Accès des personnes défavorisées à la culture

Aux démunis, la culture aussi
Secours populaire français
Le Secours populaire français tient son congrès national à Agen. Avec comme thème central l’accès des personnes défavorisées à la culture.

" La culture, ça change ta vie. " Et ça ouvre aussi des horizons aux multiples actions de solidarité que développent à longueur d’année les bénévoles des quatre-vingt-dix-huit fédérations départementales du Secours populaire français. C’est du moins ce que devraient confirmer les neuf cents délégués qui se réunissent, à partir de cet après-midi et jusqu’à dimanche, au parc des expositions d’Agen (Lot-et-Garonne), pour participer aux travaux de leur 29e Congrès national.

Le thème choisi cette année aborde de front l’enjeu de l’accès à la culture pour les personnes défavorisées. Le choix de cet ordre du jour n’est pas fortuit, comme l’explique Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire français (SPF).** " La décision résulte des témoignages provenant des nombreux bénévoles de la solidarité populaire dans tout le pays qui, en plus des activités diverses et habituelles de notre association, veulent accorder une attention bien plus soutenue encore au droit à la culture des parents et des enfants confrontés aux difficultés pour y accéder. " Un accès à la culture dans toute sa diversité de création, d’expression, de diffusion qui " contribue à aider les familles à sortir de l’exclusion, à rendre les gens plus citoyens ". Quel souhait formule le responsable national du SPF pour ce congrès ancré en terre agenaise ? " Qu’il constitue un vecteur de toutes les initiatives appelées à se développer dans les départements afin de favoriser l’accès du plus grand nombre à des événements culturels. " La vocation d’éducation populaire et le droit à la culture pour tous s’inscrivent dans l’histoire du Secours populaire, rappellent ses responsables. Christine Boule, secrétaire nationale chargée de la culture, revient dans un éditorial de la revue Convergence sur les propos de Paul Langevin - " la culture générale, c’est ce qui permet à l’individu de sentir pleinement sa solidarité avec les autres hommes, dans l’espace et le temps " - pour établir un lien avec aujourd’hui, où " notre action de généralistes de la solidarité induit une ouverture à toutes les cultures ".

Forts de leurs expériences sur le terrain et des discussions préparatoires lors des assemblées générales des comités et des congrès départementaux, les délégués vont croiser leurs idées, réfléchir à de nouvelles initiatives et discuter des orientations à venir de l’association. Il est prévu que les débats se structurent autour de six chantiers : " Le livre, l’illettrisme et l’accompagnement scolaire " ; " l’accès aux lieux de culture, aux sports, aux loisirs et aux nouvelles technologies " ; " la rédaction, la diffusion et la valorisation des cahiers " le dire pour agir " avec la participation de personnalités liées au monde de la culture " ; " la dimension financière des projets culturels " ; " la culture dans la communication " ; " les échanges interculturels et les cultures du monde ". Après le succès en 1988 de l’opération des cahiers " Le dire pour agir ", le SPF a décidé de renouveler cette expérience qui constitue tout à la fois une ouverture à la liberté d’expression et un support pour dénoncer les injustices sociales.

Plusieurs initiatives artistiques accompagnent le déroulement du congrès. Elles sont réparties en plusieurs lieux de la localité ou sur le site même du congrès, avec la présentation d’ouvres du peintre Joseph Pignato, d’expositions de photographies d’Olivier Pasquiers (Bar Floréal), d’Éric Prinvault, de Jean-Loup de Sauverzac. Le plasticien Hervé Di Rosa participe ce vendredi en fin d’après-midi à une table ronde sur le thème " La culture au cour de la solidarité ".

L’une des raisons qui ont conduit le Secours populaire à choisir Agen pour la 29e édition de son congrès national tient aussi à l’expérience originale accumulée depuis deux ans et demi par la fédération du Lot-et-Garonne. Alain Vezinat, secrétaire général du SPF dans le département, témoigne de l’utilité d’ateliers théâtre et d’ateliers de lutte contre l’illettrisme, puis d’un espace public numérique mis sur pied à Agen et Fumel. Ouvert chaque matin à la formation des personnes défavorisées par des bénévoles, il fonctionne en libre-service l’après-midi pour le droit aussi de tous à surfer sur le Net. " Il connaît une affluence toujours plus grande, assure le responsable départemental, ce qui nous a permis de toucher du doigt les nouveaux besoins, ceux qui touchent à la culture, et d’en faire notre cheval de bataille. " Depuis mardi dernier - ce jour-là, une convention originale a été signée entre le barreau d’avocats d’Agen et la fédération lot-et-garonnaise afin de former une vingtaine de bénévoles pour aider les démunis dans des circuits juridiques -, des opérations tout aussi solidaires que culturelles s’entremêlent autour du congrès avec un libre-service de la solidarité, des concerts, le marché de Noël ouvert aux parents de tous les " copains du monde ".

Alain Raynal OF