Accueil > Dépasser le parti guide

Dépasser le parti guide

Publie le dimanche 27 avril 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

de Jean-Paul LEGRAND

Pas de parti guide, mais un rapport autogestionnaire de la relation parti-peuple

Suite à mon article paru le 20 avril dernier sur Bellaciao, des commentaires m’amènent à préciser ma conception du Parti révolutionnaire.

Je rejette la notion de parti-guide qui fait davantage référence à un modèle classique de la politique dans lequel le parti serait "la tête pensante" et le peuple "l’éxécutant". On sait à quelles dérives gravissimes cela a conduit.

Cette conception relève davantage des vieilleries idéologiques de la société de classe qu’il nous faut combattre. Doit-on en conclure par conséquent qu’il ne faut plus de parti ? Non.

Alors pourquoi ?

Les défis auxquels l’Humanité est confrontée sont tels qu’il y a un besoin urgentissime de passer à un degré de civilisation supérieure sous peine d’une régression extrêmement brutale, d’une cyber-barbarie, d’un retour en arrière sur tous les plans : politiques, économiques, démographiques, environnementaux, etc...Pour que ce "bond en avant" vers une civilisation du développement humain puisse s’opérer, des milliards d’individus doivent prendre conscience que leurs actes et leurs actions peuvent modifier le "cours de l’histoire. Mais pour en prendre conscience, leurs rapports sociaux doivent se dégager de conceptions anciennes pour rechercher par la lutte des conceptions nouvelles qui relèvent elles-mêmes d’une pratique nouvelle de la politique.

La conscience du mouvement réel de la société ne nait pas spontanément dans le cerveau des hommes, pour que cette conscience se construise il est nécessaire que la pratique sociale soit critiquée (au sens d’exercice de l’esprit critique) et théorisée par le plus grand nombre.

Pour moi, il n’y a pas de parti guide, mais une relation dialectique entre parti et peuple qui doit se construire. En quelque sorte une autogestion populaire de la lutte dans laquelle le parti est l’émanation théorico-pratique du mouvement pour anticiper, imaginer et créer des hypothèses et des perspectives de transformation. Le parti en retour met à disposition du peuple ses idées anticipatrices non comme des dogmes ou des vérités révélées mais comme des moyens pour inventer des pratiques se dégageant des modèles dominants et suscitant la créativité.

Le parti doit devenir l’organisation "réfléchissant" le meilleur des idées progressistes et des expériences de lutte du mouvement populaire, la référence politique du mouvement et pour cela il doit effectivement être comme un poisson dans l’eau au sein du peuple.

J’écrivais dans mon précédent article : "Le parti révolutionnaire doit devenir tellement attractif qu’il doit réussir à supplanter l’isolement opéré par l’utilisation capitaliste des médias et en particulier de la télévision. A notre époque, le parti révolutionnaire doit devenir un lieu où le développement et l’enrichissement culturel de ses membres devienne sur une base internationaliste l’une des priorités fondamentales de son action afin en retour d’irriguer la société de ces rapports riches en coopération, inventivité, créativité sociale et politique".

Par conséquent pour être au sein du peuple comme un poisson dans l’eau, le parti révolutionnaire doit en permanence être un laboratoire à la disposition du peuple c’est à dire un lieu où les gens peuvent en totale liberté anticiper et exercer leurs expériences de luttes micro-sociales à l’échelle de leur quartiers, de leurs communes dans le but de les partager avec d’autres et de les faire devenir opérantes en France, en Europe et dans le Monde pour généraliser la lutte révolutionnaire à l’échelle planétaire. Le parti a donc vocation à dépasser ses dimensions locale et nationale pour devenir international non de façon administrative mais dans une pratique intégrant le rapport local-global des luttes révolutionnaires.

Jean-Paul LEGRAND

htpp ://creil-avenir.com

Messages

  • La crise energetique du XXIe siecle est devant nous.

    les partis politiques comme les Etats n’ont pas su ,pu,voulu l’anticiper.

    Toutes les alternatives avancées d’en bas en Europe comme aux USA ont été rejetées comme utopies.

    Cette situation va voler en eclat des que la crise sera effective, on a bien vu les consequences politiques d’une semaine de penurie d’essence en 1968, ce qui nous attend est un choc bien plus grand,malgré les reserves strategiques.

    Les bases economiques et politiques ne resisteront pas longtemps a un baril a 200 $ !!!

  • On connait l’objectif : le communisme ou l’auto-gestion généralisée, le pouvoir des travailleurs concret réel, libérant les individus.

    Pas le pouvoir d’un parti au nom du peuple ou à la place du peuple ou au nom des travailleurs ou se disant le parti des travailleurs et en même temps confiant à sa hiérarchie de diriger la société.

    L’immense détour, commun d’ailleurs au stalinisme et à la social-démocratie d’avoir des relations hierarchistes avec les travailleurs, a troublé profondément les conceptions , les objectifs et les maillons stratégiques intermédiaires pour aboutir à des sociétés qui sont pile-poil l’inverse du communisme et qui finissent par le capitalisme (la social-démocratie prefere rester dans le capitalisme tandis que le stalinisme d’état a fait le détour par un système de caste dirigeante d’état policier pour finir moderne bourgeoisie).

    Les soucis d’efficacité court terme, les désirs de raccourcis, les vieilles habitudes du monde qu’on cherche à changer, dévorent l’espérance d’atteindre les objectifs.
    Pire encore, ils nous rejettent en arrière.

    Nous connaissons donc le but : une société de libertés, où les libertés individuelles sont un des leviers de l’auto-gestion généralisée (extension de la démocratie à la sphère de pouvoir réel : l’économie), où l’état n’a plus assez de forces pour, même si il le voulait, réprimer la population, la soumettre.

    Cet objectif de libertés , qui n’est pas partagé par tout le monde, ne distingue là nullement entre anars et communistes, en passant par toutes les moutures intermédiaires.

    C’est donc comment y aller, quels types de moyens politiques, organisationnels on se donne pour y aller, sans que ceux-ci puissent dévoyer et faire bifurquer l’essentiel.

    Il ne faut pas se gargariser des mots : Sous forme de mouvement, de parti ou d’organisation, rassembler des gens sur un même objectif et essayer d’y amener le reste de la population est bien quelque par un comportement qui part du principe que nos conceptions sont meilleures pour assurer le bonheur de tous que celles de la majorité de la population ou d’autres courants politiques.

    Bref, on se comporte là comme une avant-garde.

    Mais tout se différencie suivant qu’on considère et agit comme si cette position impliquait un objectif de commandement sur le reste de la société, de considérer les travailleurs non pas comme des gens qu’on aide à diriger mais comme des gens qu’on doit commander, manœuvrer, diriger.

    Le type de démocratie de notre société s’accommode bien de ces travers de relations hierarchistes avec la population et les travailleurs. les délires égocentriques des dirigeants des partis de droites et socialistes sont bien symptomatiques des relations étranges avec la démocratie des partis qui ont fait naitre de si étranges créatures.

    Le passage du renversement du pouvoir capitaliste et des mesures nécessaires pour y arriver ne doit pas dévorer l’orientation qui consiste à faire autre chose, radicalement, de ce que font les autres partis. Il n’y a pas là à reproduire la relation hiérarchique qu’ont entretenu et entretiennent les partis qui ne veulent pas d’une société libérée de l’essentiel des oppressions et exploitations.

    Il s’agit bien d’aider , de magnifier ce qui fait prendre pouvoir aux travailleurs sur leur propre destin. C’est la poussée de ce pouvoir des travailleurs avec les outils démocratiques que les déshérités se donneront qui est essentielle et nous rapproche d’une autre société plus libre et moins injuste, mais pas les écuelles, les postes, les postes de maires, députés, ministres, etc obtenus par un parti.

    Ca ne veut pas dire d’être contre d’avoir des élus pour un parti, mais que celui-ci subordonne l’électoralisme à l’objectif de l’extension de la démocratie et du pouvoir des travailleurs au travers de leurs organisations.

    De la même façon que le développement d’un parti dans les entreprises et les quartiers n’a de sens que si ce développement a conséquence d’aider au développement de ce qui compte : la démocratie sociale, indépendante du parti.

    Il ne peut y avoir de relation hierarchique entre le parti et la population, et l’objectif comme la stratégie pour y arriver implique de cultiver la capacité de la population et des travailleurs d’avoir tous les pouvoirs , réellement, au plus près et avec des représentations les mieux controlées possibles, les débats les plus libres possibles...

  • Dans ce pays, il y a un peuple dans lequel on trouve des bourgeois, des prolétaires et même une classe ouvrière. Les uns vivent du travail des autres qui n’ont d’autre solution, pour vivre, que de vendre leur force de travail au plus offrant !

    Reste à savoir pour le compte de qui ce parti va travailler, pour les exploiteurs ou pour les exploités ?

    La bourgeoisie ne se pose pas la question du "parti guide", elle se contente de donner à son personel politique l’ordre de faire, tous les jours, et dans tous les domaines, la politique la plus profitable possible pour ses intérêts. Et quand ils n’obtempèrent pas dans des délais raisonnables, elle les jette à la poubèle.

    Le problème des prolétaires c’est de réaliser leur unité pour appliquer la même démarche !

    CN46400

    • Jean Paul je continue à te suivre. Peux tu prendre une initiative pour une rencontre de communistes de tous lieux, ceci dans un cadre tout à fait naturel d’échanges entre communistes. Fraternité.

  • Oui c’est un débat qui est essentiel, y compris et sans doute surtout
    au PCF car il détermine la différence entre pratique révolutionnaire
    dans une société capitaliste avec rapport capital-travail et pratique
    réformiste qui consiste à remettre toujours à plus tard une rupture
    avec le mode de production et le type de rapports idéologiques dans
    la société.

    Le gauchisme, c’est sous-évaluer les rapports de force en général.
    L’opportunisme, c’est croire que le Parti est le seul à avoir la bonne
    solution et l’expression d’un bon ou mauvais compromis.
    Dans un débat sur Mai 68, je viens de voir le film de JP THORN
    "oser lutter, oser vaincre" qui montre bien ses deux réalités.
    J’exclue de ce débat la social démocratie qui s’inscrit depuis plus
    d’un siècle dans une logique d’adaptation au capitalisme.
    Or, JP , tu me sembles t’inscrire que dans un seul Parti, or que cela
    nous plaise ou pas, il y a d’autres courants idéologiques qui veulent
    pour dire simple changer la société sans attendre la fin de la pluie !
    Et surtout, tu ne décris pas quels moyens , quels clefs pour permettre
    ce lien avec le peuple ! Les élections uniquement, les syndicats, des
    comités de lutte, de grèves etc ...
    Le film sur LIP montre à mon avis un début de réponses. La dernière
    lutte internationale des Renault qui permet d’aller vers une harmonisation
    positive du coût du travail m’apparait aussi comme une bonne piste !
    La victoire du non au référendum contre la constitution européenne
    libérale de Giscard que le PS vient de faire passer et donc à ce moment
    précis des évènements la mise en place de comités unitaires est aussi
    un autre bon exemple ! or la direction du PCF aujourd’hui juge aussi
    cet exemple comme négatif sans expliquer d’ailleurs le pourquoi sauf
    notre pitoyable ego de Parti et la volonté de créer un peu partout pour
    devenir majoritaire des pseudos comités qui n’avaient rien de démocratique
    dans leur fonctionnement ( et je l’ai vécu à Mondeville -14200 !!!) .
    Alors oui le débat il faut l’avoir !
    Je crains malheureusement que deux faits vont anéantir ce débat =
    - l’attitude cocorico du PCF qui croit que tout peut rebondir grâce
    d’ailleurs non pas à la ligne politique du Parti ( laquelle d’ailleurs ? ) mais
    au travail local des élus
    - l’attitude de la majorité de la LCR qui croit construire un nouveau parti
    à travers de sa campagne actuelle pour son élargissement = un exemple
    concret à CAEN, un nouveau parti demanderait pour le moins de discuter
    avec l’ANPAG mais on a bien vu aux dernières élections municipales le
    refus d’une véritable démarche unitaire ( la Gauche (PS PCF VERTS ) ont eu
    d’ailleurs un comportement comparable !!!!
    Ce que dit GAYSSOT que j’ai énormément critiqué dans sa pratique
    de ministre au temps de la Gauche plurielle me semble être aussi une
    autre piste intéressante.
    Et pour que les choses soient clairs, cela n’empêche pas tous ceux
    qui comme moi se réclament du communisme de se réunir sous forme
    d’assises pour exprimer dans un exemple de pluralisme ce que pourrait
    être le communisme du 21éme siècle au regard des expériences du passé !