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11 septembre 2001-11 septembre 2011 : 10 ans de guerres et le monde n’est pas plus sûr

par Le Mrap

Publie le vendredi 9 septembre 2011 par Le Mrap - Open-Publishing

Le MRAP avait condamné sans appel les terribles attentats du 11
septembre 2001 et affirmé que seules des actions durables, destinées à
s’attaquer aux causes du terrorisme, seraient de nature à faire reculer
ce fléau. Les dix années écoulées confirment hélas nos analyses .

Dix ans après, le bilan est affligeant : deux guerres aux conséquences
incalculables, la militarisation des rapports internationaux,
l’exacerbation du racisme à l’encontre des populations arabes et
musulmanes, les violations répétées du droit international et du droit
des peuples, les restrictions sans précédent des libertés individuelles
conséquentes à l’obsession sécuritaire et le discrédit jeté sur l’ONU.

La guerre en Afghanistan, menée sous le commandement des États-Unis,
avec l’aval des Nations Unies, loin d’avoir fait progresser les droits
des Afghans et régresser le terrorisme, a nourri les haines et attisé
les tensions. Les destructions, les morts par milliers, les réfugiés par
dizaines de milliers, la misère, la négation des droits des Afghans - et
notamment des femmes - nourrissent l’engrenage de la violence et de la
guerre. Les raids incessants au Pakistan destabilisent dangereusement
toute la région. Les troupes françaises qui participent à cette guerre,
alors que les sondages prouvent que la majorité des Français y est
opposée, ont payé un lourd tribu dans une guerre dévastatrice : 73 morts
dont 21 en 2011.

Les Etats Unis et leurs alliés ont contribué à un état de guerre
permanente par la mise en œuvre du concept de « guerre préventive » qui,
en réalité, se révèle être une forme moderne de colonisation. Au XVIIème
siècle on « évangélisait », au XIXème siècle on « apportait la
civilisation ». Aujourd’hui « on apporte la démocratie » : mais où est
la démocratie en Afghanistan ? En Irak ?... Les objectifs avoués
changent, les objectifs réels demeurent : le contrôle et l’appropriation
des ressources naturelles d’un pays par une puissance étrangère. Dans le
même temps, la colonisation et l’occupation de la Palestine se
poursuivent sans que des sanctions soient prises à l’égard de l’Etat
israélien.

La théorie, aux dégâts incalculables, du “choc des civilisations” a été
le détonateur qui a permis la libération de la parole et le
développement d’actes racistes contre les Musulmans à travers le monde.
La hantise du fondamentalisme musulman a pris des dimensions
irrationnelles au point de faire considérer tout musulman comme un
terroriste potentiel. L’équation musulman=intégrisme=terroriste -
violence entretenue, instrumentalisée - a participé à structurer la
musulmanophobie.

Les répercussions de cette idéologie, entretenue partout à des fins
politiques par les extrêmes droites et, en France, par une partie
extrême de la droite qu’est la « droite populaire », ont contaminé
l’ensemble des sociétés et les rapports sociaux. Elles ont conduit à la
terrible tragédie d’Oslo. Les problèmes politiques, économiques,
sociaux, d’environnement…tendent à disparaître au profit d’une lecture
ethnico-religieuse des relations entre les peuples dont se nourrissent
tous les communautarismes et tous les extrémistes.

Sur le terrain des libertés individuelles, les Etats-Unis - mais aussi
les autres puissances occidentales, alliés ou non, comme la France ou la
Russie - se sont servis du 11 septembre pour développer des logiques
sécuritaires qui portent atteinte aux libertés individuelles, engendrent
des législations d’exception, font renaître des discours légitimant la
pratique de la torture ; Guantanamo qui n’est toujours pas fermé, malgré
les promesses d’Obama, étant le symbole de ce “non droit”.

La politique atlantiste de Nicolas Sarkozy entraîne la France dans cette
spirale de la violence.

L’Organisation des Nations Unies, créée dans l’objectif initial de
favoriser le règlement pacifique des conflits entre Etats, est plus que
jamais l’otage des puissances militaires et économiques qui portent
ainsi atteinte à sa crédibilité.

Les révoltes dans les pays arabes prouvent que les peuples n’acceptent
plus ce qu’on leur impose : elles sont un démenti cinglant à ce concept
de « guerres de civilisation ».

A l’encontre des logiques de guerre et de cette propagande pernicieuse,
le MRAP considère que seul le respect du droit international, la
garantie des droits humains et du droit des peuples pourront dégager les
voies et les moyens de la paix et de la sécurité.

Le MRAP réitère ce qu’il disait il y a 10 ans : la guerre contre le
terrorisme n’est gagnable par personne, c’est aux causes qu’il faut
s’attaquer. Contre la « guerre des civilisations » qui conduit le monde
à une catastrophe irrémédiable il est urgent d’agir pour un monde de
justice, de paix et de démocratie, une démocratie conquise par les
peuples et non imposée de l’extérieur.

Paris, le 9 septembre 2011.