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Ni rose, ni vert l’EPR en Basse-Normandie ?

Publie le jeudi 22 juillet 2004 par Open-Publishing

La dernière semaine de juin le Conseil régional de Basse-Normandie
récemment passé à gauche a voté une motion de soutien à l’implantation
des nouveaux réacteurs nucléaires EPR à Flamanville près de la Hague.

La coalition Verts-PRG-PS-PC, nouvelle gôche plurielle a ainsi démontré
que l’union de la gôche s’affirmait une fois de plus comme l’union de la
soumission !

Petit récit des événements : Le goupe UMP a été le premier à présenter une
motion pro-EPR. Le PS et le PC bas-normands tenus par le lobby
pro-nucléaire local et leurs intérêts électoralistes (à Cherbourg tout le
monde bosse de près ou de loin dans le nucléaire)ne pouvait rester en
reste... mais devait ménager ses partenaires écolos... d’où une motion
pro-EPR (en contradiction avec la position nationale du PS) soutenant la
diversification énergétique et le développement durable. Les Verts quant
à eux présentent une motion anti-EPR.

Jusqu’ici TOUT semble logique. Mais hors de ces positions théoriques, une
pratique des plus surprenantes lors des votes... La motion de la droite
n’obtient que ses propres voix (Le FN est contre l’EPR en
basse-normandie !). Celle des Verts idem (le FN s’abstient...)Celle du
PS/PC obtient ses voix, 21, c’est-à-dire moins de la majorité... le FN et
l’UMP votent contre... tandis que Verts et PRG ne prennent pas part au
vote et permettent ainsi à la motion pour un EPR durable de passer !

Pourquoi cette position des verts ? Pour ne pas rompre avec leur
partenaire socialiste... pour des raisons purement bureaucratiques de
cohésion de la majorité régionale. Dans ces conditions comment peut-on
encore qualifier ces élus verts - J. LOWY et D. BOSQUET déjà corompus
avec les majorités municipales socialistes d’Hérouville et
d’equeurdreville depuis des années, et Y.Soubien pourtant investi dans le
combat contre le centre
d’enfouissement de déchets radioactifs d’athis de l’orne depuis des
années - d’antinucléaires et d’écologistes ?

Elle réside ici l’écologie artificielle, rouée aux manigances
bureaucratiques et à la défense de ses intérêts immédiats, arnachée et
dépendante de sa jambe gauche !
Elle confirme ses reniements passés comme ceux de Voynet alors ministre
de l’environnement signant les décrêts d’application de MELOX en 99.

Or, cette prise de position n’est pas sans conséquence. Certes, la
décision d’implantation de l’EPR est prise au niveau de l’Etat et non de
la région, mais symboliquement cette décision est un appel du pieds
supplémentaire de la région la plus nucléarisée d’Europe pour que l’EPR y
prospère... et un signe manifeste de ralliement à l’heure où se discute
le prolongement et le renouvellemnt du parc nucléaire et de l’ensemble de
ses fillières - armement, enfouissement, retraitement, etc. -

Alors ni rose, ni vert le nucléaire ? Ceci ne fait que confirmer plusieurs
intuitions de ceux qui tentent depuis des années de combattre les tenants
d’une écologie artificielle attifée de dévelloppement durable. On voit
quelle gueule a leur développement durable et ce qu’ils tentent de faire
durer : leur pouvoir et leurs places et le capitalisme marchand industriel
à son âge technoscientifique... l’instrumentalisation (de la planète et
des luttes), la destruction du vivant et l’exploitation.

Ensuite, l’intuition que les mouvements sociaux ne doivent se fier à aucune
issue électorale et ne compter que sur leur seule capacité de combat -
action directe et démocratie directe comme arme -. L’autonomie pour ne
rouler pour personne !
Et la leçon est utile à l’ensemble du mouvement social, alors que les
différents charognards électoraux l’ont amené cette année dans la même
impasse électorale (septembre ne fut non seulement pas chaud mais le
prémisse de la fuite électoraliste)... et la leçon n’est pas neuve sur le
nucléaire puisque pour les plus ancien(ne)s du mouvement ce n’est que la
bis repetita de 81... qui amena à la création de l’écologie politique.

L’on ne peut se rejouir de cette nouvelle péripécie qui est un nouveau
coup de semonce contre le mouvement antinucléaire. Espérons que
l’expérience serve au moins de leçon. Mais l’on peut en douter tant ici
comme ailleurs l’on a l’impression de voir l’histoire balbutier. Et c’est
sûrement un signe supplémentaire que le choix de l’écologie politique
était un choix inepte contre l’écologie sociale.

Pendant ce temps en Cotentin, les radionucléïdes crépitent aux
radiamètres et de nouvelles leucémies font lentement leur chemin...

A. Clotz (militant du SIA et du collectif "pas dupes" - Caen)

PS :

Je rappelle que le SIA a publié le texte "La tentation
totalisante:remarques sur la nucléarisation du monde en Nord-Cotentin" et
qu’il est dispo à SIA - BP 257, 14013 CAEN cedex ou s.ia@laposte.net