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A l’extrême droite, M. Berlusconi pactise avec la petite-fille de Mussolini

Publie le dimanche 19 février 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

de Jean-Jacques Bozonnet

Une poignée de main, une bise, accord conclu. Silvio Berlusconi et Alessandra Mussolini ont scellé, vendredi 17 février à Rome, au cours d’une conférence de presse, une alliance politique en vue des élections législatives des 9 et 10 avril.

En élargissant sa coalition au mouvement Alternative sociale (AS), fondé en 2004 par la petite-fille du Duce, "il Cavaliere" entend ratisser le plus loin possible à l’extrême droite : la formation de Mme Mussolini ayant obtenu 1,2 % des voix aux élections européennes de 2005. Il y a cinq ans, avant les législatives de 2001, il avait déjà conclu un accord avec le mouvement néofasciste MSI-Flamme nationale de Pino Rauti.

Cette fois, le pacte électoral avec l’extrême droite suscite non seulement l’indignation à gauche, mais aussi la gêne des alliés de M. Berlusconi. Ces derniers lui avaient fait savoir que les leaders des deux groupuscules néofascistes qui font partie d’Alternative sociale étaient "imprésentables". Il s’agit d’Adriano Tilgher, dirigeant du Front social national (FSN), arrêté en 1975 pour "tentative de reconstruction du parti fasciste", et de Roberto Fiore, de Forza nuova (FN), impliqué dans des attentats d’extrême droite au cours des années 1970. FN véhicule une idéologie xénophobe et antisémite, tout en soutenant Israël comme barrière contre le monde arabe. Le FSN de Tilgher est anticapitaliste et antiaméricain.

"Jusqu’à hier soir, je ne savais même pas que Tilgher et Fiore existaient, a prétendu Silvio Berlusconi. Ces derniers mois, j’ai toujours dialogué avec Alessandra Mussolini, dont personne ne peut mettre en doute son attachement à la démocratie." La jeune femme a quitté Alliance nationale, le parti de Gianfranco Fini, en novembre 2004, quand ce dernier, lors d’un voyage en Israël avait renié définitivement l’héritage mussolinien en qualifiant le fascisme de "mal absolu". C’est d’ailleurs de ce parti que sont venues les critiques les plus virulentes. L’un de ses dirigeants, Francesco Storace, ministre de la santé, a dénoncé des "alliances sans scrupule".

L’Union des démocrates du centre (UDC), composante centriste de la coalition de M. Berlusconi, contestait qu’"un accord avec les groupes les plus radicaux de la droite puisse prévoir la candidature de personnes non présentables".

Pour ne pas faire capoter un accord "prêt depuis une semaine", selon Mme Mussolini, les trois dirigeants d’Alternative sociale ont décidé de ne pas figurer personnellement sur les listes. "Notre album de famille est immaculé", s’est réjoui M. Berlusconi, en reprochant à la gauche de n’avoir "pas pris ses distances avec ses franges extrémistes et violentes".

La coalition de centre-gauche, l’Unione, conduite par Romano Prodi, est secouée par des polémiques à cause de candidats que la presse a, aussi, qualifiés d’"imprésentables". A peine couché sur la liste du Parti de la refondation communiste (PRC) pour la Chambre des députés, le chef des "no global" (altermondialistes) de la région de Naples, Francesco Caruso, a jeté le trouble en disant "comprendre la psychologie des terroristes kamikazes". Candidat pour le Sénat, le trotskiste Marco Ferrando a été exclu du PRC après des déclarations qui mettent en cause les soldats italiens en Irak.

Aux termes de l’accord conclu entre le président du Conseil sortant et Alessandra Mussolini, Alternative sociale pourra présenter ses propres listes sous l’égide de la Maison des libertés (CDL, coalition de centre-droite). Mais comme la formation néo-fasciste n’atteindra vraisemblablement pas le seuil des 4 % nécessaires pour être représenté au Parlement, plusieurs de ses candidats seront hébergés en position éligible sur les listes Forza Italia, le parti du "Cavaliere".

Interrogé par La Stampa, un professeur de sciences politiques soupçonne un calcul machiavélique de M. Berlusconi : "Pour lui, l’impact négatif d’une telle alliance devrait être limité car il n’a jamais été proche de ce monde-là, explique Piero Ignazi. En revanche, Gianfranco Fini est condamné à faire de grands efforts pour s’en dissocier."

Dans sa bataille électorale contre la gauche, "il Cavaliere" entend laisser le moins de place possible à ses ambitieux alliés. Leurs scores respectifs sont en net recul par rapport à Forza Italia dans un récent sondage américain, qui, seul contre tous, place la coalition de droite en tête des intentions de vote (48,4 % contre 48,2 %).

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Berlusconi est-il réellement étranger au facisme italien ? scelle-t-on un pacte avec le diable en embrassant son co-signataire ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un témoignage d’affection de deux amis qui se connaissent bien et s’apprécient ? Le journaliste a beau tenter un parallèle (les deux extrêmes renvoyés dos à dos) avec des déclarations sans doute tronquées d’un candidat "couché" sur la liste de Rifondazione Communista,la droite italienne montre avec son patron actuel sa vraie nature . Le journaliste du monde n’a pas l’air de s’en offusquer outre mesure ; il ne s’agit pour lui que de cuisine électorale. L’Italie est malade, tout comme l’Europe qui accepte les néo-nazis autrichiens à sa tête.

  • La preuve que les groupes punks anglais des années 70-80 se trompaient pas.

    Les Clashs, disaient dans "White Man in HammerSmith Palais" ;

    "Si Hitler revenait, il aurait droit à une limousine"

    Sauf qu’il s’agit d’une descendante de Benito Mussolini, mais le principe est le même.

    Il faut aussi avoir à l’esprit que "néo-fascisme" est un terme ambigu.
    Le chef de "Démocratie Libérale", mr Madelin, est un ancien du groupe "OCCIDENT", une organisation d’extrême droite qui glorifie la culture européenne blanche.

    Mr Rafarrin, qui a été premier ministre nommé par Chirac, a été membre du parti "DL".

    "DL" avait obtenu moins de 3% de voix au premier tour des elections en 2002.

    Il n’y a donc pas vraiment de "néo-fascisme", mais juste un fascisme habituel, qui est bien ancré dans notre culture européenne.

    jyd.