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Une aventure sans retour
de ADRIANA VALDÉS ROBREÑO, étudiante de journalisme
IL Y avait un peu plus d’un an que le septième art avait conquis Paris grâce ;a la géniale invention des frères Lumière, quand s’est produite la première représentation de cinéma à Cuba.
Le XIXe siècle se terminait alors et les Cubains étaient plongés dans la guerre pour l’indépendance. La Havane, ville d’une enclave géographique favorisée, continuait à être le point de rencontre des courants économiques, scientifiques et culturels de l’époque.
Le vendredi 15 janvier 1897, est arrivé à Cuba le représentant de la Maison Lumière de Paris, le Français Gabriel Veyre qui arrivait de Mexico où il a présenté le cinématographe devant 1 500 personnes et a fait ses propres tournages.
Ses premières représentations dans la capitale cubaine ont eu lieu au numéro 160 de la rue Prado, entre San Rafael et San José, dans un salon long et étroit de l’ancien théâtre Tacon qui, aujourd’hui, porte le nom de Grand théâtre de La Havane.
Le samedi 23 janvier 1897, on a projeté pour un groupe de journalistes des quotidiens les plus importants de l’époque, un programme qui comprenait Défilé d’un escadron de cuirassiers, Gros temps en mer, Train en marche, La Porte du soleil de Madrid et la Visite du tsar de Russie Nicolas II à Paris.
Le 24 janvier a vécu une expérience inoubliable. Les représentations ont réellement commencé pour le public en général, de 18h jusqu’à 23h30.
Malgré l’inconfort des chaises louées pour l’occasion, on a projeté ce jour-là des films du répertoire Lumière : Les joueurs de cartes, Arroseurs et arrosé, L’artillerie espagnole au combat, Chapeaux à transformation, Défilé de la cavalerie maure. Le prix fixé pour pouvoir apprécier cette nouveauté était de cinquante centimes pour les adultes et vingt centimes pour les enfants et les militaires.
Ce fut le Français Veyre qui, quinze jours plus tard, le samedi 7 février 1897, a réalisé le premier tournage de cinéma à Cuba. Le premier court métrage de l’Île a reçu le titre de Simulacre d’incendie et a eu pour protagonistes des membres de la Station de pompiers du commerce, à La Havane.
Le public admirateur de la nouveauté étant toujours plus exigeant, Veyre n’est pas resté tout seul. Les compétiteurs cubains ne lui ont pas manqué. Durant la première étape de l’introduction du cinéma dans l’Île, on trouve José Casasus, acteur et metteur en scène, Enrique Diaz Quesada, précurseur et amant du septième art ainsi que les producteurs Pablo Santos, Jesus Artigas, et Ramon Peon, acteur, scénariste, directeur et réalisateur, tous protagonistes du cinéma muet jusqu’aux années 30. Au cours de cette période, il y a eu plusieurs salles consacrées à cette invention : Panorama Soler, le Salon des variétés ou des illusions optiques, Panorama, Vitascopio de Edison (sur le célèbre Trottoir du Louvre). Le cinéma sonore est ensuite arrivé. Ses initiateurs ont été Max Tosquella, Ernesto Caparros et Manolo Alonso.
Avec le triomphe de la Révolution cubaine, le premier janvier 1959, et la création de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographiques (ICAIC), le 24 mars de cette même année, commence à se développer le nouveau cinéma cubain, avec beaucoup d’identité et de diversité.
La critique a appelé les premiers dix ans de la dite institution, la Décennie dorée du Cinéma cubain. Au cours de cette étape, on a tourné des films tels que Mémoires du sous-développement (1968), de Tomas Gutiérrez Alea et Lucia (1967), de Humberto Solas, tous deux considérés parmi les dix meilleurs fils du dernier siècle, selon une enquête réalisée par l’Association cubaine de la presse cinématographique.
Un des courants les plus forts du cinéma cubain est le documentaire qui a eu comme principal protagoniste Santiago Alvarez, La production de dessins animés n’a pas manqué, un succès en ce sens étant la création du héros infantile Elpidio Valdés.
Il est indispensable de mentionner le Journal ICAIC latino-américain, d’abord dirigé par Guevara puis par Santiago Alvarez, le plus grand documentaliste cubain.
Un autre succès du cinéma est le Festival international du nouveau cinéma latino-américain qui a lieu à La Havane chaque année et qui en est arrivé en 2006 à sa 18e édition.
L’an passé a été très actif pour la cinématographie cubaine. On a projeté. Quatre long-métrages de fiction avec un excellent accueil du public et de la critique : Paginas del Diario de Mauricio, La Pared, El Benny et La Edad de la Peseta. On a projeté les documentaires El Proceso, Querido Papá (tous les eux consacrés aux cinq Cubains prisonniers aux États-Unis) et San Ernesto nace en La Higuera.
Dans le genre animation, on a créé un DVD avec 22 vidéo clips de musique pour enfants.
Aujourd’hui, 110 ans après l’arrivée de la magie des frères Lumière à notre pays, le septième art accapare l’attention des Cubains. Il est arrivé en 1897 pour nous faire rêver, nous qui habitons cette Île. Depuis ce jour, Cuba a commencé une aventure sans retour.
http://www.granma.cu/frances/2007/febrero/juev8/5cine-f.html
Messages
1. 110 ANS DE CINÉMA À CUBA, 12 février 2007, 18:17
Bonjour,
Je suis pianiste accompagnateur des films muets de la cinémathèque de Bruxelles.
Existe-t-il une copie du film ’La virgen de la caridad’ de Ramon Peon ?
Est-elle disponible à La Havane ou ailleurs dans le monde ?
Merci
hughes.marechal@skynet.be