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Ingrid Betancourt, messagère de guerre

Publie le samedi 5 juillet 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

L’effusion de bons sentiments autour d’Ingrid Betancourt a une double explication : le caractère grand bourgeois de l’otage et l’obédience communiste des ravisseurs. La bourgeoisie internationale fait preuve de compassion uniquement à l’endroit de ses paires en raison d’un phénomène d’identification évident. On a assisté à des manifestations de solidarité similaires lors du tsunami en Asie du Sud qui a touché les lieux de villégiature occidentaux. La bourgeoisie déploie en contrepoint toute son énergie à dénigrer sur base d’une morale sélective les forces d’insurrection communistes qu’on dit en proie à la corruption et au découragement.
L’objectif de cette surexposition médiatique n’est pas tant de se réjouir de la libération d’un otage mais la stigmatisation d’une guérilla communiste batailleuse et persistante. On les présente, en contradiction flagrante avec les faits, comme une organisation criminelle sans conscience lors même que les instances internationales indépendantes (Human Rights, Amnesty International) s’accordent à reconnaître que la plus grande majorité des exactions en Colombie sont le fait des paramilitaires. Ces derniers sont les opérateurs principaux du narcotrafic. Plusieurs de ses têtes de file sont d’ailleurs sous le collimateur des Etats-Unis pour de telles charges.

Les voies les plus audibles prétendent péremptoirement que la lutte armée est datée et que la lutte des Farc est absurde. La révolution, jusqu’à son triomphe, n’a jamais emporté à travers l’histoire l’adhésion du plus grand nombre et certainement pas celle des publicistes du système adverse.

Le problème de la Colombie ne se résume pas à la seule question des otages. L’insécurité chronique dans le pays est l’héritage de son histoire et de son régime économique ultralibéral.
La violence est le symptôme d’une Colombie déchirée par les divisions et les inégalités. La communauté internationale se désintéresse de la terrible iniquité sociale, des millions de déportés internes, des exactions à l’encontre des Indigènes, de la condition des innombrables prisonniers politiques ignorés dans les geôles de la junte colombienne. Ingrid Betancourt, qui est organiquement liée au pouvoir en place, s’accapare le titre de victime absolue. Elle a un talent inégalé pour se mettre en scène et exhiber ses émotions face aux caméras. Elle qui ne porte aucun stigmate de mauvais traitements s’insurge contre ses conditions de détention. Le sort de Marwan Barghouti, détenu par les forces sionistes en compagnie de milliers d’autres palestiniens, ne crée pas étrangement autant d’émoi au sein de l’opinion publique occidentale.

La sanctification de cette supposée « pasionaria » de la paix est en décalage total avec ses déclarations militaristes. Depuis sa libération, elle n’œuvre en aucun cas pour la réconciliation nationale mais adoube les milieux extrémistes partisans de la confrontation armée. Elle fait preuve d’un fanatisme à tous crins et d’une ferveur religieuse extravagante. Elle fait corps avec cette armée assassine et les pouvoirs politiques compromis dans le massacre de paysans importuns, de syndicalistes et de militants des droits de l’homme. Elle se trouve idéologiquement et physiquement dans le sillon des chefs de file de la réaction internationale : aux côtés d’Alvaro Uribe, ce nouveau Pinochet obsédé à l’idée d’éradiquer toute souche de communisme et de Sarkozy, son pendant européen. La Justice colombienne, contrairement à Ingrid Betancourt, dénonce la collusion morbide des multinationales (dont Chiquita), des services d’intelligence étrangers (CIA, Mossad, MI5), des politiciens (dont le propre cousin du Chef d’Etat) et de la direction militaire qui a usé de moyens criminels pour lutter contrer la rébellion. Il y a des dizaines de parlementaires en indélicatesse qui doivent répondre de lourds chefs d’accusation.

Betancourt se félicite de la ligne de fermeté d’Uribe qui a obstinément exclu de négocier avec les « terroristes ». Les cercles de pouvoirs en Colombie déshumanisent leurs adversaires politiques qu’ils escomptent anéantir par toutes les voies possibles. On tente de faire croire que les Farc ont toujours refusé les pourparlers alors que leur objectif a toujours été de négocier à pied d’égalité avec les autorités colombiennes, de faire reconnaître leur statut de belligérant et de légitimer de ce fait leur combat. La stratégie de la conflagration armée peut présenter des succès ponctuels mais elle ne viendra jamais à bout des insurgés tant que les raisons qui ont généré ces derniers ne seront pas éradiquées.

Emrah KAYNAK

Messages

  • En effer Ingrid BETANCOURT est une BOURGEOISE fille d’un père qui fut Ministre plus d’une fois en COLOMBIE.
    Elle fait penser à cette pauvre INCOMPRISE de M.S.ROYAL par son CHARISME.
    La comparaison s’arrête là vu qu’elles ne pésent plus RIEN toutes DEUX.

  • Un bourgeois en tant que tel, n’est pas plus à exterminer qu’à prendre en compte.

    Mais lorsque ce bourgeois, par ses prises de position et ses actions met en danger la liberté, la santé, la vie d’autres personnes, bourgeoises ou pas, il ne peut être considéré que comme une nuisance majeure.

    Et sans parler de l’exterminer il est nécessaire de le mettre hors-jeu.

    C’est le cas de I.B. qui non seulement est une des tenantes de ce qui se passe en Colombie, mais aussi qui avance masquée comme une victime alors qu’elle n’a jamais été que "victime" du jeu qu’elle a elle même choisi.

    Comme d’ailleurs les autres "otages" qui ont été "libérés" avec elle. Les deux de la CIA et les autres.

    Et cela contrairement à ceux des FARC, qui eux n’ont pas le choix : C’est la guerre contre leurs tortionnaires, ou la prison ou la torture pour ceux qui tentent de résister par des moyens démocratiques dont on sait que les règles sont édictées par leurs pires ennemis.

    Alors Bettancourt c’est très bien qu’ils l’aient laissée partir ; ou qu’on l’ait "libérée", c’est selon les versions.

    Et j’espère surtout que les FARC on bien monnayé le coup. Ca libèrera pas leurs camarades des géoles d’Uribe, mais ça leur filera une bouffée d’oxygène ; et dans trois mois on n’en entendra plus parler et ils pourront faire leurs salades sans que les Kourchner et Sarko de service leurs cassent les burnes.

    Comme c’était le cas avant qu’ils ne s’emboucannent avec ce boulet.

    Et j’espère qu’on lui refilera le Prix Nobel à elle aussi. De la Paix ou autre.

    Et même le Guiness des records pour la longévité de son séjour et sa bonne santé à la sortie.

    Et qu’elle se gavera en "écrivant" deux ou trois bouquins bien vendus en supermarchés.

    Comme ça, ça la situera bien dans la ligne.

    G.L.

  • la Ingrid c’est un non évènement

    et Marina, sauvons là

  • "Et qu’elle se gavera en "écrivant" deux ou trois bouquins bien vendus en supermarchés."

    "Comme ça, ça la situera bien dans la ligne."

    tous est dit dans ces quelle phrases ! bien vu...