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Aimer Lyon, Par Sabiha AHMINE : pour assurer pérennité des droits dans la cité

Publie le mardi 12 février 2008 par Open-Publishing
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Avec la société civile lyonnaise, avec les représentants du monde universitaires lyonnais et plusieurs autres éminentes personnalités nationales et internationales oeuvrant dans le domaine de la justice est du respect des droits, nous avons réussi ensemble la pérénisation de la 3ème édition du Prix des Droits de l’Homme de la Ville de Lyon.

Un moment fort de dialogue, de métissage et d’ouverture. Lors du lancement du Prix, était présent avec nous Mr Pierre Truche, premier président honoraire de la Cour de cassation, et dont le nom restera attaché au procès de Klaus Barbie. Ainsi, notre initiative s’inscrit désormais dans une démarche ouverte vers une société d’égalité, de justice et de solidarité.

La composition du Jury plaide pour une société anti-discriminatoire dans une diversité authentiquement humaniste et républicaine : puisque le jury est composé en effet de nos partenaires-résponsables des universités lyonnaises, de Maître Ugo Iannucci, Président de la chaire lyonnaise des droits, de la Présidente du CHRD, de la Maison d’Izieu, du Président du Forum réfugié, du Président d’Agir pour les Droits de l’Homme, la Ligue des Droits de l’Homme, d’Handicap International, et plusieurs autres partenaires de notre société civile…

Avant de commencer, au nom du sénateur maire de Lyon Gérard Collomb, j’ai salué en particulier le formidable courage de nos partenaires, en particulier Mme Edith Jaillardon, Professeur à l’Université Lumière-Lyon2, directrice de l’Équipe de Recherche « Droits, Libertés, Territoires » qui, sans elle, sans sa détermination et sa constance, ce formidable projet aurait été méconnu. En effet, la ville de Lyon ne peut qu’être fière de ce projet moderniste qui vise, avant tout, à faire rayonner les droits au delà des frontières de notre région.

A ce propos, il ne faut jamais oublier que le secret de la bonne gouvernance n’est rien d’autres que le respect et la garantie des Droits Humains, sans discrimination. Un projet qui rejoint notre démarche commune visant à faire de Lyon le fer de lance des villes et des collectivités en matière de mise en œuvre des droits. En effet, en ce début d’année 2008, si on veut aspirer à plusieurs petites douceurs dans ce monde beau et dur à la fois, notre vœux n’est que modeste : c’est celui de faire de cette 3ème édition du Prix des Droits de l’Homme de la Ville de Lyon un dialogue en humanité. Sur les mélodies de Jaques Brel, nous voulons poursuivre ensemble notre combat humaniste commun, pour meubler de merveilles et couvrir de soleil la laideur des faubourgs.

C’est cela la voie et la route et lechemin des grandes utopies humaines, dont Lyon est un modèle humaniste.

Nous voulons les poursuivre ensemble, tout en prêtant attention à la recommandation de Karl Popper, qui nous incite à faire de notre projet de société ouvert un rempart contre la barbarie et pour la défense de la dignité humaine, sans discrimination et sans mépris. En effet dans notre vision du monde, la liberté, de l’homme comme celle de la femme, est une valeur précieuse et fondamentale. Elle doit être protégée. Et les droits fondamentaux doivent s’appliquer à toute activité humaine et à toutes les catégories de populations, sans discriminations.

Ce sont là les motivations qui nous ont guidé à édifié ensemble, en partenariat avec les universités lyonnaises et notre société civile ce Prix des Droits de l’Homme, comme un soutien éducatif au préalable. Depuis sa création en 2005, sous la forme d’un concours, ce prix est une sorte d’outil pédagogique qui vise, non seulement à récompenser les meilleurs travaux de mémoire des étudiants de Mastère des Droits de l’Hommes, mais surtout, il peut nous aider à mieux assurer la pérennité de l’action et de la réflexion en matière des droits. Cela pour mieux sensibiliser à la problématique du respect des droits.

Toujours en quête de vérité, et comme le montre la cohérence du choix du jury : en associant ainsi à l’analyse des approches juridiques, historiques et philosophiques, les critères de sélections de ce Prix plaident pour une rationalité universaliste et humaniste, avec une exigence éthique forte.

Dans ce sens, le jury de ce 3ème Prix des droits de l’Homme de la Ville de Lyon, que je tiens à remercier chaleureusement ces imminences membres, a décidé de récompenser les trois lauréats sur la base d’une démarche innovante et authentique à la fois. En effet, il y a un véritable fil conducteur, une cohérence qui se dessine entre les thématiques : Que ce soit pour l’Internet, que ce soit pour le droit des minorités, ou pour la protection des demandeurs d’asile et la liberté d’expression, notre objectif est de faire du respect et de la valorisation des droits humains un des vecteurs privilégiés, voir le fondement même, de l’apprentissage de la citoyenneté, de la démocratie et de la gouvernance, au sein de notre cité et au delà.

La démocratie est un apprentissage collectif permenent qui nous apprend que la raison de l’Histoire n’est pas automatiquement celle du plus fort, ni celle du plus malin.... C’est un éternelle dialogue et transmissions des savoirs et des pouvoirs en toute humanité. Ainsi, comme le dit Malek Chebel, il n’existe pas de choc des civilisations. Il y a un choc des ignorances, qui produit les divisions et la manipulation... Cela n’est pas notre Choix.

Aujourd’hui, si nous assistons à ce que Régis Debray appelle « le passage de la graphosphère à la vidéosphère », ou le passage à la société de l’information, cela induit non seulement une massification des flux et une forte mobilité des marchandises, des savoirs et des hommes, des migrations.

Mais aussi cela induit surtout à une amplification de l’opposition entre communication et transmission : Une nouvelle contradiction entre savoir, rhétorique et pouvoir, qui prend sa forme la plus élaborée et la plus visible dans les thématiques autour des mots tels que technique, civilisation, religion ou culture. Ainsi, après le couple sage « économie et politique », qui régna sur le dernier siècle, c’est le couple « culture et technique » qui veut dominer en ce début du XXI siècle, avec de nouvelles connivences et autres rapports...

A titre d’exemple, en matière des droits des femmes, si en quarante ans, nous avons plus avancé qu’en quatre mille ans, les acquis sont encore fragiles. Et le degré de civilisation d’une société se mesure encore et toujours au statut des femmes.

En ce début de 2008, on célèbre le centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir. En cette occasion, comme le montre la polémique communicationnel et médiatique qui a surgi autour de cet évènement, ainsi que d’autres atteintes aux droits des femmes, tous les acquis sociaux ou démocratiques sont encore très fragiles. En effet malgré les avancées en matière de respect des droits des femmes, l’égalité salarial, l’égalité réelle, économique, sociale (comme celle qui concerne les représentations entre homme – femme), demeure encore un vœu... Ainsi, que se soit en matière de stigmatisation, de discriminations ou d’atteintes aux droits, les exemples sont aussi nombreux.

Au même temps, cela nous incite, du local au global, à l’élaboration et la mise en place d’un cadre éthique international, basé sur les principes fondamentaux des droits de l’Homme et de la femme, afin de prévenir autant que possible les principales violations, mais aussi de soutenir le renforcement d’une société civile locale, nationale et internationale qui, grâce à ses facultés d’autorégulation éclairée, pourrait largement aider l’actions des États.

Cette démarche éthique est notre conviction à Lyon hier comme aujourd’hui. Dans ce sens, après que nous avons adopté ensemble, en 2002, la Charte Européenne des Droits de l’Homme dans la Ville, cette dynamique citoyenne se poursuit aujourd’hui : on peut citer le CREL, le collège éthique, la Chaire Lyonnaise du respect des droits, le CLRD ou le formidable travail de mémoire du CHRD, dont la dernière exposition sur « Le peuple tsigane pendant l’occupation » est révélatrice. Cette démarche humaniste et éthique nous incite à la défense sans discrimination des mémoires oubliées. Ce qui va de paire avec notre combat contre l’antisémitisme et le racisme. Sans vouloir faire notre bilan du respect des droits, j’aimerais dire que c’est cette démarche même, éthique et républicaine, qui nous a guidé lors du lancement de la Campagne nationale pour le respect du Numerus clausus dans les prisons, ou lors de la défense des droits des étrangers, dans l’organisation des Assises de la mémoire gay ou la Caravane des femmes du Sud.…

Ainsi les exemples sont nombreux et multiples. C’est pourquoi, suite à la réussite de la 5e Conférence de la Charte Européenne des Droits de l’Homme dans la Ville, que nous avons organisé ensemble en décembre 2006 à Lyon, et sous les recommandations du sénateur maire de Lyon, nous voulons avec l’appui scientifique de la Chaire lyonnaise des droits de l’homme et la société civile lyonnaise, fixer et assurer comme objectif principal effectivité, pérennité et lisibilité de cette Charte comme celle des droits des femmes.

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