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Le gouvernement sud-coréen présente sa démission

Publie le mardi 10 juin 2008 par Open-Publishing
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Le gouvernement sud-coréen présente sa démission

Reuters

mardi 10 juin 2008, mis à jour à 09:22

Le gouvernement sud-coréen, en fonction depuis à peine trois mois, a présenté sa démission après d’importantes manifestations contre sa décision d’autoriser à nouveau les importations de viande de boeuf américaine.

De nombreux Sud-Coréens craignent que le boeuf en provenance des Etats-Unis ne soit porteur de la maladie de la vache folle ou qu’il ne soit sous-labellisé et utilisé dans des produits alimentaires sans aucune information.

"Le Premier ministre a présenté la démission de son gouvernement lors d’une réunion courante ce (mardi) matin", a annoncé le service de presse du chef du gouvernement.

Selon la presse sud-coréenne, le président Lee Myung-bak, conservateur, accepterait la démission d’au moins trois ministres et de plusieurs hauts conseillers.

Les ministres de l’Education, de l’Agriculture et de la Santé devraient quitter le gouvernement dans les tout prochains jours. Les ministres des Affaires étrangères et des Finances pourraient également être congédiés.

Lee a remporté les élections de décembre haut la main mais le soutien dont il bénéficiait s’est érodé. Après 100 jours au pouvoir, les sondages ne le créditent plus que de 20% d’opinions favorables.

La police sud-coréenne est en état d’alerte maximale avant une manifestation prévue dans la journée et qui pourrait voir descendre 100.000 personnes dans les rues de la capitale, Seoul.

L’accord sur la viande de boeuf conclu en avril avec les Etats-Unis était censé relancer les négociations d’un accord commercial bilatéral avec Washington que des parlementaires américains menaçaient de bloquer si Séoul ne rouvrait pas ses frontières aux importations bovines.

Parallèlement, les chauffeurs routiers sud-coréens ont voté lundi la grève pour protester contre la flambée des prix des carburants.

La KCTU, principale centrale syndicale sud-coréenne, de même que quatre syndicats implantés dans le secteur automobile devaient se prononcer pour leur part ce mardi sur un appel à la grève générale à partir de la semaine prochaine pour protester contre la politique du gouvernement.

L’opposition a boycotté quant à elle la session inaugurale du nouveau parlement.

"PROFOND MALAISE PUBLIC"

Dans ce contexte, le gouvernement a mis en sommeil la quasi-totalité de ses projets de réforme, dont la réduction de la fiscalité, les privatisations d’entreprises et de banques publiques et l’incitation à l’investissement étranger.

"La crise actuelle témoigne d’un malaise public plus profond en Corée, risquant de ralentir la croissance économique dans l’année à venir", estime Frederic Neumann, économiste pour l’Asie chez HSBC à Hong Kong.

"La crise du boeuf entrave l’agenda des réformes du président. Obligée de mener un combat d’arrière-garde au parlement et dans l’opinion publique, il est peu probable que l’administration engage les politiques les plus ambitieuses de son programme de campagne", ajoute-t-il.

"La seconde grosse inquiétude, c’est que la confiance des consommateurs et des entreprises prend un autre coup, déprimant de ce fait la demande intérieure à un moment ou les exportations pourraient montrer des signes de faiblesse."

Le président Lee Myung-bak a prévenu que l’inflation des prix des matières primaires et le ralentissement de la croissance risquaient de faire entrer la Corée du Sud dans une mauvaise passe économique, sans précédent depuis une décennie. "Notre économie est confrontée à de graves difficultés", a-t-il dit.

Selon les dernières statistiques disponibles, la hausse des prix à la production a pratiquement atteint en mai un plus haut en dix ans, ce qui éloigne la perspective d’une baisse des taux d’intérêt lors de la prochaine réunion de la Banque centrale, jeudi. Le gouvernement espérait un desserrement de la politique monétaire pour soutenir la consommation.

Cinquième importateur de pétrole, la Corée du Sud est particulièrement exposée à la flambée des cours de l’or noir.

Elu en promettant une croissance de 6% cette année, le président Lee ne devrait pas pouvoir concrétiser cet engagement de campagne ; les économistes se demandent même si la croissance de 5% enregistrée l’an dernier pourra être reconduite.

Version française Danielle Rouquié et Henri-Pierre André

http://www.lexpress.fr/actualite/de...

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