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Affaire UIMM : à l’unison L.PARISOT, EAS, J.GANDOIS "JE NE ME SOUVIENS DE RIEN"

Publie le mercredi 14 janvier 2009 par Open-Publishing
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(Titre sur bella spk)

Affaire UIMM : ce qu’ils ont dit à la justice

Lundi sera jugée la plainte de Laurence Parisot contre Daniel Dewavrin, l’ancien patron de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, qui soutient qu’elle était au courant des pratiques financières occultes de l’UIMM. Que savait réellement la direction du Medef ? « Les Echos » révèlent ce que l’actuelle présidente et ses deux prédécesseurs ont déclaré aux enquêteurs.

L’affaire UIMM refait parler d’elle. Lundi prochain, une audience publique aura lieu au tribunal de grande instance de Paris. Daniel Dewavrin, prédécesseur de Denis Gautier-Sauvagnac à la tête de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, est poursuivi par Laurence Parisot pour diffamation. Il affirme en effet que la présidente du Medef était « au courant » des pratiques financières de l’UIMM avant que le scandale n’éclate dans la presse le 26 septembre 2007. Selon lui, trois mois auparavant, elle avait interrogé Denis Gautier-Sauvagnac sur ses retraits d’argent liquide (19 millions d’euros au total entre 2000 et 2007). Laurence Parisot dément catégoriquement cette affirmation. « 

Les Echos » révèlent ce qu’elle a dit le 7 mai 2008 à la brigade financière, ainsi que les versions données au juge d’instruction Roger Le Loire par ses deux prédécesseurs. Ernest-Antoine Seillière, président du Medef de 1997 à 2005 et membre du bureau de l’UIMM de la fin des années 1980 à 1997, a été entendu le 3 novembre 2008. Jean Gandois, président du CNPF (l’ancêtre du Medef) de 1994 à 1997 et membre du bureau de l’UIMM de 1986 à 1994, a été auditionné le 17 décembre 2008.

Sur les retraits d’espèces de l’UIMM

LAURENCE PARISOT. « La première fois que j’ai entendu parler de cela, c’est le 25 septembre 2007 au soir, par un coup de téléphone, vers 19 ou 20 heures, du directeur de la rédaction du « Figaro » [...], qui m’annonçait l’essentiel du contenu de l’article qui devait paraître le lendemain. J’ai été choquée. Je précise que Denis Gautier-Sauvagnac, le jour même, vers 17 ou 18 heures, m’avait appelée pour me dire que le nom de l’UIMM est mêlé à celui de Tracfin [la cellule anti-blanchiment du ministère de l’Economie, NDLR], mais sans m’en dire plus. »

ERNEST-ANTOINE SEILLIÈRE. Question du juge : « Etiez-vous au courant, avant les articles de presse, de ces pratiques ? » Réponse : « En aucune manière [...]. Je souhaiterais préciser que, étant moi-même président d’un groupe industriel complexe, ayant pris à titre de bénévole la fonction de président du patronat français, j’avais pris soin de créer statutairement un vice-président délégué général du Medef qui avait pour mission d’administrer le Medef, moi-même en tant que président ayant pour mission de définir la stratégie, tenir les fronts politique, médiatique et d’opinion, et de conduire la modernisation de l’organisation. Le rôle de vice-président délégué général a été tenu tour à tour par Bernard Calvet et Denis Kessler. »

JEAN GANDOIS. « Je n’ai jamais été au courant de ces retraits. Entre 2000 et 2007, j’étais déjà éloigné parce que j’ai quitté le CNPF fin 1997. Antérieurement, il avait couru certaines rumeurs à ce sujet, mais je n’ai jamais eu de faits précis. »

Sur la caisse anti-grève Epim

L. PARISOT. « J’ai eu connaissance de l’Epim [Entraide pour les industries de la métallurgie, NDLR] au fur et à mesure de l’affaire. Denis Gautier-Sauvagnac en a parlé une première fois au bureau du Medef du 8 octobre 2007 [...]. Je ne savais même pas que ce genre de mécanisme pouvait exister. »

E.-A. SEILLIÈRE. « Par les filiales de notre groupe [CGIP, devenu Wendel, NDLR], j’étais informé de ce qu’il existait une institution qui donnait aux entreprises qui subissaient des mouvements de grève la possibilité de recevoir des subsides. »

J. GANDOIS. « J’ai entendu parler de cette caisse, je ne sais pas exactement son nom, parce que j’étais moi-même membre du bureau de l’UIMM à plusieurs reprises dans ma carrière [...] lorsque j’étais président de Pechiney, mais je ne m’imaginais pas qu’il pouvait y avoir des montants aussi importants. »

Sur les liens financiers entre l’UIMM et le Medef

L. PARISOT. Question : « Pourquoi le montant de la cotisation de l’UIMM [au Medef, NDLR] est resté inchangé à 2.423.939 euros de 2001 à 2008, alors que son montant repose sur des paramètres variables (chiffre d’affaires des professions de la métallurgie, taux dit de « valeur ajoutée » et pourcentage de « représentativité ») ? » Réponse : « Les cotisations sont déterminées par le comité financier du Medef, présidé [à l’époque, NDLR] par le trésorier, M. Christian Baffy [...]. Je ne me suis jamais occupée des cotisations. »

E.-A. SEILLIÈRE. « Tout au long de ma présence au CNPF, je n’ai jamais été mêlé de près ou de loin aux questions de financement du CNPF. Mon rôle n’impliquait aucun contact relatif à ces questions. » Question : « M. Arnaud Leenhardt [président de l’UIMM de 1992 à 1999, NDLR] a déclaré lors de son audition que le CNPF avait été un des allocataires de l’UIMM, mais pas le Medef. Qu’en effet le Medef a été créé en 1996-1997 et qu’à partir de cette date il n’y a plus eu de fonds versés en espèces au CNPF devenu Medef, tout simplement parce que vous auriez compris un peu plus tôt que l’UIMM qu’il fallait cesser ces pratiques... » Réponse : « Je suis en désaccord avec ce propos. Je n’ai eu à mettre fin à aucune pratique. Personne ne m’a jamais indiqué qu’il pouvait y en avoir. » Question : « M. Jacques Gagliardi, qui était conseiller de M. Pierre Guillen [vice-président délégué général de l’UIMM de 1984 à 1994, NDLR], a indiqué qu’un représentant du CNPF [...] venait régulièrement « s’alimenter en munitions » auprès de M. Pierre Guillen [...]. Qu’en dites-vous ? » Réponse : « Je suis désemparé devant de telles assertions. »

J. GANDOIS. Question : « L’UIMM finançait-elle officiellement le CNPF ? » Réponse : « Oui, tout à fait. L’UIMM était le premier contributeur en cotisations, au CNPF. Je ne me souviens plus du chiffre, mais je me souviens que l’UIMM était le premier. »
Sur les destinataires des fonds de la métallurgie

L. PARISOT. « Je n’ai aucune idée de ces destinataires, personne physique, personne morale ou autre [...]. Entre le 25 septembre 2007 et aujourd’hui, je n’ai interrogé personne pour le savoir et personne n’est venu me dire quoi que ce soit. »

E.-A. SEILLIÈRE. Question : « Savez-vous si l’UIMM a financé en espèces les syndicats représentatifs de la métallurgie ? » Réponse : « Je n’en ai aucune connaissance. » Question : « Que signifient pour vous les termes « fluidifier les relations sociales » ? » Réponse : « De la langue de bois d’inspecteur des finances ». Question : « Mme Parisot a déclaré qu’elle a connu l’existence des retraits d’espèces des comptes de l’UIMM [...] pour la première fois le 25 septembre 2007 au soir [...]. Qu’en dites-vous ? » Réponse : « C’est vraisemblable. »

J. GANDOIS. Question : « Certaines personnes entendues dans le cadre de l’affaire ont indiqué que les syndicats représentatifs tels que la CFDT, FO, CGC et CGT auraient pu bénéficier de ces sommes de la part de l’UIMM. Pensez-vous que cela soit possible ? » Réponse : « Je ne peux pas le dire. Je ne crois pas que ça soit possible au niveau du sommet de ces syndicats. » Question : « Pensez-vous qu’il soit possible que les responsables de ces mêmes syndicats, mais au niveau de la branche métallurgie, aient pu bénéficier de ces sommes ? » Réponse : « [Cela] ne me paraît pas impossible, mais je n’en sais rien [...]. Je ne pense pas, en ce qui me concerne, bien que je n’ai aucune information particulière à ce sujet, que les libéralités faites par l’UIMM se limitent aux seuls syndicats. Je pense qu’il y a d’autres attributaires possibles, et notamment dans le domaine politique. » Question : « Qu’est-ce qui vous fait penser cela ? » Réponse : « Pendant ma présidence [...], j’avais établi un texte [réformant l’organisation de la formation professionnelle] avec l’accord des organisations syndicales.

Ce texte a dû être approuvé par le Parlement et l’approbation ne s’est pas faite à cause d’amendements dont il a été clair qu’ils étaient préparés par l’UIMM, même si certains députés les ont présentés. Donc le lobbying politique de l’UIMM était réel et puissant. Cela ne veut pas dire que ce lobbying se soit accompagné de dons financiers, mais c’est une possibilité. » Question : « Vous souvenez-vous quels étaient les députés de l’époque qui ont déposé ces amendements ? » Réponse : « Non, je ne me souviens pas [...]. Ce n’était pas des députés de gauche. Où étaient-ils dans la majorité de l’époque ? Je n’en sais rien. »

GUILLAUME DELACROIX
 http://www.lesechos.fr/journal20090...

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