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Alain Krivine répond à Michel Onfray
Publie le jeudi 4 janvier 2007 par Open-Publishing8 commentaires
Après l’échec du projet de candidature unitaire de la gauche antilibérale, le philosophe Michel Onfray a décidé d’intervenir dans le débat en distribuant, à titre personnel, blâmes et bons points.
Il avait déjà publié, il y a trois semaines, une tribune dans Libération accusant notamment la LCR de ne pas vouloir attendre le résultat des élections avant d’entamer le débat sur une participation éventuelle à une majorité de la gauche plurielle. Il récidive, dans une interview au Monde du 30 décembre, avec des arguments décevants venant de sa part. Avant d’attaquer le « stalinisme » du PCF et le jeu « des tractations en coulisse », auxquelles se serait livré José Bové, le philosophe s’en prend au retrait de la LCR, qui aurait « prétexter des différents sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale ».
Alors une question se pose, et il en connaît d’ailleurs la réponse : y a-t-il là-sdessus une divergence de fond avec la direction du PCF ? Fallait-il la cacher aux électeurs, quitte à voir « l’unité antilibérale » exploser en plein vol pendant la campagne ? Surtout, quelle est la position d’Onfray sur une participation à une majorité parlementaire avec le PS ? Mais, là où l’argumentation devient carrément douteuse c’est lorsqu’après avoir dénoncer les égos, les interêts d’appareil et les jeux politiciens des partis, il explique pourquoi il ne votera ni pour le PCF, ni pour LO mais pas non plus pour la LCR, « plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française ».
Les militants, qui sont quotidiennement sur le terrain et leur porte-parole apprécieront à sa juste valeur ce jugement. Peut-être que tout s’éclaire quand on lit sa conclusion et ses consignes de vote : « On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour, Royal au second ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal.
Ce qui suppose - ce que je crois - qu’à défaut d’idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n’est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes. » C’est un peu fort de café que de conclure par un constat qui ne fait pas débat entre nous pour, en fait, justifier un ralliement au « réalisme » : une chanson malheureusement bien connue.
Gageons que Michel Onfray finisse par se rendre compte que, quand il l’entonne, cela sonne faux et qu’il mérite mieux que cela.
Alain Krivine
Article à paraître dans Rouge, Hebdo de la LCR, du 4 janvier 2007
Messages
1. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 4 janvier 2007, 19:09
ffff...
faut un petit vélo pour suivre la réponse de krivine à onfray. A mon avis, il y avait plus simple. Ou peut être qu’à force de se tortiller, la LCR a tout simplement du mal à se faire comprendre.
geron
2. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 4 janvier 2007, 19:54
..." une chanson malheureusement bien connue"...
Blasé ?
1. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 4 janvier 2007, 20:51
Blasé oui, car nous connaissons la musique PS depuis 81 !
Et Onfray, comme d’autres grand donneurs de leçons nous appelle au vote utile ...
Pour moi, c’est rouge au premier tour et aucun choix entre blanc bonnet et bonnet blanc au second !!!
3. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 4 janvier 2007, 20:41
Maintenant, Alain, il ne te reste plus qu’à lire "Fin de partie " de Beckett.
4. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 4 janvier 2007, 21:10
OK sur Onfray.
mais pour le reste, tous ceux qui t’ont entendu à la fète de l"huma sur les collectifs et l’alternative savent à quoi s’en tenir. Vous voulez jouer perso, alors allez-y. Maintenant je pense qu’entre militants sincères il peut toujours y avoir des ententes et accords. mais ne la joue pas naïf. La LCR a cru pouvoir jouer solo avec un "bon produit d’appel". vous vous rendez compte que le contexte a changé. Alors que faire sinon se rassembler. Moi j’ai choisi de le faire derrière celle qui ttranspire la sincérité de gauche, MGB, mais je serais heureux de vous retrouver pour lutter contre des forces gigantesques.
Léon
1. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 6 janvier 2007, 00:21
Onfray antiliberal ?
Mais franchment qui y a cru ?
Il n a paretivipe a aucune reunion aucun meeting etc.....
En 15 jours il s’est porte en soit disant democrate incitant a un arrangement par le haut autour d une table et puis en supporter de Royal ensuite...
Minable...
IlROsso.
5. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 6 janvier 2007, 09:56
Alain Krivine ne répond que partiellement à Michel Onfray : il ne dit en effet rien sur la recherche d’une traduction ou débouché politique au rejet des politiques libérales, de droite ou de gauche. Il ne dit encore rien sur le dévoiement de l’aspiration unitaire évidente dans de nombreux collectifs , que ce soit par l’appareil du PC ou bien par une stratégie ambigüe présente selon moi dans le texte ambition- stratégie du CIUN (facilitant aussi une lecture de rassemblement de la gauche sur une base anti-libérale , celle du PC notamment, mais aussi du PRS). Si le PCF n’a pas renoncé à la candidature de Buffet, Michel Onfray l’explique bien. En se satisfaisant de rester "observatrice" dans les collectifs-ce que souhaitait le PCF- au lieu de participer activement à leur développement tout en ne "signant"pas l’appel et la stratégie retenue par le CIUN mais en cherchant encore leur clarification, la direction de la LCR n’a pas vu qu’elle serait perçue comme indifférente ou opposée aux yeux de Michel Onfray et nombreux antilibéraux à cette même aspiration unitaire. Alain Krivine et la direction de la LCR méritait mieux que cela.
Albret
6. Alain Krivine répond à Michel Onfray, 13 janvier 2007, 20:31
Bonsoir,
Je ne suis pas dans le mouvement, c’est donc un regard extérieur. Pour moi, il me semble que poser comme préalable la question de la participation ou non à un gouvernement de gauche avec les socialistes n’était pas pertinent. Sauf à vouloir faire perdre la gauche de gauche par l’émiètement actuel.
La solution la plus créative aurait été une candidature unitaire pour avoir une campagne sur les thèmes antilibéraux. Avec les résultats obtenus il y avait une chance de se voir remboursés les frais de campagne et d’avoir des députés. Si on veut faire voter certaines lois c’est mieux.
Et après les élections, le mouvement social aurait continué à faire pression sur les nouveaux élus pour qu’ils tiennent leurs promesses.
Dans la situation actuelle, les futurs députés socialistes n’auront aucune dette envers les électeurs de la gauche de gauche. Ils auront peut-être même la majorité absolue à eux seuls.
De toute façon ces électeurs n’ayant pas de porte voix unique, ils ne risqueront pas de se faire entendre. A vouloir gérer les fruits de la victoire, il ne reste plus qu’à partager la responsabilité de la défaite. Ce serait risible si ça n’impliquait pas autant de pauvres gens qui vont avoir le choix entre l’abstention ou Jean Marie qui restent des choix audibles.
Je pense qu’il est bien d’avoir un idéal pour le futur, mais il faut aussi faire des choses pour les gens qui souffrent ici et maintenant. C’est en cela que ne pas vouloir participer à un gouvernement, ne pas voter la taxe Tobin... se rapproche du christianisme : le paradis mais après la révolution. Sauf que la révolution n’est pas forcément de suite et certains seront morts avant.
C’est en cela que M. Onfray qui est athée peut penser qu’il faudrait faire quelque chose pour les vivants.