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Afghanistan : Etats d’âmes dans la bourgeoisie française ?
Publie le dimanche 2 août 2009 par Open-Publishing4 commentaires
APRÈS LA MORT DU 29E SOLDAT FRANÇAIS
Faut-il rester en Afghanistan ?
Par Jean Guisnel
Faut-il rester en Afghanistan ?
À moins de trois semaines de l’élection présidentielle en Afghanistan, l’ISAF a annoncé dimanche que ce n’était pas quatre, mais six soldats étrangers qui sont morts hier en Afghanistan , dans différentes attaques conduites par les insurgés. Le jeune Anthony Bodin, 22 ans, caporal au 3e RIMa de Vannes, dont l’identité est révélée ce matin par le quotidien Ouest-France , a été tué aux abords de la localité de Ghayne, alors qu’une opération "civilo-militaire" avait été engagée par le GTIA Kapisa . Il est le vingt-neuvième Français mort de ce conflit. Si ces décès n’atteignent pas des niveaux rencontrés dans d’autres guerres, il n’en reste pas moins que la question se pose : la France doit-elle continuer d’envoyer des soldats dans ce pays ?
Le fait est que la présence de plus de 100.000 soldats étrangers engagés dans deux opérations - celle de l’ISAF sous conduite de l’Otan et Enduring Freedom sous conduite américaine - n’a pas permis de remplir les objectifs que leur ont fixés les différentes capitales ? Rappelons que ces objectifs consistent à faire entrer l’Afghanistan dans la démocratie, à développer des structures étatiques fiables et pérennes, à favoriser les droits de l’homme, et spécifiquement ceux des femmes, à d’empêcher que ce pays ne retombe aux mains des talibans et ne redevienne la base arrière du terrorisme international. Ce projet n’est pas exclusivement celui de la France, mais celui de la quasi-totalité des États démocratiques, et singulièrement de l’Europe puisque tous les pays de l’Union, sauf Malte, sont présents sur place d’une façon ou d’une autre. Notre pays ne compte d’ailleurs pas parmi ceux qui font l’effort militaire le plus important en Afghanistan. Au sein de l’ISAF, la France déploie 3.000 soldats, moins que les États-Unis (26.000), le Royaume-Uni (9.000), l’Italie (3.600) et l’Allemagne (3.400).
À Paris, deux attitudes peuvent être entendues dans les cercles dirigeants. La première est celle que le président de la République a évoquée hier, dans le communiqué annonçant le décès du jeune caporal : les Français sont "au service de la paix et de la sécurité du peuple afghan", à ses côtés "contre l’obscurantisme et le terrorisme". Mais en privé, dans les cercles proches de l’Élysée qui réfléchissent à l’avenir de la présence française en Afghanistan, on évoque désormais une situation "intenable", mais aussi "inutile", en expliquant que ce n’est plus en Afghanistan que se trouve "le pire danger", mais au Pakistan. Il n’y a cependant pas de raison pour que ce discours franchisse le stade des réflexions confidentielles, et encore moins pour que celles-ci conduisent à un revirement unilatéral français, impensable à ce stade.
Une victoire militaire n’est plus à l’ordre du jour
On notera d’ailleurs que sur ces questions, les débats sont figés et n’évoluent plus. Un retour sur celui du 1er avril 2008 à l’Assemblée nationale est éclairant à cet égard, tout comme celui du 22 septembre de la même année, qui a fait suite à l’embuscade d’Uzbin. Les parlementaires ont pu apparaître divisés sur la question, au point de donner l’impression de briser une forme de consensus autour des interventions extérieures de l’armée française. Mais quand le président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault affirmait que la situation sur le terrain se détériorait gravement, il n’avait pas tort : "Au plan militaire, les combattants talibans, qui avaient été rejetés dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan et du Pakistan, ont regagné près d’un tiers du territoire, jusqu’à s’approcher des portes de Kaboul. Les troupes de la coalition sont harcelées dans une guérilla de plus en plus meurtrière (...) mais le plus grave est le retournement progressif de la population afghane. Accueillies comme des libérateurs, il y a sept ans, les forces alliées sont de plus en plus souvent perçues comme des occupants indésirables."
Dans un rapport publié le 29 juin dernier , les députés Jean Glanavy (PS) et Henry Plagnol (UMP) notent désormais qu’une victoire militaire n’est plus à l’ordre du jour : "De manière générale, le terrain et les liens, multiples et étroits, qui unissent les insurgés et la population rendent illusoire toute victoire strictement militaire en Afghanistan. Dès lors, les troupes internationales doivent devenir une force d’accompagnement des autorités afghanes, avant que ces dernières ne puissent reprendre la main sur l’ensemble de leur territoire. L’action de la coalition doit permettre d’instaurer un rapport de force favorable au gouvernement et à ses alliés, afin de réussir dans les deux autres domaines indispensables à la stabilisation durable de l’Afghanistan : l’action humanitaire, et le processus, politique, de réconciliation nationale." Sauf que cela risque de durer une éternité ! Bien sûr, Paris fait comme les autres pays, et arrose l’Afghanistan de subventions et monte des projets d’aide. C’est même l’une des tâches du représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan, Thierry Mariani , qui vient de succéder à Pierre Lellouche, entré au gouvernement. Mais les résultats ne sont pas pour demain...
À Londres, le débat est tout aussi vif. En juillet, les troupes britanniques ont perdu vingt soldats, et un rapport parlementaire publié ce matin même se montre extrêmement critique sur les choix politiques du gouvernement, de même que sur les options militaires retenues. Mais sa condamnation de l’échec est sans appel quand il évoque avec accablement les pratiques de la classe politique afghane. Celle-là même que la présence des troupes étrangères est pourtant censée soutenir et conduire à des pratiques démocratiques : "Près de huit ans après l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan, pratiquement aucun progrès n’a été fait pour régler le problème endémique de la corruption, qui devient même souvent pire qu’avant. Les engagements politiques, les plans d’action et toutes les stratégies n’auront que peu d’utilité s’ils ne sont pas accompagnés de la volonté du président et du gouvernement afghan de changer les choses et de combattre la corruption au niveau le plus élevé."
Messages
1. Afghanistan : Etats d’âmes dans la bourgeoisie française ?, 2 août 2009, 14:57
29 soldats "français"...
Ca veut dire quoi "français" pour des militaires professionnels, "vendus" par leur gouvernement aux force d’invasion sous commandement américain ???
29 soldats français...
Et combien de "civils" afghans ? D’ailleurs y a pas d’"armée afghane", sinon celle des collabos des occupants à Kaboul.
Au fait, quelqu’un peut-il me dire combien d’unité autres que des corps d’élites comme les RPIMA, RCG, ou RDP sont engagées au sol en Afghanistan ???
Paradoxalement je n’entend jamais parler d’Unités de la Légion étrangère engagées dans le secteur. Pourtant ça devrait être le fer de lance de la Force de projection.
A moins que le Haut Commandement US de l’ISAF n’ait pas confiance ???
29 "soldats" français...
En 8 ans.
Ca fait loin des décès recensés sur les lieux de travail sur le sol national lors d’accidents du travail.
G.L.
1. Afghanistan : Etats d’âmes dans la bourgeoisie française ?, 2 août 2009, 20:44, par S.Bolivar
La bourgeoisie française ferait mieux d’envoyer ses propres enfants en 1ère ligne pour faire sa sale guerre au lieu de prolos immigrés de la légion .
2. Afghanistan : Etats d’âmes dans la bourgeoisie française ?, 2 août 2009, 21:31
tu veux dire prolo tout court.
car seul les abrutis,ont oubliés que la démocratie avait pour but d’élever les prolos au niveau de betise du bourgeoi
2. Afghanistan : Etats d’âmes dans la bourgeoisie française ?, 2 août 2009, 23:55
Quand comprendra-t-on que Rien ne justifie la guerre !L’histoire ne nous aurait-elle rien appris ? A part d’inguérissables souffrances collectives,les guerres n’ont jamais rien apporté aux peuples de cette planète !Mais puisqu’on persiste,peut-etre verrons nous les gosses des dirigeants partir un jour au combat !oupsss !