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À Paris, le MoDem fait monter les enchères

Publie le mercredi 5 mars 2008 par Open-Publishing

Marielle de Sarnez sème de plus en plus de petites pierres blanches sur la voie d’un rapprochement avec la gauche à Paris mais entretient le mystère sur la stratégie d’alliance du MoDem pour le second tour des élections municipales.

François Bayrou a beau avoir promis, lundi, que la chef de file des centristes parisiens se prononcerait clairement dans la semaine, la vice-présidente du MoDem en reste aux allusions, se fixant pour objectif d’être "incontournable" au soir du premier tour, dimanche prochain.

"Partenaires, oui, nous y sommes prêts (...) mais soumis, non, sectaires, non", a déclaré la député européenne mardi soir lors du grand meeting de fin de campagne du MoDem parisien, en présence de François Bayrou. "Je fais une offre, on va voir qui y répond", a-t-elle ensuite résumé devant la presse.

Selon un sondage Ipsos-Dell pour SFR et le quotidien gratuit 20 Minutes, le MoDem obtient 11% des intentions de vote au premier tour à Paris soit plus du double du score prédit aux Verts (5%).

Une enquête Ifop/Bi Consulting pour Parismatch.com sur le Ve arrondissement donne même à l’animateur de radio Philippe Meyer un meilleur score en cas de duel face à Jean Tiberi qu’à la socialiste Lyne Cohen-Solal (55% contre 53%).

"Je suis à la tête d’une liste qui est faite pour gagner", a estimé mardi soir l’ancien journaliste.

Quel que soit le verdict dimanche soir, la stratégie du parti centriste pour le deuxième tour sera collective à Paris.

TOUT OU RIEN

Juridiquement, le parti centriste s’est doté d’un mandataire unique, ce qui interdit tout accord d’alliance sans l’imprimatur de Marielle de Sarnez.

Autrement dit, "le MoDem ne se vendra pas par appartement", résume Eric Azière, "M. Elections" du parti de François Bayrou.

Côté pile "cela renforce le lien de solidarité" entre les colistiers, assure celui qui conduit la liste centriste dans le XIIIe arrondissement, et côté face "personne ne peut jouer perso".

Selon les calculs du MoDem, le parti centriste est en mesure "d’accrocher un siège" au conseil de Paris dès le premier tour dans le XVIe arrondissement, sous la houlette de Jean Peyrelevade, l’ancien directeur du Crédit lyonnais.

Les attentes sont également fortes dans le Ve, dans le VIIe, le XIVe, où se présente Marielle de Sarnez, et dans le XVe, où les divisions de l’UMP pourraient faire le jeu des centristes.

Depuis le début de l’année, Marielle de Sarnez multiplie les attaques contre la droite et sa candidate à l’Hôtel de ville, Françoise de Panafieu, accusée de sectarisme.

"Dans leurs discours, ils ne s’adressent qu’à Bertrand Delanoë. Ils font monter les enchères", explique une tête de liste socialiste.

Petit à petit, depuis l’élection de Bertrand Delanoë, "on s’est rapproché d’un état d’esprit plus ouvert, de cette nouvelle gouvernance qui doit prévaloir dans les villes", avance un cadre du MoDem pour expliquer cette stratégie des yeux doux.

Accusé par les Verts parisiens de se "droitiser", Bertrand Delanoë hausse le ton, réclamant au nom de la démocratie que le MoDem dise clairement sa stratégie d’alliance avant le 9 mars.

"PLM", L’ARME FATALE

Cette prudence est dictée par des enjeux purement socialistes et non parisiens, analyse François Bayrou en privé.

"Il ne peut pas laisser la thèse de l’alignement du PS au centre à Ségolène Royal", avec qui il pourrait se disputer la tête du parti, estime le député béarnais.

Le mode de scrutin parisien - proportionnel avec prime majoritaire aux termes de la loi Paris-Lyon-Marseille (PLM) de 1982 - devrait également pousser Marielle de Sarnez à aller plus loin que François Bayrou.

En mai dernier, le "troisième homme" de la présidentielle avait dit qu’il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy sans toutefois appeler à voter pour la gauche malgré la "main tendue" de Ségolène Royal.

Le président du MoDem le concède, "avec la loi PLM, si on se maintient, on ne fait aucun élu". "Cela force les formations à des alliances de façon disproportionnée. On peut faire 15% et pas un seul conseiller", renchérit Eric Azière.

Des obstacles de personne se dressent en outre sur le chemin des alliances, à droite comme à gauche.

La "trahison" de Jean-Marie Cavada, aujourd’hui candidat sous les couleurs de l’UMP dans le XIIe arrondissement, "rend tout accord impossible avec eux", dit-on dans l’entourage du "troisième homme".

Côté PS, le fait que le MoDem ait investi Didier Bariani, pilier de la Chiraquie parisienne, dans le XXe arrondissement, constitue l’une des principales pierres d’achoppement.

http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=66300&1134