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A sept mois du congrès de la CGT, Bernard Thibault durcit le ton à l’égard de la droite
Publie le mercredi 7 septembre 2005 par Open-Publishing4 commentaires
de Rémi Barroux
Rentrée double pour Bernard Thibault. Devant quelque 2 000 militants syndicaux réunis au Zénith à Lille, mardi 6 septembre, le secrétaire général de la CGT a donné le coup d’envoi de la rentrée sociale, en même temps que celui de la préparation officielle du 48e congrès de sa confédération, qui se tiendra dans cette même ville, du 24 au 28 avril 2006.
Et, d’entrée de jeu, M. Thibault a donné rendez-vous à ses troupes, pour le mardi 4 octobre, journée nationale de mobilisation à l’appel de tous les syndicats, "avec des grèves et des manifestations, pour les salariés du privé et du public" . Les cinq confédérations se retrouvent jeudi, au siège de la CGT, pour annoncer officiellement la date et les mots d’ordre de cette journée.
Pour séduire sa base à quelque sept mois d’un congrès qui s’annonce difficile, après qu’il eut été mis en minorité, en février, au comité confédéral national sur le référendum européen, le numéro un de la CGT a adopté un ton résolument combatif, politique, durcissant son discours à l’égard de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy, sous les applaudissements nourris des militants. Accusant le premier ministre de prendre les Français "pour des imbéciles" , avec son "catalogue hétéroclite" de mesures "indigentes ou nuisibles", M. Thibault a ironisé sur un "gouvernement ventriloque" et sa "voix de l’intérieur" .
Pour le numéro un de la CGT, qui a attaqué durement M. Sarkozy, "le président de l’UMP s’est présenté comme l’avant-garde du gouvernement, le Monsieur Plus de la "récup" démagogique et de la "provoc" antisociale" .
Et si les deux hommes n’ont pas le même style, reconnaît-il, "leur arsenal est le même, il provient des mêmes arrière-cuisines libérales" . Succès garanti dans la salle. Ovation encore quand le dirigeant s’en est pris à Laurence Parisot, la présidente du Medef. Dénonçant l’"intransigeance" de l’organisation patronale, il a exigé que "s’engagent immédiatement des négociations pour répondre aux aspirations des salariés" .
Mais, pour l’heure, place à la mobilisation. Promettant que "la CGT tout entière va y consacrer toute son énergie" dans les gradins, un militant réclame déjà la "grève générale" , le leader de la CGT a souhaité la journée d’action "la plus importante et la plus puissante possible" .
S’il a ainsi rassuré sa base sur sa volonté d’en découdre, tout n’est pas réglé pour autant. Il reste notamment à M. Thibault à redéfinir les rapports du syndicalisme au politique, sujet majeur pour l’évolution d’une CGT dont l’histoire reste liée au Parti communiste. "Cela exclut, en tant que syndicat, toute attitude de soutien ou de coélaboration d’un projet politique ou la participation sous quelque forme que ce soit à une coalition à vocation politique" , a-t-il expliqué, à des militants subitement silencieux.
M. Thibault pourra tester ce discours, ce week-end à la Fête de L’Humanité , organisée par le quotidien communiste.
Messages
1. > A sept mois du congrès de la CGT, Bernard Thibault durcit le ton à l’égard de la droite, 7 septembre 2005, 23:35
Cet article témoigne d’éléments de désinformation génants. Le journaliste sous-entend que la CGT ne s’est que très recemment détachée des partis politiques et que son secretaire général, en rappelant le principe d’indépendance syndical, laisserait les militants sans voix. Cette affirmation est manipulatrice : d’une part, il s’agit de montrer que le secretaire général est un réformiste mou qui a renoncé à une opposition frontale au libéralisme et rejette de fait le marxisme (de multiple articles du journal "le monde", ces deux dernières années, ont tenté de présenter la CGT comme un syndicat en route vers le réformisme) ; d’autre part, il s’agit de montrer que la base des militants est l’émule directe du PC, de l’extrème gauche et ne voit dans la CGT qu’un organe de lobbying politique, en portafaux avec sa direction. Ces sous-entendus sont faux. L’indépendance politique de la CGT est un fait ancien ; cela fait plus de 30 ans que le syndicat s’est construit une réelle autonomie politique. Quant au ton de Bernard Thibault envers la droite, il n’a jamais été conciliant ou tendre. Et il suffit de lire les écrits de la direction de la CGT pour voir une différence éclatante avec la CDFT et le réformisme mou de Chérèque. Quant aux militants, s’ils sont tous de gauche, ils sont liés de coeur ou par engagement à des partis politiques si divers (LO, LCR, PC, verts, socialistes, radicaux) que l’indépendance politique de la CGT est une nécessité majoritairement reconnue et approuvée, n’en déplaise à notre journaliste.
1. > A sept mois du congrès de la CGT, Bernard Thibault durcit le ton à l’égard de la droite, 8 septembre 2005, 12:54
Je ne partage pas votre appréciation. Vous estimez qu’il existe une divergence de ligne importante entre la direction de la CGT et ses fédérations locales ; vous estimez que la direction est "centriste" et atteinte de "cécité". A ma connaissance, la direction de la CGT n’a abandonné à aucun moment le concept de lutte des classes et constitue la force de proposition sociale la plus importante de l’univers syndical français. Lisez les analyses de Mme Dumas et de M. Le Duigou. Lisez la récente déclaration de Bernard Thibault concernant les manifestations unitaires du 4 octobre prochain. Vous y trouverez une ligne d’idée et d’action qui n’a strictement rien à voir avec le centrisme aveugle dont vous parlez. Vous évoquez par ailleurs des divergences entre les militants et la centrale de Montreuil : pourriez-vous étayer vos propos par des faits précis et significatifs ? Je suis pour ma part militant syndical CGT dans l’éducation nationale et je n’ai jamais constaté à aucun moment ce que vous affirmez. Les seules personnes qui ont, à gauche, relayés vos propos sont des militants du syndicat Sud et/ou du parti Lutte Ouvrière qui ne sont pas syndiqués à la CGT.
Il est vrai qu’un débat a eu lieu au sein de la direction sur le référendum européen et que Bernard Thibault a été mis en minorité. La direction a cependant majoritairement opté pour le rejet de ce traité. J’ai cotoyé des militants proches liés à la CGT et au PC qui étaient européens de coeur et désiraient voter oui, malgré doute et hésitation. Ces militants n’étaient pas pour autant des socio-traitres. Et après discussion, j’ai saisi leur point de vue sans l’approuver. Il me semble de même qu’au sein d’un syndicat démocratique une divergence de vue ponctuelle peut se manifester entre militants, elle est saine tant qu’elle ne porte pas sur l’orientation de fond du mouvement. Et quant à l’orientation de fond de la direction de la CGT, je n’ai aucune doute. Ma seule contestation porte sur l’image imaginaire que médias et autres formations politico-symdicale veulent donner d’une CGT combative et en accroissement (nous venons de dépasser les 700 000 syndiqués).
2. > A sept mois du congrès de la CGT, Bernard Thibault durcit le ton à l’égard de la droite, 8 septembre 2005, 13:58
Mon camarade, excuse moi de te le dire, mais tu manies une langue en bois d’ébène. Tout le monde le sait bien, et y compris à l’intérieur de la CGT, qu’il y a deux conceptions qui s’opposent. Le syndicalisme de proposition, à la manière CFDT (l’adhésion à la CES va dans ce sens) et un syndicalisme beaucoup plus revendicatif qui s’appuie sur la notion de classes, qui n’ont pas disparues comme par enchantement.
Et quand tu mets en avant la campagne d’adhésion, ça va justement dans le sens d’un affadissement. La CFDT aussi, après avoir pris une bonne claque après ses trahisons, se refait du gras à l’occasion d’une campagne d’adhésions. Et cette concurrence sur le nombre d’encartés (très différent du nombre de militants réels) ne se fait pas sur la base de la lutte des classes. Au contraire, il ne faut pas faire peur pour faire adhérer...
Duquénoy
3. > A sept mois du congrès de la CGT, Bernard Thibault durcit le ton à l’égard de la droite, 9 septembre 2005, 07:32
Je suis très étonné, enfin pas autant que cela ... que la chute de cet article ne fasse pas d’entrée de jeu débat, ici. En effet, ce qui ressort des commentaires c’est l’éternel débat CES / réformisme etc...
Mais il me semble que la question de fond que finalement les différentes idéologies en présence prennent soin d’écarter est bien celui auquel je viens de faire allusion.
Il me semble que c’est seulement à partir de ce questionnement sur "quel lien entre syndicalisme et politique ou plus généralement quel lien entre mouvement social et politique" que les autres questions pourront être tranchées...