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La guerre du Sahara Occidental, un tabou

Publie le vendredi 28 août 2009 par Open-Publishing

Après 30 ans de captivité, les ex-prisonniers marocains ont été presque abandonnés à leur sort. Aujourd’hui, ils réclament justice et dignité.

Brahim Hajjam, président de l’Association des fils des martyrs et des disparus du Sahara marocain (voir leur site) a décide de dénoncer cette situation en 1999, année où il créa son association. “On nous a mis des bâtons dans les roues d’entrée. On a aussi essayé de nous mettre en garde : Attention, l’armée est un sujet dangereux !”. Fin de règne ou pas, Hassan II se n’est jamais départi d’un parti-pris définitif : refuser d’évoquer la question des militaires marocains détenus à Tindouf et, par ricochet, celle de leurs familles. Il a toujours préféré parler de “disparus”, euphémisme pour ne pas prononcer le mot de prisonniers. Le tabou.

Cette négation totale est une position adoptée par Hassan II dès le début du conflit. Ne jamais reconnaître les détenus marocains de Tindouf pour ne pas avoir à reconnaître le Polisario, ipso facto. Tous les “disparus” devront d’ailleurs leur libération à la médiation de pays étrangers qui en ont fait une cause humanitaire. Jamais aux bons offices du Maroc qui en avait fait une question stratégique. Pire, en 1984, Hassan II aurait refusé le survol du territoire national à un avion du CICR (Croix rouge) où se trouvent des militaires marocains libérés de Tindouf. Durant cette même période, nous assure-t-on, une dizaine de libérés arrivés au Maroc sont expulsés en Suisse par Hassan II.

À l’arrière, chez les familles des militaires détenus à Tindouf, le silence est aussi fortement conseillé. A partir des années 90, les damnés des camps du Polisario peuvent enfin correspondre avec leurs familles. Mais point trop n’en faut tout de même : “Les moqaddems et chioukh, chargés de distribuer le courrier des prisonniers à leurs familles, le faisaient avec mépris en menaçant ces dernières de tracasseries administratives. A cause de cette pression, certains parents ont demandé à leurs fils, détenus à Tindouf, d’arrêter de leur écrire afin de s’éviter des problèmes”, raconte un lieutenant. “Le courrier était si rare que celui qui recevait une lettre la lisait à beaucoup de ses camarades. Je vous laisse imaginer l’effet d’une telle nouvelle sur un prisonnier”.

Par vagues successives, les quelques 2300 prisonniers de Tindouf ont vécu le même choc. Au moment précis où ils ont posé le pied hors de l’avion.

En 2005, le secrétaire général de l’association ANSFMDSM, Brahim Hajjam, a été tabassé puis arrêté par deux policiers, devant la porte de sa maison à Sidi Slimane. Après avoir passé toute la nuit dans un commissariat infecte de Sidi Slimane, Brahim Hajjam fut transféré devant le procureur du Roi. On lui reprochait d’avoir agressé trois personnes, tous des voisins de Brahim Hajjam.
Toutefois, ces derniers ont catégoriquement nié avoir été agressés par le prévenu. Résultat : Brahim Hajjam fut poursuivi pour ivresse et atteinte à un fonctionnaire de l’Etat.

Aujourd’hui, l’association se plaint toujours du fait que le conseil d’administration de la Fondation Hassan II pour les services sociaux des anciens combattants militaires, n’ait pas envisagé d’améliorer les pensions de veuves de martyrs de la même manière que les pensions sont traitées pour les prisonniers.
Il a condamné la décision de refuser le principe d’indemnisation et réparation morale et matériel des victimes et appele les autorités responsables à accorder une attention particulière aux enfants des martyrs et des personnes disparues et des prisonniers. Dans ce contexte, ils demandent la création d’un mémorial à Rabat, l’extension de la reconnaissance de leurs sacrifices pour l’intégrité territoriale, ainsi que l’adoption d’une journée nationale du martyr et des disparus.

Brahim Hajjam exprime son amertume concernant la situation de ces familles, alors que leur tortionnaire transfuge coule ses meilleurs jours dans une villa à Rabat. Il s’agit de Mohamed Ali Adhmi, alias Omar Hadrami, ancien directeur de la sûreté du Front Polisario, dénoncé aussi par Amnesty International pour sa responsabilité dans certains cas de violations des droits de l’homme dans le mouvement indépendantiste sahraoui.

L’esprit du feu Hassan II plane toujours sur la situation politique et sociale au Maroc. La transition démocratique n’est qu’une image vendue pour tromper les naïfs des sociétés occidentales et de la diaspora marocaine.

Source : Diaspora Sahraouie

http://abnachohada.canalblog.com/

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