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ASSOUPLISSEMENT DE LA CARTE SCOLAIRE : COLLÈGE DOISNEAU, PARIS XXème, UN CAS EXEMPLAIRE

Publie le lundi 16 mars 2009 par Open-Publishing
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Juin 2007 : une des toutes premières mesures annoncées par le ministre de l’éducation nationale du gouvernement qui vient d’être nommé est l’assouplissement de la carte scolaire.

Juin 2008 : des journalistes du Monde révèlent que le ministre a interdit la publication d’un rapport de l’Inspection générale qui montrait que dès l’automne 2007, cette mesure avait renforcé la marginalisation des établissements situés dans les quartiers les plus populaires.. Écoutons donc X. Darcos (Questions d’info/France Info/LCP) : « Évidemment, les élèves ont cherché à quitter les établissements les plus difficiles (…) en conséquence on avait le sentiment que ces établissements allaient devenir un peu plus des ghettos ».

Que propose-t-il alors ?

« Ce rapport ne tient pas compte d’un phénomène central : lorsque des établissements ont commencé à perdre des élèves nous avons décidé de leur maintenir les moyens » Autrement dit, la perte d’élèves ne devait pas entraîner de perte d’heures.

Telles étaient les promesses de juin 2008 !

Février 2009 : au collège Doisneau, ZEP, classé sensible, figurant dans le groupe des établissements devant bénéficier des plus fortes aides, 51 heures par semaine sont supprimées après la suppression de 70 heures l’année précédente. L’ouverture d’un nouveau collège dans le quartier à la rentrée 2007 aurait expliqué à la rigueur une diminution d’une soixantaine d’heures. Et les soixante autres ? Pour le rectorat, les familles demandent des dérogations, elles sont accordées. Il est donc logique de supprimer les heures correspondant à ces départs.

Après les promesses de 2008, voilà donc les réalités de 2009 !

  • À la rentrée 2009, le « maintien des moyens » ce sont :
    • trois professeurs du collège qui voient leurs postes brutalement supprimés
    • d’autres qui se voient partagés entre plusieurs établissements
    • des classes qui, par exemple en français, auront deux professeurs différents
  • À la rentrée 2009, le « maintien des moyens » ce sont aussi :
    • une classe de sixième de consolidation, permettant de remettre à niveau des élèves, qui va sans doute disparaître
    • des dédoublements et des heures de soutien supprimées
    • des projets qui tenaient à cœur aux élèves, aux enseignants et aux parents qui sont anéantis (langue vivante, éducation physique et sportive…)

Face à cette situation, après avoir épuisé tous les autres moyens (lettres, motion au conseil d’administration, pétition, première entrevue au rectorat péniblement obtenue…), les enseignants se sont mis en grève dans un mouvement qui a rassemblé en grand nombre professeurs syndiqués ou non syndiqués. Ils ont profité de ce temps d’action pour alerter les familles, d’autres établissements parisiens, les habitants du quartier, leurs élus, les médias… Les parents d’élèves ainsi alertés, très inquiets de la situation, ont pris l’initiative avec leur fédération de parents d’élèves FCPE de distribuer un tract-pétition commun parents-enseignants deux jours de suite aux métros Ménilmontant et Père Lachaise. Une journée de collège désert a également été organisée en commun, devant le mutisme persistant du rectorat.

Toute cette mobilisation des enseignants et des parents, prise en compte et relayée par la section académique du SNES, par les élus municipaux, par la députée de la circonscription, a permis d’arracher une audience auprès de M. Fatras, Inspecteur d’Académie.

Enfin des réponses ?

Vous n’y êtes pas ! L’Inspecteur d’Académie a opposé à tout ce mouvement une pure et simple fin de non recevoir, assortie d’une explication pédagogique : d’après lui, le maintien des moyens, ce n’est pas le maintien de la dotation horaire globale (DHG) de l’établissement mais le maintien du nombre d’heures apportées par chaque élève (H/E). En langage clair, quand un élève sans problème particulier quitte par dérogation le collège, on pénalise doublement celui-ci en lui supprimant les heures apportées par cet élève. La réalité que nous vivons dans les classes, c’est que plus la proportion d’élèves en difficulté scolaire est grande, plus il y a besoin de moyens pour faire face à cette situation. Nous ne pouvons nous accommoder de cette logique comptable qui ignore la dynamique d’un groupe classe. Nous savons du reste fort bien que ce misérable système de défense dissimule la volonté aujourd’hui patente de mettre en concurrence les établissements et de faire le jeu de l’enseignement privé.

Les établissements classés dans le groupe des collèges à soutenir (groupe 5), vidés désormais chaque année par le jeu des dérogations de plusieurs dizaines d’élèves au parcours scolaire généralement sans problèmes… ont gagné ? … Devinez quoi ? Le droit de rester considérés comme des établissements à soutenir. Que cette aide se réduise désormais à presque rien, alors que la proportion d’élèves en difficulté augmente dans l’établissement, ce n’est pas le problème du rectorat de Paris, qui doit rendre des postes et réaliser ainsi les coupes sombres exigées par le ministre.

Tant de cynisme, un tel saccage d’un bien, l’école publique, qui appartient à tous, nous poussent plus que jamais, enseignants du collège, à apporter notre contribution à une riposte à la hauteur de ces attaques et de ce mépris. Forts des soutiens que nous avons déjà reçus, nous poursuivons ce combat sous toutes ses formes, aux côtés de tous ceux qui se battent, comme nous, pour une société plus juste et plus solidaire.

L’assemblée générale des enseignants en grève réunie le 16 mars 2009

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