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Dakar Tunis

Publie le dimanche 4 mai 2008 par Open-Publishing
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Au Sénégal le président de la république, Nicolas Sarkozy a prononcé le 26 juillet 2007 un discours cynique et raciste : « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». L’ordre est clair : les africains doivent quitter la nature pour entrer dans la « civilisation » et donc cesser d’être des sauvages : « Le paysan africain qui vit avec les saisons depuis des millénaires, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. ». Et « jamais il ne s’élance vers l’avenir ».

C’est la vérité de Sarkozy. C’est le fond de sa pensée « Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l’on doit à des amis que l’on aime et que l’on respecte. »

L’homme africain ne peut donc jamais regarder vers l’avenir. Les luttes contre les crimes et les souffrances de l’esclavage et de la colonisation sont totalement ignorées. Les combats contre les dictatures d’aujourd’hui, souvent installées, armées et financées par la France sont occultés. Combien de morts les soulèvements et les révoltes contre ces dictatures ont-ils fait ?

Qui regarde vers le passé ? Sarkozy avec ses discours racistes teintés d’une certaine nostalgie de l’époque coloniale, ou l’africain qui résiste aujourd’hui aux diktats du FMI, Banque mondiale, OCDE et autre OMC pour un avenir meilleur ? Décidément l’Etat français à un véritable complexe avec son passé. Mais l’histoire s’écrit avec ou sans Sarkozy. La roue de l’histoire ne tourne jamais en arrière.

Après le discours de Dakar voilà celui de Tunis…

Fin avril 2008, et devant des centaines de patrons tunisiens et français, Sarkozy s’exclamait « vous avez une main-d’oeuvre qui ne demande qu’à être formée, nous avons beaucoup d’intelligence et beaucoup de formation » et de poursuivre « ensemble, avec votre main-d’oeuvre, avec nos écoles nos universités, avec ce que nous échangerons, nous pouvons créer un modèle qui triomphera dans le monde entier." Au-delà de cette déclaration raciste, c’est surtout cette vision passéiste d’une France civilisatrice répandant lumière et intelligence à travers la planète qui est dangereuse. Il s’agit d’une expression idéologique et politique profonde. L’article 4 de la loi du 23 février 2005 commence ainsi « « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord (…) ».

Choqués par ce mensonge officiel, historiens, enseignants, militants des droits de l’homme etc. ont réagi très vite. Cet article a été abrogé. Mais cette abrogation n’a pas empêché Sarkozy de continuer à réhabiliter la colonisation dans ses discours : « le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. » ou encore la France est « le pays qui a le plus fait rayonner les valeurs de liberté, de tolérance, d’humanisme. » (1).

Les victimes des massacres de Sétif le 8 mai 1945 (45 000 morts), de Madagascar le 29 mars 1947 (89 000 morts) et plus près de nous ceux du génocide Rwandais (2) entre avril et juin 1994 (entre 500 000 et 1 000 000 de morts), pour ne citer que ceux-là, n’ont pas eu droit à cette humanité.

Mohamed Belaali

(1) http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2057

(2) Les Etat-Unis et l’ONU sont tout aussi responsables que la France de ce crime contre l’humanité.

Messages

  • Tous ces déluges verbaux sont fabriqués pour écraser les peuples, provoquer la révolte ou le désespoir : casser la volonté et la dignité des êtres, leur confiance en leur capacité de créer. Et casser la solidarité entre les peuples.

    Ce n’est pas la France, c’est l’obscurité