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Affaire du RER D : quatre mois avec sursis pour Marie Leblanc

Publie le lundi 26 juillet 2004 par Open-Publishing

Affaire du RER D : Marie Leblanc voulait "qu’on s’occupe" d’elle

Marie Leblanc a réaffirmé lundi devant le tribunal correctionnel de Cergy-Pontoise qu’elle avait entièrement inventé le scénario de l’agression à caractère raciste du RER D afin que sa famille et son compagnon s’occupent d’elle.

"Je voulais qu’on s’occupe de moi. Je voulais que mes parents et Christophe s’occupent de moi", a dit la frêle jeune femme au début de l’audience, qui a débuté avec beaucoup de retard.

Les cheveux fraîchement coupés, vêtue de jeans et d’un sweatshirt blanc, Marie Leblanc est apparue assez pâle mais claire dans ses propos. Poursuivie pour "dénonciation de délit imaginaire", elle risque six mois de prison et 7.500 euros d’amende.

Le président du tribunal, Jean Idrac-Virebent, lui demandant si elle ne se doutait pas que l’orientation antisémite de ses propos allait "déchaîner les passions", elle a répondu "non".

Un avocat des parties civiles lui a alors demandé pourquoi elle avait désigné des maghrébins et des noirs. "Quand je regarde la télé, ce sont toujours eux qui sont accusés", a répondu la jeune femme.

Fait exceptionnel, après une heure de débats, le président a suspendu l’audience pour changer de salle afin de permettre à la presse venue en nombre d’assister au débat.

A son arrivée au tribunal, Marie Leblanc avait déclaré qu’elle ne voulait pas parler aux journalistes.

Le récit de la jeune femme, affirmant que six jeunes maghrébins et africains avaient notamment tracé des croix gammées sur son ventre le 9 juillet dernier dans le RER D avait suscité une vague d’indignation en France avant que l’annonce de son mensonge ne plonge la République dans l’embarras.

Le psychiatre qui l’a examinée le 13 juillet a exclu toute maladie mentale mais a relevé son très fort besoin de reconnaissance "quel que soit le prix à payer".

La jeune femme avait déjà déposé plainte à cinq reprises dans le passé pour des délits, semble-t-il, imaginaires.

Son avocat, Me Christophe Deltombe, a souligné que Marie était consciente d’avoir troublé beaucoup de gens mais qu’elle n’avait à aucun moment pas recherché la publicité donné à l’affaire. "La prudence devait s’imposer", a-t-il dit avant l’audience de lundi.

Plongée au centre d’une tempête politico-médiatique, la jeune mère a déjà présenté des excuses dans la presse et s’est engagée à se faire soigner, comme le prévoit son contrôle judiciaire.

La précipitation des hommes politiques, Jacques Chirac en tête, à dénoncer une agression antisémite, au risque de jeter la suspicion sur les jeunes des banlieues, a provoqué de vifs débats.

Le chef de l’Etat a déclaré le 14 juillet qu’il ne regrettait pas cette mobilisation "dans une période où incontestablement les manifestations d’ordre raciste sont en hausse". PONTOISE, (Reuters)