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ANARCHIE EN SARKOZIE ?

Publie le vendredi 20 mars 2009 par Open-Publishing

19.03.2009 (bernard delattre)
Une chaleur
Chaud, chaud, dans notre quartier Bastille ce matin. Chaud, au propre : déjà 15 degrés, un soleil sublime et un indéniable air de printemps à Paris aujourd’hui encore. Chaud, au figuré surtout. Parce que ce quartier va à nouveau vivre une journée enfiévrée, en ce jeudi de grève générale et de manifestations. « Ca arrive », espérait d’ailleurs un pochoir aperçu sur la chaussée ce matin. Le « ça » dont question devant être le grand soir révolutionnaire, le visage représenté devant être celui de Karl Marx (si on l’a bien reconnu), la famille politique des auteurs de ce graffiti anonyme ne fait guère de doutes : à l’extrême gauche toutes. Rien d’étonnant dans ce onzième arrondissement jadis très populaire puis devenu très bobo et où, à chaque élection, les camarades du facteur trotskiste Olivier Besancenot ne font pas de mauvais résultats.

Pour couvrir journalistiquement les manifs parisiennes du jour, en tout cas, on n’aura aucune difficulté de transports. En effet, le bureau parisien de « La Libre » (boulevard Richard Lenoir) est impeccablement situé le long de l’axe Bastille-République : depuis des lustres le lieu de prédilection des manifestants parisiens. Ce jeudi, au demeurant, on aura l’embarras du choix puisque, devant l’affluence attendue, la préfecture de police a prévu un itinéraire-bis de manifestation qui empruntera notre bon vieux boulevard Voltaire, lui aussi tout proche.

Cela dit, le fait que les autorités envisagent pour les manifestants un itinénaire de délestage (oui, comme Bison Futé avec les bouchons estivaux) est très rare. Et dit bien l’effervescence régnant dans le quartier. Ainsi, la dernière fois que cette formule du double itinéraire de manif avait été appliquée dans le coin par les autorités, c’était en mai 2002 : pour les manifestations historiquement énormes contre Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

Dès 10 heures ce matin déjà, sur les boulevards de notre quartier Bastille, les manifestants s’accumulaient, préparant leurs caliquots, achevant leurs banderoles, répétant leurs slogans. Dès 20h30 hier soir, sur les mêmes boulevards, on a vu les petites mains de la préfecture de police appliquer sans ménagement les interdictions de stationnement, verbaliser allègrement automobilistes et scooters mal garés.

La foule attendue cet après-midi dans le quartier est telle que les derniers manifestants ne devraient pas arriver avant 21 heures à la place de la Nation, autre point névralgique du onzière arrondissement. Probablement y aura-t-il à cet endroit, comme chaque fois, des incidents et de la casse. Le quartier, d’ailleurs, est habitué aux manifestations houleuses. En mai 2007 déjà, après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Bastille et ses environs avaient connu plusieurs nuits assez chaudes (relire ici ou là). Puisqu’on parlait de graffiti, à l’époque, un tag avait été beaucoup vu à Bastille et dans ses environs : « Anarchie en Sarkozie ». Deux ans plus tard, a fortiori si cela tourne mal ce soir, on serait à peine étonné de voir refleurir demain des messages du même acabit sur les murs de notre quartier.