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Malgré ses promesses, Lula autorise l’exploitation de la forêt amazonienne.

Publie le mercredi 11 août 2004 par Open-Publishing
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Courrier international - 10 août 2004

La nouvelle est tombée comme la foudre sur les groupes écologistes : le
président brésilien Lula da Silva prévoit un projet de loi qui permettra aux
entreprises privées d’exploiter 15 % des terrains de la forêt amazonienne
détenus par le gouvernement, a annoncé le journal O Globo, au début du mois
d’août.

"C’est un acte criminel. Nous n’avons aucun exemple d’exploitation
forestière durable, alors pourquoi ouvrirait-on la forêt aux étrangers ?" s’
est indigné, dans une entrevue au journal brésilien O Globo, le géographe et
ex-président de la Société brésilienne pour le progrès de la science Aziz
AbSaber.

"Derrière ce projet se trouve le désir inexplicable de livrer de grandes
parties de la forêt au capital étranger, renchérit l’ingénieur agronome
Flávio Garcia, représentant du Mouvement de défense de l’Amazonie. Ce sera
la mondialisation de la forêt amazonienne."

Cet espace vert, souvent qualifié de "poumon de la planète" en raison de son
immensité, est "l’habitat naturel de 30 % de la faune et de la flore du
globe et renferme un grand nombre de plantes pouvant contribuer à la
pharmacopée", rapporte le quotidien espagnol ABC, qui consacre un dossier à
ce sujet dans son édition du 9 août.

Le fléau de la déforestation a déjà détruit plus de 16 % de la forêt
amazonienne, essentiellement durant les trente dernières années. L’industrie
du bois, la culture du soja et l’exploitation des mines sont les plus
grandes coupables. L’année dernière, une surface de près de 23 700 km2 (la
moitié de la superficie du Danemark) a été dévastée "de façon illégale",
affirme le ministère de l’Environnement.

La décision de Lula, président de gauche qui avait fait de la protection de
la forêt amazonienne l’une de ses priorités au début de son mandat, en
janvier 2003, a de quoi décevoir. Mais le gouvernement de Brasília justifie
son revirement un an plus tard en affirmant que l’argent collecté grâce à l’
ouverture au privé de l’exploitation des ressources de la forêt servira à
relancer un programme de sauvegarde de ce fragile écosystème.

Ainsi, "près de 500 000 km2 [la superficie de la France] pourront être
donnés en concession à des entreprises brésiliennes ou étrangères, qui
exploiteront principalement les ressources forestières mais également les
fruits, les résines et les plantes. En échange, ces entreprises devront
payer des droits d’exploitation à l’Etat qui rapporteront des bénéfices
annuels estimés à 53 millions d’euros", explique ABC.

Le gouvernement brésilien promet de consacrer cet argent à des projets de
conservation de la forêt. Il ajoute qu’en aucun cas "les exploitants ne
deviendront propriétaires des terres" et qu’ils devront de soumettre à "des
règles sévères" de respect de l’environnement.

N’empêche qu’ils sont plusieurs à craindre que cette ouverture au privé ne
fasse perdre au gouvernement le contrôle de ces terrains. Des craintes
étayées par un voyage d’étude effectué en avril dernier par des experts du
ministère de l’Environnement brésilien. "Le voyage, à destination de la
forêt de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, a été financé par l’Agence
américaine pour le développement international (USAID) et le ministère de l’
Agriculture des Etats-Unis (USDA), tous deux très intéressés, selon les
groupes écologistes, par l’accélération de la mise en œuvre du projet afin
de faire des profits le plus rapidement possible", relate ABC.

Malgré tout, Greenpeace n’est pas totalement opposé au projet et soutient
pour sa part que "l’intention du gouvernement est de pouvoir contrôler ces
immenses étendues de forêt amazonienne qui ne bénéficient actuellement d’
aucune protection" afin de les sauvegarder. "A condition que le gouvernement
respecte ses engagements", précise l’organisation écologiste, qui exige
toutefois que la population concernée et les conservateurs des forêts soient
systématiquement consultés avant d’entériner quoi que ce soit.

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