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Duel de dames patronnesses au PS : unanimité contre le prolétariat !

Publie le samedi 22 novembre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

pas de moi (et je refuse de citer la source que je n’approuve pas sur la suite), mais un petit rappel pour qui se ferait des illusions sur Aubry


Martine Aubry est la fille de Jacques Delors, et passe évidemment par l’ENA. De 1989 à 1991, bien que socialiste, elle est l’adjointe de Jean Gandois, futur président du CNPF, à la tête de l’entreprise Pechiney. Elle entre au gouvernement en 1991, mais Jean Gandois doit lui conserver une grande estime, car il convainc la majorité des patrons français de financer de toute pièce un machin appelé Face (Fondation Agir contre l’Exclusion). Le but de la manœuvre est double : construire l’image d’une Martine Aubry femme au grand cœur, généreuse, et n’acceptant pas l’injustice sociale, et montrer que les employeurs ne sont pas si méchants qu’on le dit.

Des persifleurs feront remarquer que cela ressemble beaucoup à la charité des dames patronnesses du dix-neuvième siècle, et s’étonneront qu’une socialiste cautionne de telles opérations patronales, mais cela permettra à Martine Aubry de cultiver son image médiatique, et de bénéficier d’un staff politique payé par le CNPF.

En retour, elle sera la plus virulente adversaire des 35 heures, dans les débats internes au Parti socialiste, dans les années 1995 ! Quand les affreux gauchistes de la Gauche socialiste, autour de Dray-Mélenchon-Lienamann, rejoints par Filoche, réclamaient les 35 heures hebdomadaires, sans perte de salaires, la plus pugnace opposante était toujours Martine Aubry !

Bien joué, Gandois, cela s’appelle du retour sur investissement. Le monde étant petit, il est cocasse de se souvenir de la négociation qui eut lieu, en 1998, sur les fameuses 35 heures. Jospin, qui en 1995, lors de la présidentielle, avait été d’une prudence extrême sur cette question, avait compris que s’il voulait gagner les législatives de 1997, suite à la dissolution ratée de Chirac, il fallait être plus audacieux sur cette question. Le CNPF mit toutes ses forces dans la bataille, et fit monter Kessler, symbolisant l’aile libérale la plus combative du patronat.

La réunion de la grande explication eut lieu début 1998. La délégation gouvernementale comprenait Jospin, Strauss-Kahn et Aubry. La délégation patronale Gandois, Pinault-Valencienne et Kessler. Fait cocasse, outre le fait que Martine Aubry ait été la salariée de Gandois, Denis Kessler, ancien gauchiste, avait écrit avec Dominique Strauss-Kahn un livre dans les années 1980 ! On était presque en famille. Mais au bout d’une journée de débats, horripilé par la mauvaise foi du patronat, Lionel Jospin, prenant son camp de court, tapera le poing sur la table, et affirmera que les 35 heures se feraient par la loi, et que Martine Aubry serait chargée de les mettre en place.

Finalement, celle qui deviendra maire de Lille devra appliquer une mesure qu’elle a combattue avec pugnacité toute sa vie militante. La suite est connue, les compromis face à des patrons qui en demanderont toujours davantage, des avancées incontestables pour les franges du salariat le mieux organisé, souvent pour les classes moyennes, mais aussi le fait que la moitié des salariés n’en verront jamais la couleur, les pertes de salaires occasionnées, la flexibilité accrue, l’usine à gaz des six smic, etc.

La rivalité entre Strauss-Kahn, qui tenait les finances avant de démissionner, suite à une sombre affaire de commission avec la Mnef, et Martine Aubry sera montée en épingle par la presse. On nous vendra l’image du " gestionnaire " Strauss-Kahn, face à la " sociale " Martine Aubry.

Lors du référendum sur le TCE, en 2005, elle se surpassera en traitant de racistes et de xénophobes les partisans du " non " qui entendaient empêcher l’application de la circulaire Bolkestein, et qui voulaient défendre les droits des salariés de France contre l’ultra-libéralisme et la concurrence sauvage..


Quand à Royal, carriériste politique, elle ne propose rien de mieux que de faire exploser le système de retraite par répartition

Pour Ségolène Royal, le financement de la retraite passera de plus en plus par la sphère des marchés financiers

d’aprés "chronique d’une trahison annoncée" de Frédéric Lordon

vendredi 20 avril 2007, par Emmanuelle Gaziello / "le Patriote"

Il n’y a pas grand chose à redire à ce que la droite soit de droite. C’est que la gauche soit de droite – quand bien même, évidemment, elle ne l’est pas à pareil degré – qui est devenu insupportable… S’adressant à un électeur de gauche, ce qui suit a pour but de « l’obliger »à voir cette gauche telle qu’elle est, pour éviter des solutions stratégiques aléatoires en leur préférant un choix plus en rapport avec les valeurs qu’il veut défendre.

(En italique des extraits d’un long article de Frédéric Lordon*, avec son aimable autorisation)

Développer des « fonds de pension collectifs », c’est ce que Ségolène Royal a affirmé vouloir faire , dans les colonnes, un peu obscures et sans doute choisies à dessein, du Journal des Finances [1], le 24 Mars dernier..

Horrifié(e) s, nous ne savons plus trop s’il faut invoquer l’hypothèse du lapsus ou bien celle de la quête des faveurs des milieux d’affaire, les deux montrant, pour le moins, combien faibles sont devenues les régulations de la parole socialiste en campagne, puisque même les aléas du premier tour ne retiennent plus la candidate social-libérale de rappeler son accointance avec la finance. !

« Et c’est bien vrai que le socialisme de gouvernement est le meilleur ami de la finance ! De la déréglementation des marchés de 1985-1986 (Bérégovoy) au développement de l’actionnariat salarié (Fabius, 2001), en passant par la défiscalisation des produits d’action (Bérégovoy, 1984-1992), les très beaux efforts du gouvernement Jospin dans la course à la privatisation (1997-2002), la glorification défiscalisation des stock-options (Strauss-Kahn, 1998), ou le vote des socialistes français en faveur de la directive européenne libéralisant les OPA hostiles (2001), la continuité est impressionnante… et visiblement en passe d’être prolongée. »

Donc,au moment où la candidate socialiste trahit ses intentions de nous faire reprendre une tranche de cinq ans des mêmes trahisons- avec une très vive conscience des effets de ses propositions -car comment croireque deux décennies de recul ne permettent pas de désigner la financiarisation du capitalisme comme l’un des pires fléaux dont le néolibéralisme aura gratifié les salarié(e)s,on peut à coup sûr croire Ségolène Royal quand elle indique « la manière dont [elle] envisage le financement des retraites aujourd’hui » :il est donc explicitement dit que de manière irréversible, le financement de la retraite passera de plus en plus par la sphère des marchés financiers .

L’effet principal, et le plus pernicieux, d’une financiarisation croissante des retraites est si puissant qu’on pourrait bien tenir cette annonce du « fonds de pension collectif » pour une rupture aussi décisive que le fut, en son temps, la libéralisation des marchés de capitaux. Car " fonds de pension comme actionnariat salarié, tous deux également promus par la candidate socialiste (« je veux favoriser l’actionnariat salarié », Ségolène Royal, Journal des Finances, 24 mars 2007) sont les éléments d’une même stratégie d’implication financière du salariat, c’est-à-dire d’une association léonine dans laquelle les salariés récupèrent quelques miettes de gains boursiers en contrepartie d’un approfondissement de leur aliénation…..La grande réconciliation du capital et du travail par épargne financière interposée a tout du marché de dupe : Les salariés-actionnaires le savent bien, de leur identité salariale ou de leur identité actionnariale, laquelle contribue le plus à les faire vivre... Et pourtant il n’en est pas moins vrai que leur épargne immobilisée dans la gamme des divers fonds d’investissement (pension, salariaux) que la « gauche » se propose aimablement d’élargir, finit par représenter des volumes suffisamment importants pour que les salariés aient désormais à cœur de les défendre, particulièrement quand cette épargne s’annonce comme l’unique solution d’une crise organisée de la retraite par répartition – organisée, car la retraite est sans doute l’une des plus concernées par les stratégies de paupérisation délibérée des institutions publiques, par les politiques publiques néolibérales ! »

Le pire n’est peut-être pas tant dans cette suprême trahison qui consiste pour ainsi dire à organiser la servitude du salariat à ses frais, puisque c’est bien de l’épargne des salariés que se constitue la force de frappe financière par laquelle les fonds imposent avec férocité l’impératif de rentabilité pour l’actionnaire. Le pire est dans la montée en puissance de cette alliance objective d’intérêts dans laquelle les salariés sont de moins en moins inclinés à remettre en cause le système d’ensemble qui pourtant continue de les asservir. On peut même anticiper que cet asservissement ira croissant, protégé qu’il sera désormais par l’inattaquable justification des retraites à satisfaire – et l’on peut imaginer d’ici la rhétorique atroce de la solidarité dont la finance ne manquera pas de s’emparer : "La rentabilité actionnariale va devenir un impératif social et, pourquoi pas, puisque plus c’est gros plus ça passe, un impératif moral, celui de servir de « dignes pensions » « à nos aînés », « à nos anciens », « qui l’ont tant mérité ». Souffrez donc salariés d’aujourd’hui, et en silence, puisque c’est « la solidarité » qui vous le commande – sans compter que, sitôt réalisé le passage du fonds de pension collectif aux fonds de pension individuels, ce sera votre intérêt même…" «  »... Et voilà comment on tire un verrou : les salariés plongés dans la finance, leurs intérêts pour une part objectivement liés à la fortune des marchés, le capitalisme actionnarial n’a plus grand-chose à craindre puisqu’il aura lui-même constitué sa propre base sociale ; rectifions : puisque « on » lui aura constitué sa propre base sociale – au fait qui est « on » ?... Si la normalisation néolibérale de la société a pour instrument principal la finance actionnariale, alors la financiarisation du salariat par ses « grandes masses », c’est-à-dire par ses retraites, en constitue à coup sûr l’accomplissement véritable, la consolidation définitive et la fermeture ultime, celle après laquelle les forces antilibérales se retrouvent sans appui, sans relais, sans plus aucun levier d’intérêts objectifs sur lesquels embrayer, c’est-à-dire… sans force. … Mais que reste-t-il à opposer aux violences de la prise d’otage électorale sinon les maigres forces du refus de l’amnésie, celles de la dénonciation du mensonge à soi-même, du congédiement des fictions du « nouveau départ » et des espérances vouées à être trompées, avec pour seul secours la chronique d’une trahison annoncée ? »

* Economiste, chercheur au CNRS, auteur de "Et la vertu sauvera le monde", Raisons d’agir, Paris, 2003.

Article paru sur le site « l’Autre campagne » sous le titre : Chronique d’une trahison annoncée(http://www.lautrecampagne.org/article.php ?id=136 ).

[1] Interview de Ségolène Royal, Le Journal des Finances, semaine du 24 mars

Emmanuelle Gaziello.

l’article complet de frédéric Lordon
Chronique d’une trahison annoncée

ce dynamitage, résumé par Patrick Allemand, suppôt de Royal