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L’Unef face aux réformes libérales

Publie le dimanche 2 novembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

de Julien De Freitas

Au sein du paysage syndical étudiant, l’Unef fait figure de patrimoine national tant la pérenité du syndicat impressionne. Depuis 100 ans, l’Unef, qui d’abord existait en tant que corporation, devint syndicat national, puis de gauche, pour devenir aujourd’hui l’organisation numéro 1 et interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics. Autrefois gouvernée par le Parti Communiste, aujourd’hui davantage proche du Parti Socialiste, de sa mouvance Jeunes (MJS) plus exactement, l’Unef est aujourd’hui largement critiquée à gauche depuis le mouvement CPE.

Entre domination du mouvement social et acceptation des réformes

Tout en se voulant le syndicat de "tous les étudiants", l’Unef affiche une volonté de gauche, et se veut un syndicalisme proche des étudiants et de leurs préoccupations. Forte d’une représentation majoritaire au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) avec 5 sièges étudiants sur 11, l’Unef est constamment concertée sur les réformes actuellement menées par la ministre Valérie Pécresse.

Lors de sa première réforme - la plus importante - le syndicat négocie et accepte la Loi d’Autonomie des Universités (LRU), en juillet 2007. Pourtant, dès la rentrée suivante, un mouvement de contestation est lancé dans les facultés, mouvement auquel l’Unef se raccroche à demi-mots au cours du mois de novembre, après avoir "appelé au calme" à de nombreuses reprises. Selon le GERME (Groupe d’Études et de Recherche sur les Mouvements Étudiants), il s’agit là de la première mobilisation étudiante lancée non pas sans, mais contre l’avis de l’Unef. Toujours selon le GERME, on peut analyser cette mobilisation comme issue des syndicats dits "d’extrême gauche", la tête desquels SUD-Étudiant ou la FSE. Aux élections du CNESER qui suivent ce mouvement, la liste nationale SUD/FSE manque la reconnaissance du caractère représentatif de leurs organisations syndicales à quelques voix près. Elections dont la sincérité est rapidement remise en cause par ces deux organisations.

L’Unef, sentant la montée d’un syndicalisme plus radical, tente alors de l’enrayer. Le Bureau National de l’organisation rédige alors un appel à destination des militants étudiants : en revendiquant un nouveau syndicalisme de "transformation sociale" et de lutte contre les réformes libérale, il est certain que l’objectif est d’attirer à nouveau ces militants déçus par les positions de l’Unef, de plus en plus enclin à accepter la "modernisation" de l’université, modernisation synonyme de libéralisation criante. Ainsi, après ses prises de position rocambolesques durant le conflit LRU, l’Unef négocie et se félicite de l’obtention du plan Licence, visant à professionnaliser encore les formations universitaires, et d’instaurer une sélection de moins en moins dissimulée. Quelques mois plus tard, Valérie Pécresse annonce la sortie du plan Campus ; avec quelques 3 milliards d’euros par an tirés de la privatisation du capital d’EDF, le gouvernement entend faire émerger une dizaine de pôles d’excellence. Le syndicat majoritaire se félicite alors de cet apport de capitaux. Pourtant, ce plan marque ni plus ni moins qu’une sélection des établissement destinés à devenir "vitrines" de l’enseignement supérieur français, au détriment de toutes les autres universités non-sélectionnées. Malheureusement à l’automne 2008, la ministre annonce une révision à la baisse du portefeuille dévolu à ce projet ; crise boursière oblige, l’action EDF devient moins rentable. L’Unef se dit alors déçue dans un communiqué.

Un fonctionnement contesté

La présidence de l’Unef, assumée par M. Prévôt depuis le début de l’année 2008, est tenue au sein de l’organisation par la tendance dite "majoritaire". D’autres tendances se dégagent parmi lesquelles la tendance appelée "Tendance pour une Unef Unie et Démocratique" (TUUD), qui est la tendance "révolutionnaire" de l’Unef, menée par les militants JCR (Jeunes de la LCR). On situe le nombre d’adhérents de l’Unef autour de 30 000. Mais l’obtention de ces adhésions fait débat au sein, mais surtout à l’extérieur de l’Unef. En effet, ces "cartes" sont pour la plupart réalisées sur ce que les militants nomment les "chaînes d’inscription", ces files d’attente à l’occasion des inscriptions des étudiants arrivant à l’université. Le principe décrit par les étudiants eux-mêmes : un "accueil étudiant", que le syndicat fait passer pour obligatoire, durant lequel l’université est présentée, et la carte syndicale "vendue" à coup de réduction commerciales dans de multiples grandes enseignes. Quelle légitimité pour un syndicat dont les adhérents, pour la plupart des "première année", paient leur carte dans une visée de consommation ? Combien reprennent leur carte l’année suivante ?

La première organisation syndicale étudiante

Cependant, l’Unef reste bien la première organisation syndicale étudiante, et reste également l’interlocuteur privilégié de Mme la Ministre. Le syndicat appelle le 13 novembre prochain à la tenue d’Assemblées Générales dans les universités du pays. Ses revendications sont axées autour des questions de précarité et du devenir des IUFM. SUD-Étudiant n’a pas encore appelé à cette journée de mobilisation. L’Unef est-elle alors capable de lancer un mouvement social sur ces questions, et le souhaite-t-elle réellement ? Doit-on prévoir une mobilisation pour l’automne, parrallèle à la lutte des enseignants de l’éducation nationale ?

Messages

  • L’UNEF qui nous a trahi lors du combat contre le CPE en demandant la reprise des cours alors qu’on se battait contre toute la réforme (donc aussi contre le CNE) et plus encore !

    L’UNEF inféodée au P"S" !

  • L’Unef est dirigé par une petite bureaucratie.

    Pour un autre syndicalisme étudiant :
    Syndicalisme étudiant de lutte

  • L’UNEF ? LA LRU on oublie pas.

    VOUS ETES DES JAUNES.

  • Je suis étonné que le GERME manque de rigueur et qualifie SUD étudiant d’organisation d’extrême-gauche ce qui est inexact.

    Serait il possible d’avoir les phrases exactes du GERME, je suis étonné d’une telle approximation de leur part.

  • La tendance Tuud de l’Unef n’est en aucun cas dirigée par des membre de la JCR, mais bien par une multitude de camarades (dont des communistes, des socialistes et des trotskystes).
    Notamment l’Unef-Tuud de Lille qui est un modèle de syndicalisme intègre et efficace.
    Non seulement elle n’est pas dirigée par des trotskystes de la JCR mais elle n’a en aucun cas été créée à l’initiative de la JCR mais bien plutôt grâce au volontarisme de l’Union des Etudiants Communistes dans le souci d’obliger la majorité nationale à se positionner par rapport à la Tuud (et non l’inverse !)
    C’est pourquoi l’action d’un Jérémie Giono, d’un François Duriez, etc... (membres de l’UEC) fut effectivement fondamentale.
    Pour rendre à César ce qui lui appartient : un Julien Vicaine, membre éminent de la LCR et dirigeant national de la tendance TTE (trotskystes d’avant la Tuud) au Bureau de l’Unef a su remercier ses alliés objectifs de la Majo de l’Unef lors de son départ du syndicat (fin d’études) ; en effet, il a remercié l’Unef et notamment Bruno Julliard, discours lénifiant ... en omettant de mentionner la Tendance minoritaire de gauche du syndicat !!!

    C’est la stricte vérité, n’en déplaise à certains. "La réalité existe indépendamment de la conscience qu’en ont les gauchistes".