Athéïsme

" L’existentialisme athée, que je représente,
[...] déclare que si Dieu n’existe pas, il y a au moins un être
chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant
de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est
l’homme."
(J.P. Sartre, L’existentialisme est un humanisme , 1946 )

La définition littérale de "athée" est "sans dieu".

Ce terme négatif n’inclut spécialement aucun verbe, suivant
le contexte, plusieurs peuvent être sous-entendus :
Croire : l’athée ne croit pas en l’existence de dieu(x).

Nier : une doctrine est athée lorsqu’elle nie l’existence
de dieu(x). L’athée nie la crédibilité des arguments. On peut
également sous-entendre un verbe passif, l’athée étant alors
un être abandonné de dieu, un maudit .

On confond souvent l’athée et l’agnostique. L’agnostique
affirme que, en l’absence de preuves suffisantes pour ou contre
l’existence de dieu, il ne prend pas position concernant cette
existence. L’athée pense que, en l’absence de preuves de l’existence
de dieu, la conclusion est que dieu n’existe pas.

Dans l’histoire, le mot athée a eu des significations
très différentes : L’historien Josèphe, par exemple, se plaint
de ce que les païens traitent les juifs d’" athées et de misanthropes
". Dans l’épître de saint Paul aux Éphésiens : athée veut dire
" sans protecteur divin " Le mot athée n’apparaît en France
qu’au 16ème siècle.

Le philosophe Platon distinguait l’athée relatif, qui
n’admet pas telle ou telle divinité, et l’athée absolu, qui
ne croit à l’existence d’aucun dieu. Kant et Fichte interpréteront
la foi religieuse comme une foi morale en la communauté universelle
des êtres libres. Hegel rendra la négation mystique indiscernable
de la négation athée. Le pari de Pascal est bien connu : en
ne croyant pas en dieu, on risque la damnation éternelle. En
y croyant, on ne perd rien (ou peu). Pour Feuerbach, la critique
de la religion conduit à la critique de la société. Pour Durkheim,
" La divinité est l’expression symbolique de la collectivité."
Pour Freud, Dieu est l’image du père que l’inconscient humain
projette hors de lui.

Marx s’interrogeait sur l’histoire concrète des hommes, qui
est celle de leurs luttes : " la religion est le soupir de la
créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cour,
de même qu’elle est l’esprit d’un monde sans esprit. C’est un
opium pour le peuple. "

Au cours des siècles, l’athée est donc apparu diversement
comme : un négateur de dieu, un négateur de la foi et de la
religion, un renégat, un impie ; un libertin sans idéal, contempteur
des valeurs morales ; un désespéré, un nihiliste...

L’athée ne croit pas au destin, chaque homme étant maître
de sa vie. Les luttes ouvrières nées au milieu du 18ème siècle
ont mis à mal les croyances religieuses : la misère et la pauvreté
n’est pas un châtiment divin, mais bien l’œuvre des hommes.

Même si d’autres forces s’imposent aux hommes comme des fatalités
extérieures et les empêchent de devenir réellement maîtres de
leur sort - l’État, la Patrie, ou, de façon plus moderne, l’Europe
ou le Marché - la critique de la religion reste une étape irremplaçable
vers un monde véritablement humain, débarrassé à la fois de
ses dieux et de ses maîtres.

L’ athée est un fervent défenseur de la laïcité

L’ athée constate l’ ingérence dramatique de tous les pouvoirs
religieux dans la vie civile, publique et politique (avec l’accord
des politiques), entre autres les interventions multiples et
systématiques contre les droits des femmes avec l’imposition
de normes sexuelles : hétérosexualité, mariage, condamnation
de l’homosexualité, de l’avortement, de la contraception, du
préservatif malgré les ravages du sida. Ces prises de position
publiques vont à l’encontre des exigences de liberté et d’égalité.


La laïcité n’est pas seulement une réaction anticléricale ; c’est
une philosophie positive qui repose sur le socle des droits
de l’Homme et qui lutte contre l’ambition des religions de dominer
la vie civique.

Concernant l’éthique et la morale, un croyant dira que
sans la crainte de la punition divine, l’homme se comporte immoralement.
Heureusement pour l’athée, il lui est possible de définir ce
qui est bien et ce qui est mal, et par là, d’adopter un comportement
éthique, en s’appuyant sur plusieurs modes de pensée (ou modèles
d’éthique) qui ne font pas appel au concept de "dieu".
Face à la mort, l’athée se comporte comme il s’est toujours
comporté, c’est à dire en acceptant la réalité de la réalité
- désagréable lorsque l’on meurt, bien sûr - plutôt que de se
raccrocher à des illusions basées sur une fantaisie de "vie
après la mort".

Pour l’athée, la nature contrôle tout dans le monde et tout
ce qui existe est nécessaire et réglé par la nature. L’ athée
est donc condamné à croire en ses semblables, et doit définir
lui-même ses propres croyances. Il dispose pour celà de la science,
la philosophie, la sociologie, la psychologie, l’écologie, l’économie,
la politique etc… même si paradoxalement, Il lui arrive de s’égarer
du coté de croyances comme l’astrologie, la cartomancie !

Quelques citations :

Jacques Prévert :
A comme absolument athée
T comme totalement athée
H comme hermétiquement athée
É comme étonnamment athée
E comme entièrement athée

Jacques Brel : ne se mettre à genou que pour cueillir
une fleur

Baudelaire : Dieu est le seul être qui, pour régner,
n’ait même pas besoin d’exister.

Jules Renard : Il est beaucoup plus difficile de ne pas
croire que de croire en Dieu, les vrais athées sont presque
introuvables.

Sade : Dieu est le seul tort que je ne puisse pardonner
à l’homme.

Zola : la science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le
crois pas. Elle a promis la vérité, et la question est de savoir
si l’on fera jamais du bonheur avec la vérité.