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annonce collective de clôture de nos comptes à la Poste en cas de changement de statut

Publie le lundi 2 novembre 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Et si nous passions nous-même d’une situation de consommateurs otages ou complices d’une gestion de notre argent à l’encontre de l’intérêt général à celui de coopérateurs contribuant à la définition des règles ?????

La menace d’une fermeture collective de leurs propres comptes courants postaux par les opposants au changement de statut de la Poste n’est-elle pas de nature à faire réfléchir ses promoteurs ?

Je propose une lettre ouverte à Jean-Paul Bailly et Nicolas Sarkozy , à reproduire, adapter, personnaliser par tous ceux qui sont prêts à participer à cette initiative :

Lettre ouverte à M. Jean- Paul Bailly Président de la Poste et à M. Nicolas Sarkozy Président de la République

objet : annonce de fermeture de mes comptes en cas de changement de statut de la Poste

Messieurs les Présidents,

Les résultats de la votation citoyenne nationale organisée récemment au sujet du changement de statut de la Poste sont incontestables : ils témoignent d’un refus massif de ce changement par la population. Ce refus est particulièrement fort parmi les usagers de la poste qui, comme moi, y détiennent leur compte courant, souvent complété de livrets ou de plans d’épargne.

Aujourd’hui, le mépris avec lequel les dirigeants de la poste et du gouvernement ont récusé les résultats de cette votation et la hargne qu’ils mettent à imposer leur projet, trahissent leurs véritables objectifs : offrir aux marchés financiers et à tous leur opérateurs un des derniers services publics qui leur échappe encore partiellement, donner en pâture aux puissances d’argents par la même occasion nos quelques 11 millions de comptes courant et d ’épargne et les près de 100 milliards d’euros qui y sont déposés.

Comment pourrais-je raisonnablement confier encore mon argent, mes modestes économies, à des individus qui bafouent à tel point mon avis, mes attentes, mes choix ? Comment faire encore confiance à des affairistes déterminés, aussi cyniquement, à m’entrainer contre mon gré dans leur fuite en avant vers la privatisation ?

Messieurs les Présidents, comment en êtes-vous arrivés là ?
Le nombre de couleuvres que vous nous avez fait avaler ces dernières années vous aurait-il convaincus que tout vous était désormais permis ?
Il faut admettre que la faiblesse des protestations enregistrées lors des derniers épisodes de la grande braderie des services publics de notre pays pouvait vous griser. Le reniement rapide des engagements pris lors du changement de statut de France Télécom ou de Gaz de France, suscitant plutôt l’écœurement que la révolte, a pu vous apparaître comme un encouragement à répéter sans risque ce scénario.
Sans doute l’indifférence ayant accompagné la filialisation et le changement de statut de la Banque Postale il y a 5 ans, vous a-t-elle conforté dans l’idée que les usagers de la Poste seraient assez naïfs et dépassés pour gober sans moufter un sabordage à l’échelle du groupe tout entier.

Après tout, le vers n’est-il pas déjà dans le fruit ? Avec le zèle caractéristique des nouveaux convertis, les dirigeants de la Poste ont enchainé les opérations financières au moment même où la crise met en lumière leur nocivité : création de la filiale Transactis en joint-venture avec la Société Générale de sinistre réputation, participation prise dans Euronext en pleine bulle boursière, rachat de Tocqueville finances ou de Oddo & Cie, promoteurs de gestions de portefeuilles éminemment spéculatives.... Quel rapport y-a-t-il entre ces opérations et la vocation originelle de la Poste ?

A trop tirer sur la corde de l’attachement de nombreux français à la Poste et aux Centres de Chèques Postaux, vous allez tuer la poule aux oeufs d’or avant même de l’avoir vendue.

En effet, au-delà de l’habitude, ce qui nous attachait à la Poste, c’était la garantie donnée par son statut public d’une gestion et utilisation de notre argent selon des critères d’intérêt général, au bénéfice de projets utiles à la collectivité, porteurs de progrès sociaux.

La décision d’un changement de statut est motivée par une ambition diamétralement opposée : séduire et attirer de nouveaux capitaux en leur garantissant un taux de profit à court terme impossible à moins de saigner l’établissement.
Cette ambition et ses résultats prévisibles sont décidément trop contraires à mes convictions et mes intérêts pour que je vous accompagne dans votre démarche de trahison de « notre » Poste.

Dans ces conditions, si vous vous obstinez dans votre projet de changement de statut de la Poste, soyez assurés que j’en tirerai rapidement les conséquences en fermant les comptes courant et d’épargne que j’y possède depuis mon premier salaire, préférant contribuer modestement au développement un établissement bancaire mutualiste et coopératif, attaché plus solidement à des valeurs de solidarité, d’écoute de ses usages et salariés.

Compte tenu de votre mépris, estimez vous heureux d’en être avertis, et de disposer ainsi d’une chance de vous ressaisir à temps avant des décisions irréversibles. Dans l’attente de votre réponse à cette annonce,
Recevez, Messieurs les Présidents, l’assurance de ma détermination.

Scalpa

Messages

  • Excellente initiative . Rien à redire au texte de votre lettre . Une pétition pourrait également être mise en ligne sur Internet . Une parution quotidienne de votre texte sur ce forum , dans nos différents syndicats et sous forme de tracts et de pétitions devant les bureaux de Poste et sur les marchés locaux fera agir les nouveaux arrivants . Il n’y a que la menace de leur faire perdre de l’argent qui peut faire reculer les prédateurs financiers , pas les considérations sur les conditions de vie des employés ni sur le service public dont ces rapaces au pouvoir se moquent totalement .

    C’est une initiative de ce genre de la part des syndicats de fonctionnaires, après 1968, à une époque où la syndicalisation était très forte, qui nous a permis d’échapper jusque-là aux chèques payants . Quand il fut question de faire payer les chèques, les fonctionnaires avaient menacé de clôturer tous ensemble leurs comptes courants dans les banques privées pour en ouvrir un au Trésor Public comme ils en avaient la possibilité .

    • En l’état actuel, le crédit coopératif me parait la banque la plus crédible :

       à la fois sur ses principes éthiques de banque au service d’une économie solidaire,

       et dans sa démarche de consultation effective de ses sociétaires ( exclusivement des associations également impliquées dans l’économie sociale et solidaire ) dans les orientations qu’elle prend et les décisions qu’elle adopte

      Bien sûr, même dans son cas, la vigilance et l’intervention collective sont de mise pour résister aux sollicitations et aux pressions du modèle dominant, de ses larbins politiques élyséens ou bruxellois

      Mais la lucidité et la capacité d’autocritique des dirigeants de la banque me semblent réelles, à l’inverse de bien des banques mutualistes au départ qui ont trahi et usurper leur mission originelle, et dévoyer leur statut pour des pratiques financières spéculatives dignes des banquiers les plus cyniques.

      C’est sûr, passer d’une position de client gogo à celle de coopérateur exigeant c’est encore du boulot, vivement l’avènement d’une société sans argent, , mais dans l’immédiat, a-t-on vraiment le choix ?????