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À la fête de l’Humanité, je marchais en terrain miné.

par Jean-Luc Mélenchon

Publie le mercredi 14 septembre 2016 par Jean-Luc Mélenchon - Open-Publishing
6 commentaires

Signez cette pétition : Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017 ici : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article151154

Le site de Paris Match a raconté comment, dans la semaine, le stand du PG avait été vandalisé à deux reprises. Nous savions parfaitement qu’il s’agissait d’éléments isolés nullement représentatifs. Mais leur audace et leur sentiment d’impunité nous faisait réfléchir. Leurs actes sont à nos yeux les produits d’une ambiance, et nous devions en tenir compte. Le jour même de ma présence annoncée à la fête et la veille, des dirigeants communistes avaient repris sur les ondes la campagne si personnalisée qu’ils mènent contre moi depuis sept mois sans relâche. Sa caractéristique est de n’avoir aucun contenu politique. Elle finit donc par n’être qu’une façon de chauffer à blanc les passions malsaines et les pulsions violentes. Ainsi d’André Chassaigne sur le thème si finaud « on ne va pas aller manger le quinoa dans la main de Mélenchon ». Et Olivier Dartigolles inventant une nouvelle polémique sur le thème « il ne veut pas nous rencontrer ». J’en passe.

En tous cas l’équipe de la fête a jugé la situation assez préoccupante pour transférer ma traditionnelle tente de repos et d’accueil vers un lieu mieux protégé qu’à l’accoutumée, vers le poste de police et celui de coordination technique. Je renonçais à ma nuit dans le camping-car sur les conseils de notre propre équipe de sécurité. Enfin on décida de réduire ma présence sur place au seul samedi et de ne prévoir aucun de ces déplacements dans les stands que j’aime pourtant tellement faire depuis onze ans que je le pratique sur place. Bref : on craignait un incident, devinant combien d’énergumènes politiques et médiatiques s’en régaleraient, et combien il nuirait à l’image des communistes autant qu’à la mienne. Le moment de vérité c’était évidemment le passage à l’Agora du journal L’Humanité pour une interview publique. On déploya pour le trajet d’amples mesures de précautions dans une ambiance que je jugeais bien trop tendue et pesante mais dont je comprenais trop bien l’utilité.

Sur place, je fus fraternellement accueilli par Patrick Le Hyaric et Patrick Apel-Muller directeur et rédac chef de L’Humanité. Puis, une fois monté sur la scène, ce fut un moment magique. L’accueil fut tout simplement extraordinaire et me fit oublier en vingt secondes les vingt heures de tergiversations et palabres de toutes sortes pendant lesquelles beaucoup des miens écœurés s’étaient même interrogés sur l’utilité de ma présence à La Courneuve. Le soir venu, j’offrais donc un petit pot amical dans le petit espace de ma tente ! Marie-George Buffet et Brigitte Dionnet qui m’avaient déjà accueilli le matin à mon arrivée y vinrent, comme le maire de la Courneuve, et bien d’autres élus communistes. D’ailleurs dans la nuit précédente étaient arrivés plusieurs parrainages communistes s’ajoutant aux trente cinq communistes déjà signataires. Et le midi, j’avais reçu pour un entretien Le Patriote, journal communiste de l’Ariège, et L’Echo du centre.

Pierre Laurent vint à mon invitation avec Isabelle de Almeida. Ce qui nous vaut une photo bien ballots tous deux mains jointes mais ce n’était pas pour autre chose que pour tenir notre verre de rouge du Jura. Pour moi une « rencontre » au sens officiel traditionnel n’avait aucun sens dans une période où la direction communiste entretient une confusion irrespirable entre ma candidature et celles des personnes engagées dans les primaires d’autres partis. Aussi bien, quel sens aurait-elle aussi longtemps que les communistes n’ont pas engagé leur procédure interne de choix de candidature qui commencera le 5 novembre prochain jusqu’au début décembre ? Surtout quand le choix hostile des dirigeants m’est connu d’avance. Néanmoins il n’était pas question pour moi de contribuer à l’atmosphère personnelle déplorable qui a été délibérément créée. Mon invitation sans prétention à lever le verre ensemble visait donc à ne pas donner prise davantage aux vilenies en cours. Je sais tout ce que cette sorte de diplomatie a de dérisoire. Mais il faut y sacrifier.

J’avais cependant une grosse amertume. En 2011, après un mois et demi de négociations, du 18 juin, jour du vote des communistes, au 12 août, nous avions bouclé le programme L’Humain d’abord. Et la Fête de l’Huma avait été le moment de lancement de la campagne sur la scène centrale ou je me trouvais, tenant à la main un exemplaire du programme tout frais imprimé et tout juste livré. À présent, nous avons perdu beaucoup de temps. Et le temps perdu ne se rattrape guère comme dit la chanson. Nous avons aussi perdu une belle occasion de donner à la Fête une application politique concrète aidant la campagne engagée maintenant depuis sept mois. Mais du moment qu’une pause dans les attaques personnelles est observée, fusse le temps d’un modeste pot à la fête c’est déjà ça de gagné.

Messages

  • Si Paris Match a pu raconter cet acte de vandalisme, c’est que "quelqu’un lui en avait parlé".

    Et la presse de droite s’en régale, mais ce ne sont que posture, car la candidature JLM, agace les uns, énerve les autres.

    Pour ce qui est des communistes. J’ai eu l’occasion, ces derniers mois, de participer à deux réunions dans ma ville. Si les dirigeants à quelque niveau que ce soit, s’alignent inconditionnellement sur les positions de "Fabien", ce n’est pas le cas de tout le monde et surtout pas des simples adhérents.

    De plus en plus de camarades, ont déjà fait leur choix sur la candidature de JLM, quelle que soit la décision prise par l’état major du pc. mais il y a fort à parier que ce sera un soutien, il n’y a pas d’autres choix, la primaire socialiste étant mise en cause par la future probable candidature de hollande, et ils s’y rallieront tous.

    Dans les rencontres avec les adhérents, les travailleurs, il n’y a pas de terrain miné.

    Moi j’ai confiance, et chaque fois que l’on se rencontre entre amis et camarades, on avance dans la bonne direction, demain à la manif, on continuera ainsi.

    Et bravo à JLM.

  • Patience. Demain on dira que Mélenchon a bien joué le coup en ne voulant pas participer à ce piège à cons qu’est la primaire qui ne peut qu’aboutir à la désignation de Hollande ou un de ses clones.
    En tout état de cause, c’est le candidat des médias qui va gagner cette primaire. On a déjà vu le film en 2011 quand DSK apparaissait comme incontournable. Les médias ont ensuite choisi son remplaçant, Hollande. Souvenons-nous aussi que Montebourg a préféré se rallier à Hollande plutôt qu’à Aubry, qui représentait l’aile gauche. Le même Montebourg, avec son ami Hamon, a intrigué pour que Valls soit nommé Premier ministre. Ça montre que même du côté de l’aile gauche du parti prétendument socialiste, on peut difficilement accorder sa confiance. C’est pourtant ce que fait Laurent, qui n’a en tête que la conservation de quelques plaçous d’élus grâce aux alliances avec le PS. Il serait temps qu’il regarde à plus long terme.

    • participer à ce piège à cons qu’est la primaire

      Une primaire, a priori, c’est fait pour départager des candidats de différentes sensibilités mais appartenant à un même camp.

      Je suis étonné qu’une partie des militants du PCF considèrent qu’ils sont dans le même camp qu’Hollande ou d’autres socialistes (Montebourg, Hamond) qui ont participé à ce gouvernement de fait défavorable aux travailleurs.

  • Bizarre !!!

    Il y a déjà eu des "invités" contestés et même très contestés à la Fête de l’Huma.

    Entre autre ce gros enc...é de Eric Woerst.

    Sans problèmes. Et y a pas eu besoin d’appeler la police. On lui a même pas jeté d’oeufs pourris sur la tronche lors du débat.

    Et là, "boum" ! Les vilains "communistes staliniens" qui déglinguent, (Deux fois), le stand de l’Elu du Peuple, et en veulent à son intégrité physique ???

    Au point de devoir le mettre sous la protection de la Police ???

    Et sans que personne du Service de Sécurité ne puisse mettre un nom ou un visage sur qui a fait quoi ?

    On ne chope personne pour le pendre au pilori.

    Ils étaient tous bourrés ou quoi ???

    Faut croire que le "nouveau" Parti Communiste a perdu se vieilles, (Mais si utiles), habitudes paranoïaques.

    Oh ! Laurent va voir dans les archives de ton Papa, Paul, pour voir comment on doit pratiquer dans ces cas là.

    Et puis, quoi ? Hein ???

    D’une pierre deux coups : On "stigmatise" les "intolérants sectaires" qui déclarent que le PC a perdu son âme en compagnie des vieux démons socialos revisités et on "victimise" le futur champion de la Révolution Prolétarienne par les urnes.

    Et même trois coups : En plus on démontre aux ennemis de classe que le PCF est un ramassis de nuls qui ne contrôlent même pas ce qui se fait chez eux envers leurs invités.

    Comment c’était cette affaire déjà ? Celle qui impliquait Tonton, alias "Dieu ? Le précepteur de Mélenchon ? Le Grand Maître en coups tordus ?

    Ah oui ! L’"Affaire du Jardin de l’Observatoire".

    Eh !, Oh !, les gars.

    Le PCF, (Le vrai), on l’a connu, et même pour certains d’entre nous nourri au biberon, avant que vous sachiez même lire votre prénom.

    Alors les contes à dormir debout laissez les aux enfants en bas âge... SVP !

    G.L.

  • Attention, l’Humanité n’est plus depuis longtemps l’organe central du PCF et cela se lit et tous les jours dans mon cas. Mon journal est "jaurèsien" et non plus marxiste-léniniste.
    Alors que les plus vieux donneurs de leçons retournent sept fois leur langue ou leur clavier dans la bouche ou sur leur bureau, qu’ont-ils fait ou laissé faire d’un PCF édenté qui ne peut plus serrer le couteau entre ses machoires, ni même tenir les outils : la faucille et le marteau ?
    Que certains aient peur que Mélenchon qui mène une campagne qui priver certains arrivistes de leurs sinécures au sein de l’appareil ou au Sénat où comme chacun sait nos rares élus communistes se font élire grâce à des tractations avec le PS de Soplférino et du gouvernement, c’est légitime.
    Quant aux intérêts des travailleurs, ils ne coïncident pas forcément avec ceux-là qui prétendent qu’on peut " réformer la Banque Européenne et supprimer la directive Bolkenstein, cohabiter sereinement avec des régimes néo-fascistes qui trouvent comme le FN, l’Union européenne à leur goût quand elle s’attaque aux réfugiés que l’on (pas nous, on laisse faire) a su affamer et bombarder dans leurs propres pays, créer les conditions de l’activité d’autres fascistes avec les attentats terroristes, redoubler de psychose sécuritaire...
    La candidature volontariste de Mélenchon aux présidentielles est le résultat des valses hésitations de la direction d’un PCF déstabilisée par l’ampleur du discrédit du PS qui l’entraîne dans sa chute.