Scandales à répétition et "travail forcé" dans la Navale : Nouvelle grève de travailleurs polonais

Le 21 juin, huit salariés polonais détachés en sous-traitance sur le site d’AKER YARDS (anciennement Chantiers de l’Atlantique) ont décidé de se mettre en grève pour réclamer le paiement de leurs salaires.

Les 8 salariés détachés travaillent comme soudeurs-monteurs à bord du paquebot en construction MSC Orchestra pour le compte de la société polonaise OCHEN et son donneur d’ordre l’allemand DOS et effectuent des plages horaires hebdomadaires qui varient entre 51 et 46 heures par semaine au tarif de 8,50 / 8,80 euros de l’heure, sans application légale des majorations pour heures supplémentaires.

Présente sur le site naval depuis décembre 2005, en position 2 dans la cascade de sous-traitance, la société OCHEN poursuit ses pratiques hors-la-loi en direction de leurs salariés en déplacement.

Le 1er et 2 juin, ces huit salariés avaient cessé le travail pour obtenir le paiement du mois d’avril. Après ce premier mouvement, la société avait fini par leur verser leur du.

Les salariés de OCHEN se voient remettre tous les mois des acomptes en espèces de 150 euros en guise de frais de nourriture. Le non-versement de ces sommes et la difficulté pour s’alimenter avaient également contribué à déclencher l’arrêt du travail.

Aujourd’hui, le non paiement des salaires de mai et le manque de garanties sur le versement des salaires correspondant au mois de juin ont une nouvelle fois déclenché l’action collective.

De plus, les salariés exigent le versement des congés payés, la majoration légale des heures supplémentaires et le remboursement des frais de nourriture avec l’application des indemnités de grand déplacement prévue par la convention collective de la métallurgie française.

Soutenus par la CGT, les salariés polonais refusent de quitter le territoire tant que leurs salaires ne seront pas versés intégralement.
Le donneur d’ordre, la société DOS est, pour la quatrième fois, récidiviste en la matière. Cette société allemande avait déjà fait parler d’elle en septembre 2005 lorsque ses 25 sous-traitants polonais, détachés par la société polonaise KORPA, s’étaient mis en grève pour des raisons identiques. Ensuite, durant le premier semestre 2006 (février, avril), les salariés polonais des sous-traitants SAFE et OCHEN devenaient à leur tour les proies faciles d’employeurs sans scrupules.
Ces conflits à répétition sont la démonstration que des réseaux mafieux pullulent sur les chantiers français et européens, en toute légalité, puisque donneurs d’ordres et pouvoirs publics tolèrent voire incitent ces pratiques.

Lors des différents conflits, la CGT avait mis en garde la Direction des Chantiers de l’Atlantique, aujourd’hui AKER YARDS, et les pouvoirs publics contre la recrudescence de ces agissements de bandit.
Une nouvelle fois, la CGT exige des pouvoirs publics la fin du « travail forcé » sur le site naval et des sanctions sévères à l’encontre de ces marchands d’hommes.

Le Ministre du Travail, Gérard LARCHER et son Premier Ministre De VILLEPIN sont les principaux responsables de ces scandales à répétitions.

Leur mutisme, leur connivence, leur « patriotisme » économique contribuent à que Saint-Nazaire revienne au temps majestueux des négriers.