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Hostos : nous sommes à l’époque de la confrontation !

Publie le vendredi 27 mars 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

Réforme de l’hôpital : les médecins font bloc Santé . A Paris, les
professeurs s’unissent contre la loi qui les écarte de la gouvernance
des établissements.

Ce fut un moment peu banal. Mercredi soir, dans un amphi de la fac de
médecine à Paris, une bonne partie des grands noms de la médecine
hospitalière parisienne se sont retrouvés pour dénoncer la nouvelle
loi sur l’hôpital, en particulier le volet sur la gouvernance. Il y
avait là l’élégant professeur Olivier Lyon-Caen, neurologue à la
Pitié, Loïc Capron ou André Grimaldi, le très habile Pierre Coriat,
voire le militant Jean-Claude Rougeon, bien d’autres encore. Plus de
200 médecins au total.

Leur malaise est, en tout cas, inédit. Et massif devant cette réforme
qui donne « tout pouvoir au directeur ». Tous se retrouvent pour
défendre le maintien du service « comme lieu central de l’hôpital ».
Mais pour le reste ? L’organisateur en chef, Bernard Granger,
psychiatre à Cochin, tient des propos brutaux : « Nous ne sommes plus à
l’époque de la négociation, mais de la confrontation. C’est un système
dictatorial. » Le professeur Lyon-Caen tente de prendre de la hauteur :
« Ce mouvement de contestation ne peut que se concevoir s’il reste
centré sur l’hôpital. Il faut que tout le personnel de l’hôpital s’y
retrouve, et il faut éviter de mettre en scène notre propre
corporatisme. » Juste avant, un représentant du syndicat des chefs de
clinique avait montré l’hétérogénéité du mouvement, en insistant sur
l’importance du secteur 2 (1) pour les futurs spécialistes. Le
professeur André Grimaldi, qui fut à l’origine de nombreuses
pétitions, recentre alors l’AG. « Il faut se préparer à un rapport de
forces difficile. » Puis : « Nous devons choisir nos mots… Le pouvoir du
directeur est légitime, le nôtre aussi. On ne va pas passer de
l’époque du mandarin à celui du PDG, voilà ce qu’il nous faut
combattre. Pour cela, il faut que l’on soit capable de manifester,
médecins et non-médecins. »

Le professeur Pierre Coriat - personnage clé, car il préside la
Commission médicale de toute l’Assistance publique de Paris - hésite.

Au début, il avait soutenu la loi, mais il a eu le sentiment de s’être
fait gruger. Là, il se montre virulent : « Nous sommes opposés à la
nouvelle gouvernance. » D’autres veulent aller plus loin. Evoquent une
démission tous les « chefs de pôle ». Une manifestation ? « Attention à
ne pas se retrouver à quelques centaines… » Un autre, encore : « La
seule chose qu’il faut faire, c’est une journée de grève totale. Le
reste est incompréhensible. » S’en suit une longue discussion sur les
actions à venir.

(1) Le secteur conventionné à honoraires libres.
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Messages

  • Bachelot la grande g., la très grande tête pensante de la santé de tous les temps, devrait réfléchir davantage au fait que les chirurgiens doivent opérer dans des conditions sereines, parce qu’en dessous il y a un patient !

  • La privatisation de la santé est en route,seul les plus riches pourront se soigner,ne doutons pas un instant qu’au prochain "sommet social"les confs vont se ""rebellées"",comme la derniere fois.fraternellement momo11

  • L’Hôpital a été repansé, pardon repensé ...

    Le mot "Hôpital" ne se trouve même plus dans la loi HPST, il a été remplacé par " établissement de santé"...

    Tout a été revu, fidèle copie du système anglo-saxon, c’est loin d’être la meilleure des choses...les anglais ne vont plus savoir où aller pour se faire opérer...les listes d’attente vont être de plus en plus longue...ceci permettra peut-être de prévoir plus de chambres froides froides...

    Un marché potentiel en fait...

    Bon, allons fini de plaisanter car c’est avec le système de santé publique que le gouvernement joue. Comme ci il n’y avait pas assez de personnels démotivés, qui travaillent dans des conditions lamentables !

    Madame Roselyne Bachelot-Narquin devrait travailler 12 heures par jour dans un service de soins intensifs, ou encore comme anesthésiste, dans un bloc opératoire elle pourrait ainsi endormir plus de monde...le réveil pourrait être brutal pour certains...pour d’autres il n’y en aurait pas...question probablement d’un manque de temps, d’un problème de compétence, voire de la faute à "pas de chance"...

    C’est vrai qu’il faut aller vite aujourd’hui, et surtout que ce soit rentable !

    Il faut se faire du fric avec la santé, pas de temps à passer sur ceux qui n’ont pas une bonne étoile avec eux, et un bon compte bancaire...le temps c’est de l’argent...

    Il faudra, donc, être en bonne santé (psychologique surtout) pour rentrer à l’établissement de santé, c’est une des conditions de bons résultats...

    A la caisse nous aurons même la crainte d’entendre : "la bourse ou la vie ?" ...comme les temps changent ?...

    N’oubliez pas votre carte vitale...et votre carte bleue surtout.

    • Madame Roselyne Bachelot-Narquin devrait travailler 12 heures par jour dans un service de soins intensifs, ou encore comme anesthésiste, dans un bloc opératoire elle pourrait ainsi endormir plus de monde...le réveil pourrait être brutal pour certains.

      sans oublier qu’elle doit être efficace en cas de constipation sévère !

    • Madame Roselyne Bachelot-Narquin on lui souhaite surtout qu’un jour, elle, ou un de ses proches les plus chers, ait à avoir affaire à un service d’urgence comme les autres mortels qu’elle condamne à une médecine et une chirurgie au rabais.

      Et ça elle n’est pas à l’abri, sauf à vivre dans un cocon. Parce que c’est vrai, y a les médecine et chirurgie "normales" pour les riches, qui vont rester pour ceux qui ont des sous, mais la médecine ou la chirurgie d’urgence, elles, restent comme leur nom l’indique du domaine de l’urgence.

      Et dans ce cas, que tu t’appelles Bachelot, ou Tartempion, si l’hôpital le plus proche est à 100 km au lieu de 10, si le pompier qui te désincarcère a 15 heures de boulot dans les yeux et un VSAB avec 300 000 km au compteur, si l’hélico est déja en opération par manque d’unités, si le médecin qualifié t’attend dans son cabinet "déconventionné" au lieu de te médicaliser en urgence sur place, même si t’es le Pape ça t’empêcheras pas de crever misérablement.

      Et je pense pas qu’on la regrettera !!!

      G.L.

  • LA REFORME LIBERALE DE L’HOPITAL

    Les objectifs de la réforme Bachelot :
    Conformément à la volonté sarkozienne de rupture libérale, les objectifs à atteindre sont :
     Réduire le nombre de fonctionnaires hospitaliers.
     Transférer les activités les plus profitables vers le secteur privé par simple mise en concurrence.
     Entamer le processus de privatisation de l’hôpital.
     A terme, mettre en concurrence l’assurance maladie avec les assurances privées.
    La stratégie mise en œuvre :
    Comme l’a dit lui même le Président à Neufchâteau le 17 avril 2008 :
    « la gouvernance de l’hôpital public doit être réformée. Alors là, on arrive dans le dur… »
    Effectivement, il veut toucher à du dur.
    Tous les sondages d’opinion disent que les français sont attachés à leur hôpital et à 71% qu’il faut augmenter ses moyens (sondage BVA du 17/01/09). Et tous les personnels de la fonction publique hospitalière sont attachés à leur statut.
    L’attaque va se développer selon trois axes :

    1) Affaiblir le service public.
    Cet objectif intermédiaire est pratiquement atteint.
      Par la mise en déficit des budgets hospitaliers (voir plus haut).
      Par le maintien d’une pénurie en personnels médicaux et paramédicaux : numerus clausus pour les études médicales, fuites vers le secteur libéral non compensées par les recrutements.
      Par la suppression programmée de 20000 postes.
      Par les campagnes médiatiques insidieuses ou violentes contre les urgences, la sécurité, les maladies nosocomiales, les erreurs médicales etc…

    2) Corrompre le haut encadrement.
    Le capitalisme financier a pris le pouvoir dans les grandes entreprises, en donnant aux managers l’accès au capital actionnarial (par le biais des stocks options).
    De même, la loi Bachelot :
      ouvre la fonction de Directeur d’hôpital aux managers du privé, avec une perspective d’intéressement financier au résultat.
      Crée pour les médecins des hôpitaux un cadre contractuel de droit privé avec là encore une part du salaire variable en fonction des résultats d’activité.
      A l’occasion des suppressions de poste, cette possibilité pourrait également être proposée à d’autres catégories d’agents.
    C’est la nouvelle logique de l’hôpital-entreprise.

    3) Fusionner le public et le privé.
    Le secteur privé à but lucratif partagera avec le public des missions de service public, de formation des étudiants etc…
    En dehors des grandes villes, des établissements privés pourront être les seuls à obtenir de l’agence régionale certains équipements.
    Les maisons pluridisciplinaires de santé, destinées à recevoir les urgences, seraient gérées par le service public mais emploieraient des médecins libéraux.
    A moyen terme, comme le propose l’Institut de Mr Bébéar, les hôpitaux publics qui subsisteraient dans les territoires, prendraient le statut d’établissement privé à but non lucratif.

    AU TOTAL

    « L’égal accès aux soins de qualité », proclamé par Nicolas Sarkozy, est loin d’être garanti.
    Quand on sait que les dépassements d’honoraires des chirurgiens libéraux ne sont pas du tout remis en cause, et que, dans certaines villes, 90% des chirurgiens sont en secteur 2, on imagine facilement les assureurs comme AXA proposer la prise en charge de ces dépassements.
    Et si les citoyens ne se rebellent pas, dans un avenir plus proche qu’on ne le croit, l’assurance maladie elle même, actuellement obligatoire et universelle pourrait être mise en concurrence avec les assurances privées.