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À peine sorti du gouvernement, Éric Woerth revient à la dure réalité judiciaire

Publie le mercredi 17 novembre 2010 par Open-Publishing
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de ÉRIC DUSSART

Comme tous les Français, Jean-Louis Nadal a sans doute entendu Éric Woerth répéter tout au long de l’été qu’il a le cuir épais, qu’il sait encaisser les coups. Mais Jean-Louis Nadal n’est pas tout à fait comme tous les Français : il est procureur général près la Cour de cassation. Hier, il a ouvert un nouveau front judiciaire face à un homme qui n’a même pas eu le temps de se remettre de sa sortie du gouvernement. ...

Il s’agit cette fois de la vente d’une parcelle de la forêt de Compiègne à la Société des courses, alors que M. Woerth était ministre du Budget, au mois de mars. C’est qu’on ne vend pas la forêt comme cela en France. D’ailleurs, en 2003, le ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard avait refusé la vente au motif qu’elle était illégale. Éric Woerth l’a acceptée, lui, au tarif de 2,5 millions, pour cette parcelle comportant un golf et un hippodrome.
Un prix trop « beau »

L’été dernier, l’eurodéputée Corinne Lepage et le député du Nord Christian Bataille avaient saisi le procureur général de la Cour de cassation afin de vérifier les conditions de cette vente. Le magistrat s’est fait communiquer les pièces de l’opération par le ministère du Budget, et sa conclusion est que « l’analyse de l’ensemble des documents fait apparaître que les conditions de la vente d’une partie de la forêt domaniale de Compiègne (...) seraient susceptibles de constituer » un délit de favoritisme.

En clair, on soupçonne un prix trop « beau » et un manque d’appel d’offres. M. Nadal a donc saisi hier la commission des requêtes de la Cour de justice de la République - seule habilitée à juger un ministre - qui statuera sur la recevabilité de sa saisine.

Si celle-ci est jugée irrecevable, M. Woerth sera tranquille : le dossier n’ira pas plus loin. Dans le cas contraire, il pourrait aller jusqu’à un renvoi devant le tribunal correctionnel. Jean-Yves Leborgne, l’avocat de l’ex-ministre du Travail, se veut serein : « Il n’y a rien dans ce dossier concernant M. Woerth. Il y a une enquête, mais entre une enquête et une inquiétude, il y a une différence... » Soit. Mais c’est tout de même un sacré retour à la réalité pour son client.

D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est la Cour de cassation qui va se pencher sur le dossier Woerth - Bettencourt, dans lequel il est soupçonné de conflit d’intérêt et de financement politique illégal.

La cour d’appel a demandé le dépaysement de ce dossier explosif, dans lequel le procureur Courroye et la juge Prévost-Déprez s’affrontent ouvertement et durement. Ce dossier sera donc très probablement confié à d’autres magistrats, certainement à Paris, et l’étude de la remise de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, puis du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, reprendra.

M. Woerth aura bien besoin de la sérénité de son avocat.

http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2010/11/17/article_a-peine-sorti-du-gouvernement-eric-woert.shtml

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