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Travail, capitalisme et migrations européennes sur les îles grecques (2/2)
Publie le vendredi 26 octobre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Les émigrés occidentaux.
Je compris alors que la différence principale, qualitative, entre un travailleur émigré normal, qui est un être humain qu’on respecte encore malgré l’exploitation, et un esclave venu de l’Est ou du Sud tient non pas dans le salaire, mais dans l’existence du sacro-saint temps de repos. En effet, c’est le temps de repos (libre ou forcé, dans certains métiers, le mauvais temps ou une mauvaise mer ou l’absence de touristes pouvant amener un temps de repos forcé pas toujours payé), de préférence une journée entière, qui permet non seulement de récupérer la fatigue, mais aussi de vivre, de créer des relations avec les autres êtres humains, donc de s’organiser et de se défendre.
C’est également la principale différence entre les émigrés de l’Ouest avec lesquels j’ai passé finalement tout un mois de travail à Santorini et les sous-humains de l’Est. C’est également l’absence de jour de repos garantie qui empêche les travailleurs grecs du secteur touristique de s’organiser et de se défendre efficacement contre l’importation de quasi-esclave de l’Europe de l’Est. Comment la pression de cette importation bolkestein fait baisser les salaires dans ce secteur en Grèce, cela, je devais l’apprendre dans mon nouveau travail.
En effet, au troisième jour de mon séjour à Santorini, je rencontrais dans un restaurant du port de pêche le patron d’une petite agence de tourisme de l’île, le lendemain je passais une journée dans le car pour apprendre le travail et le surlendemain je commençais mon travail comme guide en Français, Polonais ou Allemand. Chaque jour je descendais au port avec un des cars de l’entreprise et j’accompagnais dans un car les touristes européens pour la visite de l’île. L’agence santorinienne avait en effet obtenu le marché juteux de la sous-traitance de la visite de l’île en car, le donneur d’ordre étant une grande entreprise possédant des bateaux rapides. Cette entreprise vendait le produit Santorini sur toute la Crète aux touristes y séjournant. Ces touristes achetaient l’excursion pour 120 Euros et montaient dans les bateaux pour traverser 120 km de mer ouverte, profonde et souvent agitée, afin de visiter Santorinin en une journée grâce aux cars des entreprises santoriniennes.
Les touristes n’étaient pas informés du tourisme de masse qu’ils allaient faire. On ne les informait pas non plus qu’ils ne traversaient pas une mer tranquille d’un archipel mais une faille tectonique des plus profondes de la Méditerranée. Il fut des jours ou 300 à 400 personnes vomissaient sur le bateau et les guides les récupéraient dans un état lamentable dans le port mal organisé et minuscule de Athinios. Evidemment ni le donneur d’ordre, ni mon patron ne se préoccupaient pas de cela. C’était aux guides d’acheter les médicaments contre le mal de mer aux clients ou de passer leur temps à les amener à une pharmacie. De même ni les touristes ni les guides n’étaient informés des brusques décisions du donneur d’ordre de changement de programme.
Par exemple, l’entreprise santorinienne décida de faire travailler les bateaux de tourisme de l’île et offrit à nos touristes d’abord un tour de bateau supplémentaire dans le volcan, puis carrément une baignade dans le volcan. Ce genre d’excursion est l’une des plus belle à Santorini, on ne peut le nier, mais les guides étaient alors rendus responsables de décisions qu’ils n’avaient aucunement prises. Les capitaines des bateaux de tourisme redoutaient la responsabilité engagée en cas de problèmes, les bateaux de possédant pas de maîtres nageurs alors que 500 personnes descendaient ensemble dans une crique profonde et que seuls 4 guides sans aucune qualification de sauvetage se trouvaient là pour les surveiller. Il faut souligner que ce sont les touristes russes qui décidaient du changement de programme.
L’armateur donneur d’ordre était en effet aux petits soins avec eux car ils étaient et sont les plus nombreux : il ne se passait pas une journée sans que 3 cars minimums soient remplis par des Russes tandis que les nationalités occidentales ne remplissaient chacune un car entier qu’entre le 10 et le 20 août. Le reste du temps les guides assuraient le travail de présentation de l’île et la visite de deux villes en deux ou trois langues sans être aucunement payés pour chaque langue supplémentaire.
Je fus donc rapidement intégrée au milieu des travailleurs émigrés occidentaux, Allemands, Italiens, Français, Anglais mais également Hongrois, Tchèques, Polonais, Ukrainiens et Russes, ces derniers étant munis dûment de papiers de séjour grecs et se trouvant ainsi dans une autre catégorie que leurs compatriotes vendus par les agences. Cependant, les Occidentaux travaillaient 8 heures par jour seulement, tandis que les Européens de l’Est vivant en Grèce travaillaient souvent 12 à 15 heures pour le même salaire, c’est-à-dire de 40 à 60 euros par jour de travail.
Le salaire était journalier, sauf pour ceux qui avaient réussi à négocier un vrai contrat de travail, et le patron appelait le travailleur la veille pour le lendemain. Ceux qui n’avaient pas de contrat de travail, comme moi, n’étaient pas payés pour les jours de repos volontaires ou forcés, décidés par la mer ou l’absence de clients. En l’absence d’un syndicat grec facilement accessible affichant les tarifs des professions, je n’ai réussi à négocier que 40 Euros par jour tandis que les collègues vivant sur l’île en gagnaient 50. La concurrence entre les travailleurs ainsi que leur individualisme était soigneusement entretenu par le patron, mais elle ne réussissait pas toujours.
Au début de mon travail, peu de salariés s’entre-aidaient dans l’entreprise alors que nous avions tous besoins les uns et les unes des autres, pour se transmettre les informations ou de prêter les livres sur l’île afin de mieux faire notre travail, le patron n’assurant absolument aucune espèce de formation. Mais à la fin de la saison et quelques péripéties plus tard, nous formions dans une taverne de Oia de grande tablées internationales composées de Russes, Ukrainiens, Polonais, Italiens, Moldaves, Roumains, Hongrois ; Tchèques, Anglais et Français parlant ensemble toutes les langues possibles et travaillant dans toutes les entreprises de Santorini. Selon les usages complètement interdits mais toujours en vigueur, la taverne nous offrait le repas de midi si nous amenions des touristes tandis que ceux qui en amenaient le plus touchaient des commissions en plus. Le repas et les commissions étaient forts appréciés vus que notre salaire ne dépassait pas ou que de peu le niveau d’un salaire minimal occidental tandis que les prix de Santorini restent tout à fait européens . Avec le contact, hélas trop bref, avec nos clients, ces repas de midi furent une des joies de ce travail.
Il faut dire aussi que nous avons réussi à mettre un peu la pression à notre patron. Nous étions tous des gens expérimentés, ayant échoué sur cette île pour toutes sortes de raisons sociales, politiques et économiques. La plupart d’entre nous avaient une longue expérience de cadres dans de grandes entreprises occidentales. En vivant les conditions de travail à la grecque, certains d’entre nous développaient un fort ressentiment anti-grec, traitaient les Santoriniens « d’ânes passés de l’écurie à la voiture de luxe » et limitaient leur contacts à leur communauté, persuadés que toutes les îles et toute la Grèce ont la même mentalité avare, âpre au gain et fermé de Santorini.
Lorsque la situation se dégrada dans le port ou la police n’assurait plus aucune sécurité alors que des dizaines de millier de personnes embarquaient et débarquaient chaque jour, la chaleur insupportable et le bazar ambiant, les patrons absents lorsque des problèmes se présentaient, nous avons accepté une réunion exigée par le fils du patron qui tenta alors de nous diviser et de nous faire la morale. Nous avons alors utilisé les techniques de manipulations éprouvées issus de la gestion des entreprises occidentales et nous avons exigé d’être mieux traités et mieux informés. Les patrons durent surtout lâcher du lest sur les commissions que nous touchions dans les restaurants et qu’il voulait, soit nous interdire, comme le fils, soit prendre à son profit, comme le père.
Celui-ci avait en effet exigé vers la fin de la saison que j’emmène les touristes français vers un des restaurants qui n’avaient pas fait le plein au mois d’août et qui était tenu par ses amis. Tandis que j’avais droit à un repas fort moyen, une maigre commission de 20 Euros de temps en temps et que je mangeais seule privée de la compagnie de mes collègues, lui s’en mettaient certainement pleins les poches, personne ne faisant rien de gratuit à Santorini. Je finis par couper la poire en deux : un jour je retrouvais mes collègues à notre taverne, un jour je travaillais pour le patron. Suite à la fameuse réunion, les chauffeurs de bus, des Grecs munis de contrats de travail réguliers, relâchèrent la pression concernant les pourboires. En effet, les chauffeurs exigeaient des guides le versement de la moitié du pourboire gagné par le guide à la fin de la journée et pouvaient exiger du patron le départ du guide si celui-ci ne leur apportait pas les sommes espérées. Avec un pourboire de 20 Euros pour les bons jours, cela faisait aux deux un complément appréciable du salaire.
La concurrence de l’Est
Deux facteurs marquent les conditions de vie de ces travailleurs migrants d’un nouveau genre : la solitude et la pression de la concurrence d’Europe de l’Est. Le patron ne se gênait en effet pas pour me dire ouvertement que l’année prochaine il pendrait une Polonaise ou une Slovaque par une agence athénienne, une étudiante qui parlera trois langues et à qui il va coller un livre sur le Santorini dans les mains pour qu’elle soit immédiatement opérationnelle. Elle travaillera ainsi tous les jours sans pause pour 600 Euros en trois langues et lui n’aura plus de problèmes avec nous.
J’ai compris que la seule chose qui l’arrêtait encore était le qu’en dira-t-on des gens du village qui lui reprocheraient de ne pas donner du travail aux gens de l’île. Mais combien de temps ce genre de considérations fonctionnera-t-elle ? Déjà, selon les informations obtenues d’un guide hongroise dans le métier depuis 1994, la grande agence Deltanet utilise des Polonaises pour 600 Euros par mois. Ces personnes travaillent avec des contrats Bolkestein de la même façon que les esclaves des hôtels et des restaurants : l’année dernière, lorsque la saison fut terminée, le patron leur déclara que la saison n’a pas été bonne et les paya 700 Euros au lieu des 800 promis. Cette année, elles travaillaient pour 600 Euros.
Ainsi, la valeur du travail qualifiée se dégrade rapidement en Grèce tandis que les nouveaux venus arrivent avec des compétences linguistiques plus importantes prêts à travailler dur pour un salaire inférieur à celui d’un travailleur manuel. La seule manière que les guides ont trouvé pour limiter cette concurrence est de travailleur pour toutes les entreprises de l’île à la fois, une le matin, une à midi et une autre le soir et ne jamais refuser le travail proposé au risque d’y perdre leur santé par l’accumulation de la tension et de la fatigue du fait des conditions de travail en pleine chaleur du mois d’août. Cette méthode a cependant elle-même des limites : lorsqu’un des guides doit lutter pour être payé pour son travail, comme ce fut mon cas à la fin de la saison, personne n’est solidaire, de crainte d’être exclus de toutes les entreprises de l’île.
Les patrons en effet, entretiennent des relations cordiales entre eux, puisque ce sont les mêmes paysans et pêcheurs de l’île qui se sont juste enrichis par le tourisme les 20 dernières années.
La question linguistique et les liens sociaux
En l’absence de tout syndicat, de toute association à but social, de partis politiques de gauche, les relations féodales et patriarcales se recréent très rapidement. Qui, en effet, peut m’aider si je ne suis pas payée par mon patron ? Celui qui aura besoin de mon argent : le propriétaire de mon logement, le loueur de ma voiture ou de ma mobylette. Ces gens deviendront donc mes protecteurs et le risque d’abus est directement lié à la solitude dans laquelle vit le travailleur étranger malgré les centaines de milliers de touristes, au bas mot, qui ont traversé une île de Santorini durant l’été. Santorini c’est en effet le règne de l’omerta : on ne parle pas des vraies choses ni avec le touriste ni avec le travailleurs étranger. On ne parle ni de politique, ni des problèmes écologiques de l’île pourtant visibles à l’œil nu pour tout touriste occidental de la classe moyenne un peu informé.
On ne parle ni de la vie sociale, du mode de vie, de l’histoire de l’île. On ne s’intéresse pas non plus à l’étranger et à ce qu’il sait de la Grèce, alors que de nombreux Français viennent en Grèce depuis 30 ans plusieurs fois et que les migrants parlent souvent parfaitement grec. Le Grec s’enferme dans un nationalisme étroit et enferme l’étranger dans la case touriste en lui parlant anglais et refusant d’engager une conversation en grec. Cette situation énerve jusqu’aux touristes grecs qui s’entendent parler anglais dans les restaurants par leurs propres compatriotes ! La question linguistique n’est en effet pas anodine, elle participe à la formation des relations dans cette société partagée entre un féodalisme conservateur et un capitalisme ultra sauvage. En effet, les travailleurs des agences enfermés dans les restaurants et les hôtels n’entendent pas d’anglais : pour eux les propriétaires ne font pas d’effort d’adaptation, c’est à eux d’apprendre une langue aussi complexe et rare que le grec.
De même, lorsque nous, travailleurs occidentaux voulions mettre le patron sous pression, nous utilisions l’anglais plutôt que le grec retournant à notre profit une situation alors que le touriste étranger n’entend que l’anglais afin d’éviter qu’il ne pose des questions gênantes telles que les problèmes des incendies, d’eau, d’énergie sur l’île ou bien encore le lieu ou se trouve le Sea Diamond, le bateau qui s’est écrasé dans le port de Santorini en avril et qui se trouve à 200 mètres de profondeur perdant son pétrole.
Malgré l’interdiction du patron d’en parler, tous les jours j’ai répondu à une question de ce genre posée par mes clients et je leur montrais l’endroit. Cependant, j’avais beau expliquer aux patrons que les touristes occidentaux étaient des gens de la classe moyenne, parfaitement informés et adultes, ils persistaient, comme de nombreux patrons grecs, à croire que les touristes ne voient ni n’entendent rien et viennent consommer du soleil et faire des photos.
L’omerta conduit donc à l’absence de relations amicales qui mène à la solitude. La solitude induit la dépendance à différents protecteurs : le nombre d’hommes qui voulaient une relation sexuelle avec moi en échange de leur protection étaient impressionnant. D’ailleurs, leur empressement était inversement proportionnel à leur influence réelle sur la vie de l’île même si certains pouvaient me nuire. Il en était ainsi de mon logeur qui me mit la pression 1 mois durant pour que j’accepte des relations sexuelles avec lui.
Dans d’autres lieux, cela s’appellerait du harcèlement sexuel, ici ce sont des relations parfaitement normales. Finalement je n’ai gagné son estime et ma paix que lorsque j’ai été capable, seule, d’obliger mon patron à me payer alors que celui-ci voulait me faire attendre encore 1 mois. Pour ce faire, j’ai utilisé les techniques traditionnelles, en parler à tous ceux qui veulent l’entendre pour lui faire honte dans toute l’île, et moderne, c’est-à-dire en cherchant l’aide de syndicats, partis de gauche et inspection du travail. Finalement, ce fut la police qui lui enjoignit de me payer. J’ai appris par la suite que bien d’autres personnes ont eu des problèmes avec le paiement du salaire : même le capitaine du bateau, un homme pourtant expérimenté, syndiqué et originaire de l’île, avec lequel nous travaillions tous les jours avec nos touristes, devaient lutter pour le paiement de ses heures supplémentaires.
J’ai été finalement heureuse de finir la saison plus tôt et de ne plus voir mes employeurs. La question du paiement des salaires des heures supplémentaires se fera de toute façon pressante une fois la saison finie. En effet, comme les patrons sont sûrs de trouver une main-d’œuvre concurrente bon marché venue de l’Est pour la saison prochaine, ils n’auront aucunement peur des travailleurs dont ils n’ont plus besoin lorsque la saison est finie. Une grève à mi-saison aurait été certainement plus appropriée pour prévenir ce genre de problèmes comme le non-paiement des salaires à la fin de la saison.
Au-delà de la question des salaires, la solitude et l’omniprésence des valeurs ultralibérales axées sur l’argent et la consommation mènent à la marchandisation de toute relation humaine. Et c’est ainsi que la relation érotique devient le dernier refuge ou on espère trouver un appui, un soutien et un accompagnement. La famille, si on en a une, devient une valeur sacrée et la plupart des émigrés n’en ont pas, ne l’ont pas sur place ou cherchent à en fonder une.
Ces relations sont cependant également perverties à la base par l’argent et le rapport de pouvoir. Aujourd’hui en effet un homme peut, à Santorini comme ailleurs en Grèce, s’acheter une femme russe, moldave et ukrainienne pour la modique somme de 50 Euros dans les bordels certes discrets mais connus de tous, fréquentés essentiellement par les touristes grecs et les émigrés en mal de solitude. Ces femmes leurs rendront un service sexuel assuré qu’ils trouvent ensuite normal d’exiger des femmes libres qu’ils fréquentent ailleurs.
La sexualité féminine devient ainsi une marchandise bon marché à consommer pour une petite somme ou pour le prix d’un repas au restaurant ou d’un ticket de cinéma, en ce qui concerne la femme dite « libre ».
Ceux qui ne fréquentent pas les bordels ne peuvent échapper à la pornographie qui participe ainsi à la rénovation des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes. Si la femme n’accepte pas les nouvelles exigences sexuelles masculines, elle se retrouve seule sans aucun soutien, face à la dureté des relations sociales au travail. Si elle accepte, elle accepte sa domination, mais sa solitude reste et le système se perpétue.
De même, l’homme aura l’impression d’avoir gagné s’il parvient à installer une relation érotique basée sur la satisfaction exclusive de ses besoins.
Mais aujourd’hui, les femmes, grecques et étrangères, ne se privent plus de partir si elles trouvent que le prix à payer pour la protection de l’homme est trop élevé par rapport au service rendu. Pour l’homme aussi, la solitude reste le lot et le système peut continuer de croître tranquillement sur l’isolement des êtres humains.
Conclusion
La conclusion s’impose d’elle–même : il faut d’urgence organiser la lutte contre les agences esclavagistes afin de stopper la dégringolade des salaires et des conditions de travail en Grèce et en
Europe entière. Sans attendre il faut alerter les travailleurs des pays concernés, les aider a s’organiser et protester contre le trafic des agences en s’appuyant sur les codes du travail des pays respectifs ainsi que les conventions européennes et internationales. Il faut organiser des manifestations avant les agences en Grèce, élaborer en plusieurs langues des tracts informant les travailleurs de l’est de leurs droits et les distribuer sur les lieux de travail mêmes.
Enfin, il faut que les syndicats grecs reprennent le terrain perdu au profit des employeurs : il n’est pas possible que sur une île aussi internationale et touristique que Santorini n’existe aucun bureau d’aucun syndicat et que les travailleurs n’aient aucun endroit pour s’informer sur leurs droits, sur les salaires pratiquées dans la profession et se trouvent seuls et démunis sans aucune aide en cas de problèmes. On voit donc que la transformation doit toucher la société grecque dans son ensemble afin de stopper la dégradation dans toute l’Europe.
De même, il ne serait pas inintéressant d’informer les touristes européens sur les conditions dans lesquels travaillent les salariés qui assurent le service dans le secteur touristique et permettent à la classe moyenne européennes de croire que rien n’a changé, qu’elle reste maîtresse de son destin professionnel et de ses vacances… Le secteur touristique grec montre jusqu’à la caricature à quel point les Européens sont embarqués dans le même bateau de la déréglementation ultralibérale : les Occidentaux sont contraints de consommer le tourisme de masse qui autrefois les rebutaient et de s’incliner devant la prépondérance des Russes car le pouvoir d’achat de la classe moyenne occidentale a fortement baissé, ce dont tous les patrons grecs sont parfaitement conscients.
Par ailleurs, ce tourisme de masse ne peut être assuré que par la masse de main d’œuvre esclave venue des nouveaux pays membres de l’UE. Les misérables conditions de travail de cette main d’œuvre font pression sur les salaires locaux, mais aussi les salaires des Occidentaux précarisés qui se déplacent désormais là ou se trouve l’emploi… Et c’est ainsi que jusque dans sa façon de passer ses vacances la classe moyenne occidentale participe à la dégradation de sa propre situation. Il est urgent de stopper cette spirale infernale vers le bas et notamment reconstituer une Union Européenne dont le souci serait le bien-être des citoyens et non pas celui de l’élite capitaliste internationale.
Messages
1. Travail, capitalisme et migrations européennes sur les îles grecques (2/2), 23 novembre 2007, 11:43
Je viens de lire votre article sur " santorin"ce que vous relaté je l’ai ressenti en tant que touriste à bord du "Sea Diamond"où certains personnels en particulier "les "Mauriciens" il me semble étaient les esclaves du bord,toujours présents jour et nuit !!!Lors de la visite de Santorin en bus nous avions assisté à une vive altercation entre deux guides !!!je comprends mieux maintenant le sujet de la discorde !!Cordialement
F.Iribarren
2. Travail, capitalisme et migrations européennes sur les îles grecques (2/2), 16 décembre 2007, 20:38
Vous devriez le faire passer au Courrier International