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A Nanterre : « Vigiles, police, hors des facs ! »
Publie le mercredi 14 novembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Réunis mardi après-midi, les étudiants de Paris X ont demandé la fin de la présence policière dans l’université. Libération était présent lors de ce rassemblement fermé à la presse.
de François VIGNAL
Université de Nanterre, mardi, 13h45. Les CRS qui gardent l’entrée du bâtiment de droit depuis midi quittent les lieux. L’entrée est libre. A la demande du président de l’université, Olivier Audéoud, les CRS sont intervenus dans la matinées alors que pro et anti-blocages se faisaient face. « Certains anti-blocages ont tenté de passer. Ça en est venu aux mains avec les anti-bloqueurs. Ça prend une proportion trop importante. Une minorité bloque tout le monde, » s’énerve une étudiante de droit. Arnaud, de l’Uni, dénonce lui carrément « des énergumènes » qui « donnent l’impression d’un retour sous le règne "stalinien". »
Un peu plus loin, un drôle de spectacle a lieu dans le théâtre Bernard-Marie Koltès de l’université. Des dizaines de mains s’agitent en l’air, en silence. Ce n’est pas du théâtre contemporain, mais des étudiants grévistes pro-blocage. Faute de micro, ils évitent d’applaudir, pour entendre l’orateur. Entre 600 et 800 personnes sont réunies dans ce théâtre pour un comité de lutte fermé à la presse. Ou presque, puisqu’un journaliste de Liberation.fr a réussi à se glisser dans la salle.
« On est entre gauchos ici ! »
Chacun est invité à s’inscrire, pour s’exprimer et définir les moyens de lutte. Oualid, 1ère année de droit, prend la parole : « J’ai voté contre le blocage, mais tous les étudiants de Nanterre doivent se mobiliser contre la présence inadmissible des CRS. » Ovation de la salle. « Il faut exiger la démission d’Audéoud (président de l’université Ndlr) qui est un incapable » s’énerve une étudiante. « Est-ce que ça vous pose problème qu’un postier prenne la parole ? » demande une autre. « Non, on est entre gauchos ici », rigole une jeune fille au premier rang. Le postier galvanise son auditoire : « Vous êtes en pointe du mouvement. Il y a une offensive générale du gouvernement, j’espère que la semaine prochaine on pourra être tous ensemble en grève. »
Une étudiante souligne « qu’on ne peut pas dire un simple "non." Il faut des propositions alternatives. » « Ne vous laissez pas endormir. Il faut un rejet catégorique de la loi, » répond un étudiant. Les propositions fusent, jugées plus ou moins réalistes par les grévistes. L’un deux souhaite « un blocage de la passerelle menant au RER lundi. Ceux qui ont un scooter, ramenez des casques pour les premières lignes, » plaisante-t-il. L’idée sera abandonnée.
Le temps avance. Déjà plus d’une heure de prise de parole et certains s’impatientent. « C’est que du blabla, faut agir ! » peut-on entendre. Quand les lumières principales s’éteignent, un projecteur blanc du théâtre est allumé. Les acteurs du mouvement continuent de plus belle. Des professeurs, qui ont tenu une AG de leur côté, prennent aussi la parole. Soutenant les étudiants et le blocage, ils dénoncent « les mensonges de la présidence » et affirment leur « refus d’enseigner à l’ombre des matraques. »
« Je me demande s’il n’y a pas d’arrière-pensées à faire venir les CRS »
C’est l’heure de voter. Il est décidé d’occuper la fac lundi soir, après le mouvement SNCF…s’il est arrêté d’ici là ; d’aller manifester devant l’Assemblée nationale vendredi, « jour où doit être étudié le budget de l’enseignement supérieur » ; et d’aller manifester devant le bâtiment de l’administration, avant d’organiser les « commissions » de « lutte » ou de « propositions. »
Le temps de quitter le théâtre et de longer le bâtiment de droit, à nouveau fermé par la sécurité de Paris X, environ 200 étudiants se retrouvent au pied de la tour de l’administration. Sur la pelouse, un professeur discute avec des grévistes. « Je trouve très curieux la précipitation des autorités de la fac pour faire venir les CRS, explique Jean-Richard Helie, maître de conférence en Economie. Compte tenu de l’image de Nanterre, on a l’impression qu’on veut montrer que « Nanterre la rouge » bouge. Je me demande s’il n’y a pas d’arrière-pensées. »
Devant l’entrée fermée par le service d’ordre de Paris X, les étudiants crient « Vigiles, police, hors des facs ! Audéoud démission ! » Demain, ils se sont tous donnés le mot d’ordre : rendez-vous à Montparnasse à 13 heures pour manifester aux côtés des cheminots dans les rues de Paris. Encore un autre théâtre : celui des grèves et manifestations.
Messages
1. A Nanterre : « Vigiles, police, hors des facs ! », 14 novembre 2007, 08:03
A Tolbiac, on dirait qu’y-z-ont compris ( les CRS suscités) que moins qu’y v’naient, mieux qu’ça s’passait.
En 2003, z’avaient au moins cassé un bras, une étudiante s’était retrouvée plâtrée..
Sans compter les gardes à vue aveugles, les poursuites judiciaires (sic) qui s’éternisent... Ca au moins, ça a l’air d’échapper à la précarité générale.
Merde à tous, c’est un merde d’encouragement, évidemment, et bonne journée.