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A propos de la crise

par Jean-Paul LEGRAND

Publie le lundi 8 août 2011 par Jean-Paul LEGRAND - Open-Publishing
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Les puissants de la planète tentent de se rassurer en répétant que leur action va permettre que le système reparte de plus belle et déclenche une relance de la rentabilité du capital. Ils vont utiliser les réserves accumulées sur les peuples pour financer les pertes des capitalistes ce qui peut avoir un effet à court terme. Mais fondamentalement ce deuxième pic de crise après celui de 2008 n’est que le tout début d’un processus inhérent au mouvement du capital lui-même. Probablement que dès ce lundi les dirigeants occidentaux se réjouiront du moindre indice de remontée des bourses et en feront immédiatement un objet de propagande internationale à travers leurs médias pour tenter de gagner la guerre psychologique auprès des investisseurs financiers.

Cependant la contradiction inhérente au capitalisme comme une rage de dent se manifestera de nouveau avec encore plus de force tout simplement parce qu’on ne peut pas bâtir une perspective durable sur les fondements de la spéculation financière. Et celle-ci est le moteur même du système.

Tous les peuples du monde, tous les travailleurs de tous les pays, tous ceux qui tentent de survivre dans un monde qui pourrait largement subvenir à tous les besoins humains élémentaires, n’auront de salut qu’en se déconnectant idéologiquement de la domination des puissants et en s’organisant de manière solidaire et coopérative pour renverser leur système, pour en construire un autre basé sur la démocratie sociale, économique et politique. Sans ce mouvement planétaire des peuples, nous risquons de connaître partout du sang et des larmes.


Nous vivons une crise profonde de tout le système

Quand on parle des marchés, il faut entendre le mot "capitalistes", car en fait ce sont des hommes et des femmes qui vendent et qui achètent de l’argent, des biens, des entreprises, de la force de travail et non pas le concept abstrait "des marchés".

Donc les "marchés" s’affolent, en fait les capitalistes s’affolent, pourquoi ?

Parce que leur système fondé sur l’accumulation financière du capital, s’emballe. Que les Etats qui jusqu’ici devaient garantir un taux de rémunération de l’argent des capitalistes ne sont mêmes plus capables eux-mêmes de rembourser leurs dettes à ces mêmes capitalistes. Ainsi les Etats-Unis viennent de voir leur note se dégrader, c’est à dire qu’ils perdent en crédibilité sur leur capacité de remboursement à leurs créanciers, ayant une dette phénoménale, la plus importante du monde.

Les Etats-Unis sont non seulement très endettés mais ne peuvent plus rembourser leur dette

Ainsi la plus grande puissance mondiale n’est seulement capable de rembourser de plus en plus difficilement que les intérêts de ses dettes et le comble, c’est qu’elle le fait en empruntant.

Incapables de rembourser le capital principal, les Etats Unis sont à l’origine de l’une des plus grandes crises jamais connues à l’échelle mondiale. Alors qu’il faudrait relancer la production, augmenter les salaires et embaucher des millions de personnes pour relancer l’économie productive, les dirigeants américains ont décidé de faire payer la dette par des sacrifices imposés à leur peuple et aux peuples du monde (46 millions d’Etats-Uniens vivent avec des bons alimentaires qu’ils risquent de perdre dans les prochains mois en raison de cette crise).

Le système passe donc dans une phase qui le met en cause directement et qui va créer de profonds mécontentements chez la majorité des capitalistes qui vont perdre de l’argent et chez tous les non-capitalistes c’est à dire la majorité des peuples à qui la facture va être présentée.

Cela risque de générer des mouvements sociaux très importants, avec des institutions comme les Etats et les syndicats qui pourraient être être débordés par les masses, voire des émeutes insurectionnelles en certains endroits de la planète et peut-être la maturation de mouvements révolutionnaires se donnant pour objectif d’abattre le système et d’en créer un autre. C’est certainement la continuation d’une lente maturation des consciences qui pourrait cette fois-ci procéder à un bond qualitatif dans la recherche d’alternatives.

En tout état de cause, la perte de confiance dans le système de la part de milliers de capitalistes eux-mêmes se confirme puisque en une semaine, la Bourse de Francfort a chuté de 13%, celle de Londres de près de 10% et celle de Paris de près de 11%. A Wall Street, l’indice Dow Jones a cédé 5,75%, signant sa pire semaine depuis mars 2009.

Si parmi des dizaines de milliers de capitalistes à travers le monde il y a encore l’illusion que les Etats-Unis vont s’en sortir financièrement, beaucoup néanmoins vont retirer leurs fonds à l’ouverture des bourses et n’accorderont qu’avec beaucoup d’exigence leurs crédits en augmentant les taux à des niveaux usuraires, en exigeant des Etats qu’ils se plient à la loi impitoyable du capital de rembourser leur dette plus vite et plus cher. Des milliers de capitalistes vont donc vendre leurs actifs évalués en dollars ce qui risque d’ entrainer à travers le monde une cascade de dépréciation de biens avec ses conséquences sur l’emploi et la production qui vont souffrir terriblement de cette situation.

Réactions dans le monde

La Chine

La Chine, principal créancier des États-Unis, a réagi avec vigueur à l’abaissement de la note de la dette publique américaine, exhortant Washington à limiter ses dépenses. Selon Radio-Canada "Le gouvernement chinois a estimé que cette première baisse de la note de crédit dans l’histoire des États-Unis n’a fait que confirmer « une horrible vérité ». Selon l’agence officielle Chine nouvelle, Pékin « a désormais tous les droits d’exiger des États-Unis qu’ils s’attaquent à leur problème structurel de dette ». Le paradoxe de la crise capitaliste, les dirigeants du pays le plus peuplé du monde, la Chine, et qui se réclament du communisme se permettent de sermoner le pays qui était encore désigné hier comme le plus puissant du monde, les Etats-Unis.


La bourse de Tel-Aviv a plongé dimanche matin et celles d’Asie sont en net recul ce lundi

Dimanche 7 août la Bourse de Tel-Aviv a plongé de 6 % avant la suspension des échanges qui a duré près d’une heure. Toutes les bourses d’Asie ont baissé également ce lundi 8 août à l’ouverture.

L’Europe

Les dirigeants européens, Sarkozy et Berlusconi en tête, paniquent face au risque d’une déferlante extrêment grave qui va affecter toutes les économies et tous les Etats et qui va les conduire à raisonner comme les fervents serviteurs du système capitaliste qu’ils sont, notamment en prenant de nouvelles mesures destructrices des services publics et de l’emploi, ainsi Valérie Pécresse vient de confirmer que la France maintiendrait ses objectifs de réduction des dépenses publiques en déclarant sur Europe 1 « La France, qui s’est engagée très tôt dans cet engagement de redressement des comptes publics, est déterminée à poursuivre cet engagement ».

Le pire pour les peuples est à craindre si une réaction anti-capitaliste ne s’organise pas afin d’obtenir des mesures coercitives contre les spéculateurs et leurs complices politiques, leur jugement pour les crimes commis contre la nation, et la mise en place d’une politique où l’argent devienne un instrument au service du développement et non plus pour la finance.


Italie : Berlusconi promet de très lourds sacrifices au peuple Italien

Berlusconi a annoncé que l’Italie atteindrait l’équilibre budgétaire en 2013, rien que cela ! Cela signifie que la dette énorme de l’Italie devra être payée par les gens et en particulier le monde du travail par la liquidation du système de protection sociale notamment, et l’inscription dans la Constitution de l’obligation d’équilibre budgétaire de l’Etat. La prétention et l’orgueil de ce bouffon de la politique pourrait nous faire rire si cela n’était qu’un spectacle, mais c’est hélas la triste réalité d’un valet du capital qui ira jusqu’au bout pour soumettre son peuple aux pires sacrifices alors qu’il vient d’être désavoué sévèrement par les urnes lors du dernier référendum.


L’extrême-droite surfe sur la crise

Evidemment l’extrême-droite surfe sur cette crise. Marine le Pen explique que les abandons de Maastricht de la souveraineté des nations sur leurs monnaies a livré les Etats au système financier international, ce qui n’est pas faux, mais elle préconise un service public de l’argent qui serait financé par le peuple et non par le capital. Sous prétexte d’indépendance monétaire, le FN laisserait les capitalistes poursuivre leur accumulation financière et préconise même que l’Etat se donne comme priorité de financer des investissements privés. Bref du capitalisme, toujours du capitalisme pour qu’en fin de compte la force de travail soit meilleure marché et permette une rentabilité accrue du capital. Pour le FN l’Etat doit être un instrument au service de ce projet là, c’est à dire d’aller plus vite et plus fort dans l’exploitation des salariés donnant ainsi des gages au grand patronat avant les Présidentielles.


Martine Aubry comme les autres ne sort pas de la pensée unique

Un article de Martine Aubry, leader du parti socialiste, paru samedi dans "Libération", réclame l’intervention massive de la Banque centrale européenne, mais ne remet aucunement en question le système capitaliste. La BCE dépend elle même de l’ensemble du système et l’intervention qu’elle pourrait avoir se limiterait à reculer de quelques jours, voire quelques semaines des échéances inéluctables d’une crise mondiale qui semble désormais fatale.

Par ailleurs les Verts comme ce qui reste du PC allié à Mélanchon dans le Front de gauche n’appellent pas non plus à un renversement du système, ils proposent des mesures qui ne seront que des "pansements" alors que le système gangrène tout le corps social et économique de la planète.

Tout ce "petit monde" politique s’accroche désespérément aux dogmes capitalistes car ils ne peuvent un seul instant imaginer le monde autrement puisque c’est ce monde là qui les fait vivre et leur octroie pour la majorité d’entre eux des privilèges que n’ont pas les autres citoyens. Hélas leurs décisions vont coûter cher, très cher à des millions de gens qui n’ont, quant à eux, pas grand chose pour vivre et à qui l’on va demander encore de terribles sacrifices.

Mettre au service de l’humanité, les intelligences, les luttes des travailleurs, la solidarité et la coopération entre les peuples, pour construire un monde nouveau

Le pire pour les peuples est à craindre si une réaction anti-capitaliste, unissant toutes les intelligences pragmatiques du travail et de la création, ne s’organise pas afin d’obtenir des mesures coercitives contre les spéculateurs et leurs complices politiques, leur jugement pour les crimes qu’ils ont commis, et la mise en place d’une politique où l’argent devienne un instrument au service du développement et non plus pour la finance. A l’instar de mouvements importants comme ceux des "Indignés", les citoyens devront inéluctablement s’organiser de façon autonome des institutions actuelles pour promouvoir des alternatives qu’ils dirigeront eux-mêmes.

Le capitalisme va apporter la terrible preuve de sa nocivité. Ce que j’ai toujours expliqué notamment sur mon blog http://creil-avenir.com , trouve encore une fois sa démonstration dans les faits : le capitalisme n’est pas l’avenir de l’humanité, il en est progressivement le fossoyeur. Un immense scandale planétaire à l’heure où la productivité devrait permettre à tous de vivre décemment !

On doit cependant garder l’espoir que malgré la menace d’une barbarie généralisée, les intelligences, les coopérations, les actions entre les peuples mettront à bas ce vieux système pour créer le nouveau que la situation exige.

Jean-Paul LEGRAND

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