Accueil > NEGOCIER ? MAIS NEGOCIER QUOI ?
Patrick Mignard est enseignant et chercheur en économie à l’IUT de Toulouse.
Il est l’auteur de deux livres d’un grand interêt (disponibles au fond documentaire
d’Attac-Béziers et aux éditions A.A.E.L) : "Manuel d’économie à l’usage de celles
et ceux qui n’y comprennent rien" et "L’Anti-Sisyphe-Pour en finir avec la marchandise".
(NdlR)
de Patrick MIGNARD
Les marges de manœuvres, politiques, et surtout économiques dont dispose un système
pour se pérenniser et assurer son équilibre en dit long sur son état général
et en particulier sur le degré de développement de ses contradictions. L’indicateur
est d’autant plus fiable quand le système politique est dit démocratique. Or,
aujourd’hui, dans les pays développés, et en France en particulier, c’est bien
de cela dont il s’agit, de la volonté mais aussi des possibilités de négociation
dont disposent les pouvoirs publics en matière de politique économique et sociale.
Le pouvoir actuel est caractérisé par une double attitude, inquiétante : la tendance à la
liquidation des acquis sociaux et économiques (service public, législation du
travail, retraites,…) et l’obstination à « ne pas/plus entendre » les protestations.
Cette attitude à une conséquence logique : elle limite ce qu’il est convenu d’appeler,
le « champ des négociations ». Or, la négociation, dans un système qui se veut
démocratique est une pratique de dialogue social, essentielle, c’est d’ailleurs
autour d’elle que se structurent les instances et les stratégies de « dialogue
social » activées en cas de conflit (essentiellement les syndicats et les associations
diverses).
QUE RESTE-T-IL A NEGOCIER ?
Dans le système marchand, la négociation est inévitable. Comme dans chaque système,
basé sur un antagonisme économique et social (intérêts économiques et sociaux
divergents entre groupes sociaux), la négociation est le premier instrument de
régulation pour sortir d’un conflit et pour éviter tout durcissement voire généralisation
de celui-ci.
A l’époque de la souveraineté de l’Etat-nation et dans une économie « non ouverte » (par
opposition à la mondialisation que nous connaissons aujourd’hui), les pouvoirs
publics, l’Etat, avaient une double qualité pour négocier : ils avaient la compétence
sur leur territoire et avaient « de quoi » négocier.
La compétence était la conséquence même de l’existence de l’Etat-nation : une
autorité qui avait autorité sur le territoire et ce à l’exception de toute autre.
Cette autorité, dans un système démocratique représentant le peuple, on en concluait
que le peuple avait « autorité » sur les décisions étatiques.
Ce qui se négociait c’était la rémunération de la force de travail, ses conditions
d’existence (hygiène, sécurité, temps de travail, protection sociale, retraites,…)… entre
autres.
Aujourd’hui :
La compétence a été diluée à la fois dans la mondialisation du capital… le pouvoir économique
a largement dépassé le cadre national qui borne la zone d’influence de l’Etat
national, mais aussi dans la construction européenne qui a déclaré compétentes
des instances supranationales, installées il est vrai avec l’accord des Etats.
La situation est aggravée par le choix politique des Etats de fonder le fonctionnement
de l’économie, non plus sur un contrôle citoyen, mais en faisant confiance aux
stricts mécanismes du marché.
Quant à la « matière » même de la négociation, elle a fondu comme neige au soleil.
En effet, la mondialisation marchande, par l’ouverture de nouveaux pays producteurs
(à bas coûts) et l’ouverture de marchés à l’échelle planétaire (pratiquant des
prix défiant toute concurrence), interdit désormais ce qui hier était possible
: augmenter des salaires, garantir l’emploi, assurer la protection sociale,…Toutes
ces mesures qui autrefois ont fait les « conquêtes sociales », les « acquis sociaux » et
ont évité les conflits majeurs,… toutes ces mesures sont (dans le cadre du système
marchand), aujourd’hui impossibles à prendre.
Autrement dit, il faut se rendre à l’évidence : si l’on voit toujours, et encore, « qui » peut
négocier, on ne voit plus très bien « quoi » négocier. Le système marchand n’a
plus rien à négocier avec les salarié-e-s.
Cette situation fait voler en éclat les conditions d’établissement d’un consensus
social qui trouvait ses fondements, en cas de conflit, dans la négociation. Les
syndicats sont impuissants à assumer une situation pour laquelle ils n’ont jamais été faits.
Quant à l’Etat, qu’il soit de Droite ou de Gauche, qui est garant de ce système,
on comprend parfaitement pourquoi il hésite à faire des réformes (Gauche) ou
pourquoi, il passe, ou essaye de passer, en force (Droite). On comprend enfin
pourquoi les réformes vont toutes dans le sens de la dérèglementation et que
la Droite comme le Gauche ne peuvent y échapper.
Malgré cela, l’Etat garant du système marchand se doit de maintenir la « cohésion
sociale » ou du moins un semblant, et comme il doit aussi sauver les apparences
démocratiques, il ne peut pas agir uniquement sur le plan répressif….
LA « COMMUNICATION » COMME MOYEN DE SAUVEGARDER LES APPARENCES
Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui ont été surpris par la remarque
des membres du gouvernement qui, en chœur, ont expliqué doctement qu’il y avait
un « déficit de communication »… autrement dit, les réformes passent mal parce
qu’elles sont « mal expliquées ». Surprise également quant à l’attitude du gouvernement
qui manifestement a l’intention de continuer les « réformes » Certaines et certains
en ont conclu que le gouvernement prenait les gens pour des imbéciles et des
demeurés… il y a de ça, mais pas uniquement.
Le gouvernement, malgré tous les risques de troubles sociaux, ne peut pas ne
pas continuer sa politique : contrainte du marché, contrainte des engagements
internationaux (OMC, Europe)… c’est tout le sens de la phrase : « Il faut réformer
la France ». Il est donc indispensable de faire « passer ces réformes dans l’opinion
publique »… il faut donc faire preuve de persuasion. Tout et bon, et tout sera
bon : remaniement ministériel, désavoeu du gouvernement précédent, promesses
(encore !), appel à la sagesse, la responsabilité, la volonté, au réalisme, etc… Bref
rien de très nouveau mais parfaitement illusoire.
Le temps va être mieux utilisé : au lieu d’injecter massivement on va faire du
goutte à goutte, jouer sur les contradictions des bureaucraties syndicales, la
lassitude des salariés, des usagers, les périodes de vacances, les grandes campagnes
médiatiques qui dilueront l’attention de l’opinion publique : attentats, catastrophes,
réunions sportives, évênements poeple, etc….Bref de la C-O-M-M-M-U-N-I-C-A-T-I-O-N
!
La Gauche surfe d’ailleurs démagogiquement sur cette situation, faisant croire
que si elle était au pouvoir elle ferait différemment ( ? ? ?)… ce qui est un
pieu mensonge et une manipulation… il suffit de voir comment elle a agit au gouvernement
hier… et à fortiori si elle y était aujourd’hui… décidée à gérer ce système elle
n’aurait pas le choix. Elle va essayer de se refaire une virginité politique
sur les probables échecs du gouvernement et va entraîner l’opinion publique dans
des manifestations ridicules qui n’auront qu’un seul et unique objectif : la
ramener au pouvoir.
Enfin, si la « communication », c’est-à-dire la persuasion et la manipulation
n’arrivent pas à ces fins, il reste la répression, la contrainte… c’est qui explique
le recours de plus en plus fréquent aux mesures coercitives et à la juridiciarisation
des conflits sociaux (voir l’article : VERS
UNE SOCIETE POLICIERE ? ici).
ET ALORS ?
Le fait que le système marchand n’ai plus rien à négocier ne veut évidemment
pas dire que l’alternative, en terme de l’instauration d’un autre système, est
prête, encore faut-il que des rapports sociaux nouveaux prennent le relais, et
qu’il y ai une volonté politique, quelle que soit sa forme, pour l’assurer. C’est
d’ailleurs là que réside l’essentiel du problème de l’alternance, d’autant plus
que l’action de la Gauche va être stérilisante et destructrice pour celles et
ceux qui veulent le changement.
Il est dés à présent indispensable de procéder à une analyse de la situation
qui nous fait sortir de la gangue politicienne et électoraliste et pose les problèmes,
non pas en terme de prise du pouvoir (pour quoi faire ?), mais de mise en place
de relations sociales alternatives et de formes de luttes nouvelles qui posent
le véritable problème de la marchandisation (voir l’article TRANSITION
ici)
Si tout ce qui est écrit dans cet article est juste, c’est la seule voie possible
qui s’ouvre à nous.
03.04.2004
Collectif Bellaciao
Messages
1. > NEGOCIER ? MAIS NEGOCIER QUOI ?, 6 avril 2004, 04:47
En un utilisant des modèles ,celui de la ruche,de la termitière,de la machine,etc.,on gomme toujours la capacité d’auto institution(autonomie ?),de l’imaginaire humain post ou trans humain...Fondamentalment il s’agit de s’émanciper des modèles qui rapportent toujours le social à autre chose qu’à lui meme..Bref,il est décisif de réperer les capacités inventives d’un imaginaire radical,alternatif, qui,s’incarnant invente et constitue à chaque fois le désirable et le non désirable..Car fonder le désir sur le manque n’est qu’une proposition vide puisque nous baignons en permanence dans des infinités de manque.Et seulement l’imaginaire investit ces manques (deleuziennes),comme pertinents ou non pertinents..//.le débat continue...Militer sans modèles dans la tete ,militer dans la philosophie de la vie quotidienne,dans tous les interstices de la micro et la macropolitique,pour une révolution molare/ moléculaire,car c’est l’urgence de la résistance..mais aussi de créer des liens, des rizhomes,pour la construction" future." ;,.les multitudes, doivent s’organiser en pouvoir constituant..et d’ essayer aussi, de trouver la ’jonction’(unité dans les différences)avec toutes les zones d’autonomie temporaires et permanentes,pour la constitution d’une contre offensive antiliberale(désobeissance civile,créative et pas violente,aussi une fete continue),,et offensive sociale libertaire ;/.le désir à venir, ... sera l’alternative sociale d’unité prolétaire.. ;//il faut ,récommencer à faire circuler les idées,démarrer une plateforme unitaire pour un futur proche (d’un autre monde et de societé possible) ,de démocratie radicale,sociale ,populaire. ;: :.jonction,unité et autonomie des multitudes.. ;..Ré/.penser enfin à un projet de propositions, des programmes ,une plateforme, de la mouvance alterglobale,radicale,antagoniste,alternative à la liberalsocialdémocratie des vieux partis sclerotisés, d’une fois gouvernamentaux..etc.. ; démarrer .une culture éuropéenne,internationale,new globale,comme l’ a été par exemple la new age(en négatif),,le punk,la beat génération ,le 77 en italie des indiens métropolitains,etcC’est à dire ,de créer ,construire aussi une culture" new global "pour les nouvelles génerations militantes.,.pas seulement une protestation "anti’ mais ainsi ’pour’ ;..une nouvelle culture art, philosophie ,manière de vivre,de vie alternative à la post societé du post spectacle de la domination ,domestication des etres(Sloterdik),des états policiers.etc. ... THE END../////Postscriptum :..////.Z.A..P.S.et zaps,.. après LES "TEMPORARY AUTONOMES ZONES"(t a z, d’akim bey,ed.l’éclat) c’est venu le moment d’organiser les"Z A P S (zones d’autonomies permanentes sociales,d’autonomie démocratique d’unité populaire.,.partout..,dans le monde réel et virtuel.. ;.POINTS de débat ,DE LA MOUVANCE NEW GLOBAL.e. (éurope,internationale)..fédération de toutes ces "zaps"’ new globals,dans des" coordinations,"molecules" nationales(france,espagne,angleterre,italie,allemagne etc.°,et usa,asieafrique etc.°) c’est un reve ou une possibilité à venir .. ;..futur proche.. ;.le désir d’une révolte à venir...peut etre..//un anonyme,deux anonymes,trois anonymes.., pour un bloc (rouge noir vert)social d’unité prolétarienne,(des precaires,jeunes,femmes,esclaves,ouvriers ,travailleurs ,chercheurs,intello,artistes prolétaires,chomeurs,immigrés,migrants,sans...dominés.. etc...) bye bye..on est bien d’accord avec les contenus de ce texte .,...et que le débat continue...ciao bellaciao..,//des anonymes passants ordinaires et DANDYS quelconques.(qu’ils ont frappé à la porte où j’ai commencé pour écrire cette réponse à l’ article de mr P.M. ;).//Proposition pour une revue de débat plurilangues éuropéenne(de discussion sur l’état de la mouvance alter..,de culture d’art contextuel etc)..//.altereurope...la deuxième partie c’est le résultat d’une discussion /débat animé/écriture collective, entre copains,et pour cela en commune. ;.excusez moi de la déxième partie de cette réponse à votre texte que j’approuve dans l’ensemble..et qui donne de l’ enrichessement au débat sur la mailing list B.Ciao. ;aurevoir ,car, il y a trop de monde dans cet petit atelier et il faut terminer ce délire ..qu’il est désormais dévenu un ipertexte experimental de poésie et écriture à la William Bourrows ; ;un cut/up des écrivains de la beat génération..,ou un vrai cadavre exquis duchampien.de,.dandy s cyberdada.,ou un coup de dés (qui n’abolira jamais l’hasard)de Stéphane..Mallarmé....