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Abject : Un opuscule antisémite estampillé Union Européenne

Publie le vendredi 16 février 2007 par Open-Publishing

Abject : Un opuscule antisémite estampillé Union Européenne

Un député européen polonais publie un ouvrage raciste financé par le Parlement de l’Union.
Par Jean QUATREMER

Vous voulez tout savoir sur la « civilisation juive » ? Sur les « différences biologiques »entre les Juifs et les « gentils » ? Sur l’impossibilité de cohabiter avec la « civilisation juive » en Europe ? Lisez le petit livre Civilisations at War in Europe, que vient de publier, avec les fonds du Parlement de Strasbourg, le député européen Maciej Giertych, l’un des leaders de la Ligue des familles polonaises (LPR, non-inscrits).
Logo du Parlement. Ce chef-d’oeuvre d’antisémitisme a été présenté, mercredi, à Strasbourg, par son auteur. La lecture de cet opuscule - où figure le logo du Parlement, obligatoire pour toutes les publications qu’il finance - ramène directement à l’avant-guerre. Maciej Giertych - dont le fils Roman, président de la LPR, est vice-Premier ministre du gouvernement polonais - explique comment les Juifs, qui n’ont pas de caractères raciaux distinctifs (on peut les confondre avec des Polonais, souligne au passage l’auteur), passent d’un pays à l’autre et adoptent la langue locale tout en refusant de se fondre dans le pays d’accueil. Le « peuple élu » préfère rester entre lui, dans des « ghettos » : « Ils préfèrent volontairement vivre séparés des communautés qui les entourent. Ils se gouvernent eux-mêmes selon leurs propres règles et prennent garde de maintenir une séparation spatiale. Ils forment eux-mêmes des ghettos [...]. Seul Hitler a créé le concept de séparation forcée et de ghettos fermés d’où les Juifs n’avaient pas le droit de partir. »

Lire la suite sur le site de Libération


Lire Ces autres Polonais qui agissent pour un monde meilleur..

extrait

Par Konrad Markowski, journaliste au mensuel Rabotnik(Pologne).

Pourquoi le pape Benoit XVI est-il resté muet sur la montée de l’antisémitisme en Pologne ?

Lors de sa visite en Pologne, le pape Benoît XVI a voulu rassembler les Polonais et se poser en digne héritier de Jean-Paul II. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles il n’a pas abordé des questions qui auraient pu déplaire au gouvernement de droite et d’extrême droite, à la population et à l’Église polonaise. Le pape, bien silencieux sur la problématique centrale de l’antisémitisme en Pologne, a sans doute failli à sa mission. Benoît XVI est de tendance conservatrice mais, en comparaison avec la hiérarchie catholique polonaise, il peut quasiment être considéré comme un libéral. L’Église polonaise est en effet dominée par des fondamentalistes ouvertement réactionnaires (à l’image de Radio Maryja) ou moins extrémistes, comme le sont la majorité des évêques. L’événement le plus important du pèlerinage de Benoît XVI a été sa visite au camp d’Auschwitz-Birkenau. Le jour de ce voyage, le rabbin de Pologne a été agressé à Varsovie. Selon la police, cette attaque avait pour unique but de donner une mauvaise image de la Pologne à l’échelle internationale. Les autorités ont préféré reléguer au second plan la dimension antisémite de l’acte. La Pologne n’est pas plus antisémite que d’autres pays d’Europe, d’autant moins que l’antisémitisme a été remplacé par l’islamophobie dans les couches moyennes. Mais cette agression démontre une fois de plus l’étroite pénétration de ce fléau dans la vie publique, dont le meilleur exemple est l’entrée au gouvernement d’hommes liés aux milieux antisémites, homophobes et antidémocratiques.
Ainsi, le plus haut niveau de l’État polonais réunit aujourd’hui trois forces politiques de droite et d’extrême droite. La principale d’entre elles est le PiS (Loi et justice), qui se présente comme un parti démocrate chrétien, proche de Solidarnosc et plutôt eurosceptique. Son slogan « Pour la Pologne solidaire » est un camouflage car, à côté des quelques miettes accordées à la population pauvre, le gouvernement ne fait que continuer les réformes néolibérales d’abaissement des impôts sur les entreprises, de diminution des budgets sociaux, de dérégulation du marché du travail. Autodéfense est la seconde force de la coalition. Ce parti populiste a pour unique programme électoral le pouvoir et pour seul atout son leader, Andrzej Lepper. La Ligue des familles polonaises est la plus extrémiste de ce gouvernement. Son leader, Roman Giertych, a obtenu le poste de ministre de l’Éducation. Il a milité, comme beaucoup de ses collègues du gouvernement, dans l’organisation d’extrême droite la Jeunesse polonaise.


Benoit XVI, lors de sa visite en Pologne, s’est gardé de condamner les propos violemment antisémites proférées à Radio Maryja ; et pour cause !

Lire à ce sujet l’étude remarquable :

La situation actuelle en Pologne : domination de l’Eglise et montée de l’extrême droite de Monika Karbowska

introduction :

L’église catholique intervient de plus en plus dans tous les domaines de la vie des polonais-e-s. De l’école à l’armée, rien n’arrête l’église. L’inquiétude est d’autant plus forte que, « L’Union Europénne n’ayant jamais réagi contre les politiques discriminatoires mises en œuvre par l’Etat polonais sous la pression de l’Eglise, la classe politique polonaise ne voit donc pas pourquoi elle devrait abandonner des politiques pour lesquelles elle a reçu le blanc-seing de l’Europe ».

Officiellement, selon sa constitution, l’Etat polonais est neutre du point de vue religieux, assure la liberté de conscience, mais également l’égalité de tous les cultes présents sur son territoire. En réalité, personne n’est dupe de cette façade en Pologne : l’Eglise catholique n’est pas un culte parmi d’autres. Depuis 15 ans elle a réussi à imposer sa présence dans les structures politique et l’espace public à tel point que les associations laïques comparent la situation actuelle à la période de domination stalinienne en Pologne. La propagation massive de l’idéologie « national-chrétienne » dans les médias et l’espace public ainsi que la crainte de la population de critiquer ouvertement l’Eglise caractérise ce que les associations considèrent comme un « totalitarisme noir », semblable au totalitarisme stalinien des années 50.
En effet, l’Eglise met en œuvre en Pologne une conception de la démocratie chère à Jean-Paul II : selon ce redoutable homme politique européen issu de la droite dure polonaise, la première des libertés humaine et la plus importante est la liberté d’affirmer sa foi et sa religion.

La conclusion de Monika Karbowska

Les citoyen-ne-s occidenta-ux-les ne peuvent pas assister à ce danger sans réagir : ils/elles doivent soutenir les mouvements laïques, féministes, homosexuels, lycéens, ouvriers et altermondialistes en Pologne sous peine de voir le « totalitarisme noir » progresser en Europe jusqu’à leur porte….