son influence au Tchad recoupe l’enjeu de l’influence de la Chine au Soudan. Celle des États-Unis aussi, qui installent des bases militaires dans la bande sahélienne, et de Djibouti à Sao Tomé.

    En outre, les rebelles, divisés entre eux, mais alliés provisoirement pour la prise de pouvoir, n’apparaissaient pour personne comme une alternative politique crédible. Ceci ne veut pas dire qu’Idriss Déby n’est pas un dictateur.

    Mais le Tchad pour l’instant continue à offrir le spectacle d’un jeu de chefs de guerre ou de clans, sans opposition visible. Il faut enfin insister sur le poids de la crise au Darfour. Les rebelles sont partis du Soudan. »

    Recueilli par Catherine REBUFFEL

  • Comment la France a prêté main forte aux forces régulières tchadiennes
    AFP
    Par Par Hervé ASQUIN AFP - Vendredi 8 février, 16h41

    N’DJAMENA (AFP) - La France a apporté une assistance décisive au président tchadien Idriss Deby Itno et à l’Armée nationale tchadienne (ANT) depuis l’offensive de la rébellion lancée le 28 janvier, conjuguant un soutien logistique à une intense activité de renseignement.
    Les six Mirage F1 et les deux appareils de reconnaissance Atlantique 2 prépositionnés sur l’aéroport de N’Djamena ont été les yeux d’Epervier, le dispositif mis en place en 1986 et qui perpétue une présence militaire française au Tchad quasi-permanente depuis l’indépendance en 1960.

    Ces appareils ont reçu le renfort d’un Transall du Commandement des opérations spéciales (COS) équipé d’une caméra thermique.

    "Nous avons été en l’air pratiquement 24H/24 pendant six jours", a indiqué le lieutenant-colonel Philippe Zivec, commandant du dispositif aérien. Tout ou partie des renseignements recueillis a ensuite été communiqué aux autorités tchadiennes par le canal de l’attaché de défense de l’ambassade de France.

    Selon un pilote, ce dispositif a permis de "suivre en direct tous les combats".

    Au titre d’un accord de coopération militaire, les forces françaises fournissent également du carburant, dont 200 m3 de kérosène par mois destinés à la petite armée de l’air tchadienne, ainsi que divers matériels et 10.000 rations de combat.

    Cette aide permet à l’ANT de maintenir en état de marche ses pick-up (véhicules à plate-forme), quatre redoutables hélicoptères de fabrication soviétique et deux avions stationnés sur l’aéroport de N’Djamena mais surtout des tanks T-55, également de l’époque soviétique, qui lui ont assuré une puissance de feu précieuse dans la bataille de N’Djamena.

    L’accord prévoit aussi une assistance médicale. A ce titre, une cinquantaine de soldats de l’ANT blessés dans les combats ont été soignés par des équipes françaises, certains ayant bénéficié d’évacuations sanitaires.

    Ce soutien a été d’autant plus décisif que les rebelles, lorsqu’ils ont atteint N’Djamena samedi avant d’être repoussés, se trouvaient à plus de 800 km de leurs bases arrière du Soudan, privés de ravitaillement en munitions, vivres et essence.

    Depuis le camp Kosseï, la principale base française au Tchad qui jouxte l’aéroport de N’Djamena, les éléments français, parmi lesquels 200 soldats des forces spéciales, ont effectué de nombreuses sorties sur le terrain pour évacuer les ressortissants étrangers pris au piège des combats.

    Cette mission d’évacuation supposait de "tenir" l’aéroport de N’Djamena, seule voie de sortie, a souligné le colonel Paul Perié, commandant du dispositif Epervier. Au cours des combats, les militaires français postés aux abords de l’aéroport ont été "testés à plusieurs reprises" par la rébellion, a-t-il précisé, évoquant une "réponse graduée".

    Selon lui, "la position d’un petit groupe de rebelles au nord-est de la piste qui tirait systématiquement sur nos avions au décollage a également été +arrosée+". Mais aucun soldat français n’a pris part aux combats, a-t-il souligné.

    Avant de quitter N’Djamena, au terme d’une visite surprise de quelques heures mercredi marquée par une rencontre avec le président Deby, le ministre français de la Défense Hervé Morin avait souligné le soutien "sans faille" apporté par la France au "gouvernement légitime du Tchad".

    Signe de l’importance des opérations de renseignement menées par la France, le ministre était accompagné du général Benoît Puga, sous-chef Opérations à l’état-major des armées et surtout ancien patron du COS