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yvonne abbas, ouvrière, communiste, résistante / sur www.campuslille.com
Publie le dimanche 16 mars 2008 par Open-PublishingCE MERCREDI 19 MARS 2008
A 18H30
C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »
Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6
En direct et en archives sur : www.campuslille.com
« Lundi, Nicolas Sarkozy rendra officiellement hommage à Lazare Ponticelli, dernier soldat survivant de la guerre 14-18. Pourquoi fallait-il attendre qu’il soit mort et ne puisse plus répondre ?
Parce que s’il arrivait aujourd’hui en France, immigré pauvre et sans-papiers, il serait reconduit à la frontière entre deux gendarmes.
Parce que Lazare Ponticelli dénonçait l’absurdité de cette guerre que lui avaient imposée les Sarkozy de l’époque. « Tous ces jeunes tués, je ne peux pas les oublier. Quel gâchis ! » Et son camarade Louis de Cazenave, mort quelques semaines plus tôt à 110 ans, dénonçait la guerre et le patriotisme : « De la fumisterie, un moyen de faire gober n’importe quoi ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien ! » Il avait refusé l’hommage proposé. (1)
Parce qu’en effet, comme disait le grand écrivain Anatole France, « on croit mourir pour la patrie, et on meurt pour les industriels ».
Parce que cette guerre 14-18 n’avait rien à voir avec la « défense de la patrie », comme disent les manuels scolaires. Les grandes puissances se battaient pour le contrôle de l’acier et du charbon (pétrole de l’époque), pour le contrôle stratégique des Balkans, pour la suprématie mondiale et la domination sur les colonies.
Parce que les Sarkozy de l’époque ont massacré dix millions de Lazare Ponticelli pour les intérêts des Bolloré, Bouygues, Lagardère et Albert Frère de l’époque.
Parce que le Sarkozy d’aujourd’hui s’en fout de sacrifier les Lazare Ponticelli d’aujourd’hui dans de nouvelles guerres coloniales prétendument « humanitaires » de la France, avec ou sans les Etats-Unis.
Lundi, Sarkozy sera donc le champion absolu de l’hypocrisie. »
Michel Collon - http://www.michelcollon.info/
(1) Cité dans Adieu Lazare, par Michel Porcheron, Adieu Lazare
Ce texte de Michel Collon nous ramène à une autre célébration : celle de Guy Môquet, par le même représentant de cette droite réactionnaire, laquelle, de « L’Union Sacrée » à « L’Etat Français », fit toujours passer les intérêts des industriels avant la vie des Ponticelli et des Môquet.
Le même qui se propose de faire parrainer, par chacun des enfants français, ceux dont les services préfectoraux de l’époque organisèrent la déportation. « Enfants français » et non de France, car les petits camarades privés de papiers disparaissent des bancs de cette école républicaine, pourchassés par une police exécutant les ordres du gouvernement légitime de la France. C’est en 2008. L’Histoire jugera.
Le même, dont la politique étrangère consiste à condamner la résistance à l’occupation, sans jamais condamner l’occupation elle-même – et observe la Palestine comme on put observer l’Espagne jadis.
Le même, dont la politique sociale fut clairement énoncée par Monsieur Denis Kessler, ex-numéro deux du MEDEF, fils idéologique de Monsieur Pucheu, le chasseur de communistes, le fusilleur de Môquet, haut responsable du patronat naturellement entré au gouvernement de Pétain. Voici ce que vomit Kessler : "Le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer et le gouvernement s’y emploie....Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance !"
Alors, ne nous y trompons pas : derrière les discours larmoyants et les hommages biaisés, se tapit une vaste entreprise de simplification, par là de déformation, et donc de falsification de l’Histoire – et l’injonction « Souvenez-vous de ceci » entretient un sous-jacent « Oubliez tout le reste ».
D’où la nécessité, pour nous tous, Ponticelli et Môquet d’aujourd’hui, simples citoyens et militants, de nous réapproprier cette histoire, car celle-ci n’est pas terminée. Le retour en arrière, c’est toujours du mouvement.
Yvonne Abbas est née en 1922. Elle connaît 1936, dans les usines textiles, bobineuse syndiquée à la C.G.T., elle côtoie Martha Desreumaux et Jeannette Vermeersch, entre en résistance dès les débuts de l’occupation, est emprisonnée par la police française, déportée à Ravensbrück. Aujourd’hui, elle n’a rien abandonnée de ce qui fit le cœur de son combat, et lit notre présent à la lumière de ce passé pas si lointain.
Nous entendrons l’entretien qu’elle accorda, en octobre dernier, à Laurence Mauriaucourt (que vous pouvez écouter chaque vendredi à 21h00 sur notre antenne dans « Voilà l’travail »). Cet entretien est diffusé pour la première fois. Plus que jamais, il faut profiter de la possibilité, offerte par notre grande radio, de télécharger cet entretien (dans la rubrique archives du www.campuslille.com). Plus ce témoignage, comme tant d’autres, sera diffusé, plus les forces de l’oubli et de la résignation auront la tâche compliquée. C’est bien le moins que nous puissions faire.