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Un an après, la France vit toujours sous "l’effet canicule"

Publie le mardi 3 août 2004 par Open-Publishing

de Cécile Prieur

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Mobilisation dans les hôpitaux, astreintes dans les ministères, ruée sur les climatiseurs : les pouvoirs publics comme les particuliers ont tenté de tirer les leçons de la vague de chaleur d’août 2003. Après quelques jours de polémique, le ministre de la santé et les urgentistes se sont voulus rassurants.

Un an , déjà : en août 2003, la France vivait une catastrophe sanitaire majeure que nul n’avait été en mesure de prévoir ni de prévenir. Selon le bilan démographique annuel de l’Insee, 14 802 personnes sont décédées dans la première quinzaine du mois des suites d’une vague de chaleur sans précédent depuis cinquante ans.

Phénomène climatique exceptionnel, la canicule a durablement marqué les esprits, tant des pouvoirs publics, épinglés pour leur gestion catastrophique de la crise, que des particuliers, qui anticipent désormais les grosses chaleurs en s’équipant massivement en appareils de climatisation.

Le plan national canicule. Sévèrement mis en cause pour n’avoir su ni anticiper ni réagir face à la canicule de 2003, le gouvernement a présenté, en mai, un plan national canicule censé prévenir les conséquences des prochaines vagues de fortes chaleurs.

Entre le 1er juin et le 30 septembre, les services de Météo France et de l’Institut de veille sanitaire (IVS) sont dorénavant en veille climatique et sanitaire permanente. Il s’agit d’alerter les pouvoirs publics lors de dépassements de seuils de température afin que les préfets déclenchent les plans blanc (mobilisation des personnels des hôpitaux), rouge (services de secours) et vermeil (interventions auprès des personnes âgées et vulnérables).

Une situation hospitalière "sous contrôle". En août 2003, les services des urgences des hôpitaux, dont une partie du personnel était en vacances, s’étaient retrouvés débordés par l’afflux de personnes déshydratées et souffrant d’hyperthermie. L’urgentiste Patrick Pelloux, qui avait été le premier à alerter les autorités et l’opinion publique sur l’état de catastrophe sanitaire que connaissait le pays, s’est de nouveau alarmé, jeudi 29 juillet, en affirmant que les hôpitaux n’étaient pas prêts à affronter une nouvelle canicule.

Le docteur Pelloux mettait en cause les fermetures de lits, dûs à la vacance du personnel, qu’il estimait d’une ampleur similaire à l’an dernier, soit entre 20 % et 30 %, alors que le ministère de la santé fait état d’un taux de 10 %.

Pour couper court à toute polémique, et alors qu’une nouvelle vague de chaleur envahissait le pays, le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy, a reçu, lundi 2 août, les représentants des médecins urgentistes de France.

A l’issue de cette rencontre, il a assuré qu’il y avait "une stabilisation du nombre d’urgences" et que "la situation est totalement sous contrôle". "Aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas de canicule, on voit bien dans les régions françaises qu’il n’y a pas de saturation dans les urgences", a ajouté le ministre. Il a toutefois annoncé l’ouverture d’une trentaine de lits supplémentaires dans le Gard, en raison d’un afflux de touristes.

La ruée sur les climatiseurs. L’année 2004 n’a fait qu’amplifier la tendance apparue en pleine canicule : les Français sont devenus des adeptes de la climatisation. Les fédérations commerciales du secteur font état d’une augmentation de leur chiffre d’affaires de 25 % à 42 % depuis le début de l’année.

Alors que la climatisation avait déjà conquis les lieux de travail et l’automobile, ce sont désormais les foyers qui s’équipent massivement, notamment en climatiseurs mobiles, avec l’arrivée sur le marché européen d’appareils asiatiques à bas coûts. Cet engouement n’est cependant pas sans poser problème pour l’environnement : la climatisation des automobiles induit ainsi, à elle seule, une augmentation des gaz à effet de serre de 10 % à 15 %, due à la surconsommation de carburants et aux rejets de fluides frigorigènes.

Une sécheresse moins marquée qu’en 2003. Sans être catastrophique, l’année 2004 est sèche. Même s’il est moins marqué qu’en 2003, le manque d’eau commence à produire ses effets sur le territoire, notamment à l’est, dans une zone s’étendant de l’Alsace à la Provence, et à l’ouest, dans l’embouchure de la Loire et la région Poitou-Charentes. Cette sécheresse, qui frappe essentiellement les sols, a été provoquée par un déficit de précipitations de 15 % en moyenne sur l’ensemble du territoire de septembre 2003 à janvier 2004.

Ce niveau ne serait pas problématique s’il ne s’ajoutait à la situation catastrophique de 2003. En conséquence, depuis le 27 juillet, des mesures de restriction de l’usage de l’eau ont été prises par les préfets dans 33 départements français, soit une situation analogue aux années 1998 et 2002. Par comparaison, 77 départements avaient été concernés par ce type de mesures durant l’été 2003, alors qu’une dizaine de départements avaient été touchés lors des années pluvieuses de 1999, 2000 et 2001.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-374408,0.html