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Aillagon, démission ! Chronique du 2 juillet

Publie le jeudi 3 juillet 2003 par Open-Publishing

Aillagon, démission ! Chronique du 2 juillet

Alors que les manifestants demandaient hier le départ du ministre de la
Culture, celui-ci cherche une porte de sortie au conflit des intermittents.
Vaines manouvres ?

Selon Le Monde (2 juillet), Jacques Chirac n’est pas content : alors
que son petit Raffarin a imposé en force la réforme du régime des retraites
et que l’Assemblée nationale est en train de lui voter une impunité
judiciaire sur mesure, les gueux du spectacle sont en train de lui gâcher
ses vacances ! Quasiment un crime de lèse-majesté. Et surtout : à quoi bon
chauffer » l’été, avant d’ouvrir cet automne le prochain chantier de la
santé et de la réforme de la Sécurité sociale (nouvelle casse en vue) ?

Bref, si on lit entre les lignes, le Président de la République a demandé au
gouvernement de lâcher un peu de lest sur la question des intermittents. De
quel poids sera le lest ? Demander aux partenaires sociaux de reprendre à
zéro la négociation ferait assurément mauvais genre dans un pays où, quand
même, « ce n’est pas la rue qui gouverne ». Ordre semble donc avoir été
donné au ministre de la Culture de tricoter quelques entourloupes à l’accord
du 27 juin pour le rendre plus présentable. Alors qu’un nombre important de
manifestants défilaient hier, de la Comédie Française au Ministère des
Affaires Sociales, Jean-Jacques Aillagon réunissait quelques « responsables
culturels » pour l’aider à trouver une porte de sortie. Bref, il cherche à
mouiller les uns et les autres pour faire avec lui le sale boulot. La
journée d’hier n’a pas suffi : une nouvelle réunion est prévue aujourd’hui.
On peut prévoir sans peine que vont sortir du chapeau ministériel quelques
tours de passe-passe : un aménagement par ci, une annonce par là, qui
devront donner l’impression à l’opinion publique que le gouvernement a
concédé aux saltimbanques quelques menus avantages supplémentaires. Ne
soyons pas dupes : Jean-Jacques Aillagon ne répond pas à la question de l’
accord lui-même. Cerise sur le gâteau : alors que le Syndeac, par exemple,
demande au Gouvernement d’ouvrir immédiatement des négociations sur la
question essentielle du financement de la création et de la diffusion
artistique du spectacle en France, en préalable à toute démarche d’agrément
d¹un accord », Jean-Jacques Aillagon annonce la création d’un dispositif d’
aide à la jeune création, lot de consolation pour les artistes qui seraient
de facto exclus du régime d’intermittence. Ce dispositif serait directement
géré en régions. Appelons un chat un chat : ce dispositif est un « Rmas »
(revenu minimum d’activité spectaculaire). Comme les précaires du régime
général sont obligés à refaire ici ou là des bordures de trottoir (en d’
autres temps, on appelait ça le Service du Travail Obligatoire !), les
précaires du spectacle seront obligés d’animer les arbres de Noël des
communes de France et des entreprises du Medef.

Ce n’est pas avec de tels emplâtres que Jean-Jacques Aillagon colmatera les
nombreuses fissures de l’accord du 27 juin. Il paraît que le débat fait rage
au sein de la CFDT, de la CGC et de la CFTC (les trois syndicats
minoritaires signataires de l’accord) ; certaines fédérations -et non des
moindres- désavouant en interne la signature confédérale.

Hier à Paris, les manifestants scandaient : « Aillagon, démission ! ». C’est
que, loin de défendre le secteur qu’il est censé représenter, le ministre de
la Culture apparaît pour ce qu’il est vraiment : un commissaire aux
basses-ouvres de la caste libérale, qui se soucie de la culture comme d’une
guigne.